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«Le nouveau modèle de développement sera co-construit par 35 millions de Marocains»

Optimiste, confiant, motivé et engagé. C’est par ces mots que l’on peut qualifier le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement, Ahmed Réda Chami, invité de L’Info en Face.

Co-construire le nouveau modèle de développement, le défi de la CSMD

Depuis le 16 décembre, date de sa première réunion, la Commission spéciale sur le modèle de développement s’est fixée sur son principal objectif, qui est de faire un diagnostic précis et objectif de la situation actuelle, déterminer les points de force et identifier les dysfonctionnements à corriger pour tracer les contours du nouveau modèle de développement. Ainsi, et depuis le 2 janvier 2020, la CSMD a organisé des séances d’écoute avec les partis politiques, les syndicats et autres institutions pour échanger sur les priorités et les axes clés d’un modèle de développement efficace et efficient. Dans le cadre d’une approche participative et inclusive, la commission va poursuivre les rencontres pour favoriser l’implication la plus large. Un principe fortement défendu par Ahmed Réda Cham, invité de «L’Info en Face», qui affirme que «la Commission a pour mission de réfléchir, mais surtout de co-construire un nouveau modèle de développement. Ce ne sont pas les 35 membres seuls qui vont élaborer le rapport final, ce document devra être co-construit avec 35 millions de Marocains». Dans une première phase, la Commission a auditionné les partis politiques et les syndicats, et va étendre ses séances aux universités, aux groupes de jeunes et à la société civile, explique-t-il. Contextualisant le débat sur le nouveau modèle de développement, M. Chami a rappelé que le Maroc a fonctionné depuis longtemps avec des modèles, «parfois décidés, réussis, imposés ou encore non réfléchis. C’est cette accumulation de choix qui fait que nous avons eu globalement un modèle libéral qui a certes eu des résultats, mais qui aujourd’hui arrive à bout de souffle». Et c’est d’autant plus important qu’il s’agit d’un Appel Royal, note l’invité qui réitère son souhait d’arriver à une mobilisation de l’ensemble des forces vives et des citoyens pour réfléchir à la nouvelle étape et au nouveau pacte qui va nous lier tous et qui va nous permettre de nous projeter sur le moyen et long terme. Pour sa mise en œuvre et son déploiement, ce nouveau modèle de développement, découlant directement des Instructions Royales et co-construit par les citoyens, doit être porté par les politiques, précise M. Chami.

Rétablir le climat de confiance, un préalable de première importance

Le président du CESE en est convaincu : pas de changement ni de développement sans un regain de confiance. «Il est important de réfléchir à comment rétablir le climat de confiance. Au-delà du financement, l’axe de toutes les propositions du nouveau modèle de développement est le regain de confiance. Le citoyen doit se sentir impliqué, pas uniquement en tant qu’observateur, mais en tant qu’acteur de changement dans le cadre de ce modèle», note l’invité de Rachid Hallaouy. Et d’ajouter qu’il est important à ce stade de se mettre d’accord sur un nouveau pacte politique, social et économique et de perfectionner les canaux de communication.
«L’un des moyens à améliorer si l’on veut rétablir la confiance est d’expliquer aux Marocains le cap vers lequel nous voulons aller. Nous avons aujourd’hui un problème de lisibilité et les citoyens ne savent pas forcément où va le Maroc», note M. Chami. Le chemin est tout tracé selon le président du CESE et membre de la CSMD : si à la fin de ce processus de co-construction, on arrive à clarifier le cap, à expliquer les changements préconisés pour l’atteindre, que les citoyens arrivent à s’identifier dans l’un ou l’autre de ces changements et que des actions, à court terme, sont prises… nous y arriverons, lance un Chami très confiant et optimiste.

