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«Notre objectif est de faire du Raja une institution qui a ses propres revenus pour ne plus mélanger l’argent du club et celui d’un quelconque président»

Le mercato du Raja, le match de la discorde contre le Difaa Hassani El Jadidi, le milliard prêté par l’ancien président au club, la dette du club, l’échec de recrutement de Zakaria Hadraf, la Ligue professionnelle dans sa composition actuelle, le président du Raja, Jawad Ziyat, se livre sans langue de bois.

«Notre objectif est de faire du Raja une institution qui a ses propres revenus pour ne plus mélanger l’argent du club et celui d’un quelconque président»

Le Matin : Est-ce que Mohamed Makhazi est le premier et dernier recrutement du Raja lors de ce mercato d’hiver ou y aura-t-il de nouveaux arrivants ?
Jawad Ziyat :
Si on considère le public du Raja, on peut le scinder en trois catégories. Le premier groupe est majoritaire. Il soutient réellement son équipe par tous les moyens et sait que l’ossature de l’équipe cette année est meilleure que celle de l’an dernier, avec laquelle nous avons quand même remporté deux titres. Cette année aussi, avec l’aide de Dieu, on peut réaliser de bons résultats. Cette partie du public raisonne avec logique. Elle estime que l’ossature de l’équipe est composée de très bons joueurs et voit d’un mauvais œil le fait de recruter rien que pour recruter. Il y a une autre partie minoritaire, mais active sur les réseaux sociaux et téléguidée. Son objectif n’est pas les résultats du club, mais de créer des problèmes au comité directeur. Entre les deux groupes, il y a une troisième partie qui aime le club, mais se laisse influencer par la partie qui veut créer des problèmes. L’équipe a fait un bon match mercredi contre l’Ittihad de Tanger. C’était une équipe composée d’un mélange de joueurs confirmés et de jeunes joueurs. Si on ajoute à cette équipe les sept joueurs absents en raison de blessures, on obtient un groupe de grande qualité. On a pris la décision avec Jemal Selami d’effectuer des recrutements bien ciblés. Si on décide de faire venir un joueur, il faut que son niveau soit au-dessus de ce que nous avons dans notre effectif. On a de jeunes joueurs que nous formons depuis plusieurs années, si on recrute des joueurs de leur niveau qui leur prennent leurs places, cela s’appelle une gestion non rationnelle. C’est cette gestion non rationnelle qui a plongé le Raja dans une crise financière aiguë avec un endettement abyssal. On a réussi à recruter Mohamed Makhazi. C’est un joueur qui va apporter un plus à l’équipe. Je peux également vous dire que nous avons réussi à signer des pré-contrats avec deux joueurs qui vont nous rejoindre à la fin de la saison. Deux joueurs de grande qualité qui vont renforcer l’équipe. On a tenté de faire revenir Zakaria Hadraf, mais ça ne s’est pas fait. Aujourd’hui, le public du Raja est fier de son équipe. Je salue les joueurs qui ont réussi deux excellents résultats en Algérie. Ils ont battu le Mouloudia d’Alger et ils ont pu ramener le match nul face à la JS Kabylie. Ils ont hissé haut le drapeau du Maroc en Algérie. Ces joueurs ne représentent pas que le Raja. Ils représentent aussi le Maroc. C’est eux qui doivent bénéficier de l’attention particulière du comité directeur. Ensemble avec le public, les joueurs et le staff technique, on tentera d’aller le plus loin possible dans les trois compétitions dans lesquelles nous sommes engagés.

Vous nous confirmez donc que Mohamed Makhazi est le premier et dernier recrutement ?
Pour cette période, je pense à 99% que c’est notre dernière recrue.

