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«Sans une nouvelle doctrine économique et sociale, on ne peut relever le défi de l’emploi des jeunes»

La crise sanitaire a entraîné une crise économique et sociale sans précédent. 350 millions d’emplois sont perdus dans le monde. Plus de 1 million de nouveaux chômeurs en plus des nouveaux diplômés qui arriveront sur le marché du travail marocain. Des chiffres inquiétants qui nécessitent une approche spécifique pour bâtir toute une stratégie de relance. C’est en somme ce que décrit Jamal Belahrach, CEO Deo Conseil, président de la fondation Jobs For Africa et de la Fondation Zakoura Education, invité de L’Info en Face.

«Sans une nouvelle doctrine économique et sociale, on ne peut relever  le défi de l’emploi des jeunes»

L’heure est grave ! L’ampleur de la crise économique et sociale que traverse le monde impacte de plein fouet l’emploi. Cet état de fait que confirment toutes les analyses internationales se vérifie également au Maroc. L’emploi est donc l’un des enjeux cruciaux de la reprise économique. En effet, avec des taux de chômage qui explosent, des jeunes inquiets pour leur avenir professionnel et des entreprises pas encore prêtes à redémarrer la machine, le défi de relance semble difficile à relever. «Tout plan de relance doit tenir compte de cette situation dramatique qui nécessite un changement de paradigme en faisant des choix pour pouvoir à la fois réanimer l’économie et tracer une feuille de route pour la relance», explique M. Belahrach.
Pour l’emploi, le challenge est encore plus important et représente un enjeu prioritaire. Comment rétablir la confiance, bâtir un contrat social efficient et créer des emplois durables ? «Le comment pour demain, c’est d’abord de prendre conscience et s’accorder sur le constat et les priorités. Nous ne pouvons pas nous contenter de mesurettes, nous avons besoin d’une nouvelle doctrine économique et sociale sans laquelle on ne pourra pas créer d’emploi», affirme le président de la fondation Jobs for Africa.
Cette vision systémique se compose, selon l’invité de Rachid Hallaouy, d’éléments essentiels : l’offre, la demande, le numérique, l’économie verte et la commande publique. Ces éléments font partie d’une doctrine qu’il va falloir élaborer et chiffrer pour dessiner un cap à court, moyen et long termes, poursuit-il. Loin d’être dans le pessimisme, M. Belahrach affirme tout de même que des entreprises, dans des secteurs qui sont le plus touchés par la crise, vont devoir se réorganiser et vont recourir à des plans sociaux, mais l’urgence est d’accompagner ces entreprises pour que ce processus se passe au mieux pour les salariés et surtout de permettre à ces derniers de s’intégrer rapidement dans des programmes de formation massifs pour les préparer à une reprise de l’activité professionnelle. «Pour que cette relance soit efficace, il faut trois éléments essentiels : un contrat social, un contrat de développement et de transformation et enfin un pacte de confiance et de solidarité», schématise M. Belahrach.
En termes de priorités, et en dehors des services et du tourisme, premiers secteurs porteurs d’emploi, le président de Job for Africa préconise trois secteurs industriels sur lesquels l’État devra miser pour créer de nouveaux métiers pour les jeunes : l’économie verte, l’économie numérique et l’industrie de demain.

Faut-il avoir peur de la digitalisation ?
Il va sans dire que l’économie numérique est un des leviers de la relance économique, mais subsiste la question de savoir si avec une digitalisation massive, les entreprises ne risquent-elles pas de substituer la machine à l’homme et donc d’augmenter encore plus le nombre de chômeurs ? Non, rétorque Jamal Belahrach. «La digitalisation en industrie va certes éliminer des métiers, mais va en créer beaucoup d’autres. Il faut savoir que 85% des métiers qui vont être pratiqués en 2030 ne sont pas encore identifiés», explique-t-il. D’où l’importance d’intégrer la dimension digitale dans les plans de relance et de mettre en place des programmes de formation massifs pour aider ceux qui perdront leur emploi à s’orienter vers des métiers digitaux. L’enjeu des 10 prochaines années est un enjeu de compétences… Voilà qui est dit ! Et c’est une responsabilité à la fois de l’État pour donner le cap, et des entreprises elles-mêmes pour identifier les besoins et entrer en interaction avec les universités et les établissements de formation pour chercher un meilleur équilibre formation-emploi, analyse l’invité de Rachid Hallaouy.

Maintenir la vigilance et cultiver l’espoir !
En dépit d’une situation compliquée, notamment pour les jeunes impactés directement par la crise de l’emploi, Jamal Belahrach reste positif. À ces jeunes, il dit : restez mobilisés, acceptez de vous réorienter en fonction de l’offre possible d’emploi, adaptez-vous aux nouveaux modes de travail et notamment le télétravail. À noter par ailleurs que M. Belahrach, fort d’une riche expérience en matière de politiques d’emploi, d’étude des marchés du travail et d’analyse de l’offre et de la demande, a publié, récemment, sa vision de la gestion de la crise actuelle et les enjeux de la relance économique et plus particulièrement de l’emploi. Intitulée «Sortie de crise : l’urgence d’un changement de paradigmes : Plaidoyer pour l’emploi», cette analyse est un véritable appel au changement des paradigmes et au lancement d’une nouvelle dynamique plus efficace, plus inclusive qui a comme socle la confiance, la création d’un cadre commun et équitable, définir des règles respectées par tous. Il n’y aura pas de progrès économique sans progrès social et encore moins de progrès social sans progrès économique. Il s’agit alors de redéfinir le contrat social qui va lier toutes les parties prenantes de la nation. 

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