Valeurs et respect d’autrui, les clés pour avancer

Le nouveau modèle de développement auquel aspire le Maroc sera également bâti et réussira grâce aux respects des valeurs. «Le Maroc a toujours été la terre du vivre ensemble et de l’acceptation d’autrui. Ces principes sont d’abord consolidés par la Constitution, qui reconnaît le Royaume dans toute sa diversité, et appuyés par l’histoire», rappelle M. Chami. Ce sont donc ces principes qui continueront à régir notre société, précise-t-il. À cela s’ajoute le respect des minorités. La démocratie ce n’est pas d’avoir une majorité et de décider des changements unilatéralement, il faut apprendre à respecter toutes les opinions, y compris celles des minorités. De ce fait, nous auront dans notre société des valeurs traditionnelles et d’autres modernistes qui «cohabiteront ensemble» en toute normalité, poursuit l’invité de Rachid Hallaouy. S’il y a donc une valeur sur laquelle M. Chami a insisté, c’est bien celle du savoir-vivre ensemble et l’acceptation de l’autre avec toutes ses différences. Il a par ailleurs rappelé l’importance extrême des valeurs comme le patriotisme, la citoyenneté et la valeur travail. «Les citoyens ont besoin d’adhérer à un projet commun, et ce nouveau modèle de développement est ce projet qui va réunir les Marocains», lance-t-il.

La recette du CESE pour le modèle de développement économique

L’entrepreneuriat se trouve au centre des recommandations du CESE pour le nouveau modèle de développement économique. Dans ce sens, M. Chami a rappelé l’objectif fondamental du «choc entrepreneurial», une mesure préconisée par le Conseil pour aider à la création de 50.000 TPE et 30.000 PME sur une durée de 5 ans. Pour réussir ce challenge, l’invité de Rachid Hallaouy prône la création de davantage d’acteurs économiques et de densifier le tissu. Le président du CESE réaffirme que la promotion de l’entrepreneuriat est un des moteurs du développement, de la croissance et de l’emploi. «Aujourd’hui, la priorité des priorités est de revisiter les politiques publiques à l’aune de la création de l’emploi», a-t-il insisté. C’est aussi une façon d’améliorer le PIB, d’encourager l’exportation et de réduire le déficit de la balance commerciale.
L’invité de l’Info en Face Grand Format n’a pas manqué de souligner que la réussite du choc entrepreneurial permettra de contribuer à relancer la machine économique. Le choc entrepreneurial est une mesure importante. Toutefois, précise Ahmed Reda Chami, il faut exploiter, par exemple, les opportunités offertes par l’économie bleue, améliorer la productivité des PME existantes… «Dans le rapport, nous avons défini 9 grands choix qui doivent constituer la priorité du nouveau modèle, et devant chaque choix nous avons mis une série d’actions pour arriver à 180 actions». Pour la CESE, «ce n’est ni une liste exhaustive ni un programme gouvernemental, parce qu’on n’a pas la légitimité pour le faire… Mais ce sont des actions qui sont fortement recommandées».

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Les choix du CESE pour recréer la confiance et faire du Maroc un pays solidaire et prospère

1. Un système d’éducation et de formation national, centré sur l’apprenant, basé sur la capacitation, la responsabilisation et la motivation des acteurs, dans l’objectif de former un citoyen acteur du progrès économique et social.
2. Une nouvelle génération de services publics performants et accessibles basés sur la responsabilisation des acteurs et tirant complètement parti de l’opportunité de la transformation digitale.
3. Un environnement garantissant une concurrence saine et régulant les avantages, la rente de situation et les privilèges pour favoriser l’investissement productif efficient et réduire les inégalités.
4. Une transformation structurelle de l’économie, inclusive de l’informel, portée par l’entrepreneuriat et l’innovation et visant l’émergence industrielle.
5. Des femmes autonomes, actrices de développement et exerçant leurs droits pour une pleine participation à la vie économique, sociale, politique et culturelle.
6. Un monde rural intégré, valorisé, attractif et connecté.
7. Une solidarité organisée visant la réduction des inégalités sociales et territoriales, apportant une protection sociale universelle et financée par une juste contribution des citoyens.
8. Un capital naturel protégé, valorisé de manière soutenable pour favoriser la croissance durable.
9. Un État de droit garant de l’intérêt général menant une action publique territorialisée basée sur la cohérence, la transparence, l’efficacité et l’évaluation systématique. 
Souad Badri & Najat Mouhssine​

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