Comment avez-vous fait pour convaincre Jamal Sellami de se contenter d’une seule recrue, alors qu’il a réclamé trois à quatre joueurs pour renforcer l’équipe ?
Je ne dirais pas que je l’ai convaincu. Quand Jamal avait parlé des besoins en recrutement, il venait à peine de prendre en main l’équipe. Et effectivement, on a dressé une liste de joueurs à recruter. On ne s’est pas mis d’accord pour faire signer 15 joueurs. Il y a des gens qui veulent prendre cette voie et veulent juste recruter pour recruter. Nous, on ne cherche pas la quantité. On ne veut pas signer des joueurs pour le simple plaisir de dire qu’on a fait des recrutements. On s’est mis d’accord pour ne recruter que des joueurs au-dessus de ce que nous avons. Quels sont les joueurs au Maroc qui sont au-dessus des nôtres ? Il n’y en a pas. On n’a pas un réservoir de grands joueurs au Maroc, capables de jouer au Raja. Et en admettons même qu’ils existent ces joueurs, il faut encore que leurs clubs acceptent de les libérer. On avait perdu l’année dernière les services de deux joueurs qu’on ne voulait pas laisser partir, mais ils ont insisté pour s’en aller, mais on s’est renforcé avec sept ou huit joueurs de qualité, en plus de jeunes joueurs à qui il faudra donner une chance pour grandir. Et cette politique donne l’occasion au club de vendre des joueurs et de faire entrer de l’argent. C’est de cette façon qu’on pourra atteindre l’équilibre financier.

Vous n’allez donc pas sacrifier la Botola ?
On n’a jamais eu l’idée de sacrifier la Botola ou une autre compétition. L’année dernière, on a joué sur quatre tableaux et on a réussi à remporter deux titres (la Coupe de la CAF et la Supercoupe d’Afrique). Cette année, on s’est engagé sur quatre tableaux. On est éliminé en Coupe du Trône et on reste en course sur trois compétitions. La Coupe arabe est un grand objectif pour nous. Si on arrive à la gagner, on pourra résoudre les problèmes financiers où patauge le club depuis sept ans. La Ligue des champions est la compétition naturelle que le Raja doit disputer chaque année. La Botola c’est la compétition qui nous permet soit de la gagner soit de nous qualifier en Ligue des champions. Il y avait ce genre de bruit après la défaite face au Fath de Rabat et le match nul contre Rapide Oued Zem, mais j’ai confiance dans le staff technique qui parfois fait des choix qu’il juge utiles. Liverpool a fait ce genre de choix quand il avait le Mondial des clubs. Ils ont aligné une équipe de jeunes et ils ont perdu. Vous ne pouvez pas avoir, dans n’importe quelle équipe au monde, une équipe A et une équipe B de même niveau.

Comment Zakaria Hadraf, annoncé proche du Raja, a-t-il finalement opté pour un club concurrent ? Dans une sortie médiatique, il a imputé l’échec de sa signature au Raja au comité directeur des Verts ?
On voulait faire revenir Zakaria Hadraf. Depuis que nous avons pris en charge la gestion du Raja il y a un an et demi, on a recruté 12 joueurs, tous titulaires. Je ne parle pas des recrues qui ont échoué. À chaque fois qu’on veut recruter un joueur, il y a toujours trois clubs qui entrent dans la danse pour faire avorter les recrutements du Raja. Ces trois clubs sont toujours les mêmes. On a même entendu qu’un tel peut partir là où il veut, sauf au Raja. Quand on était en train de signer avec Mohamed Makhazi, les gens l’appelaient pour lui dire que le Raja n’allait pas le payer. On a l’habitude de cette guerre. Sur l’ensemble des joueurs que nous voulions recruter, on a échoué sur trois dossiers : Yahia Jabrane, Ahmed Hamoudane et Zakaria Hadraf. Hadraf a pris sa décision, je lui souhaite bonne chance.

Est-ce vraiment la somme de 1,2 million de dirhams qui a fait capoter ce transfert ?
Je ne vais pas entrer dans les détails. Nous avons une grande équipe avec un grand effectif. Un joueur comme Mohamed Makhazi, qui voulait venir au Raja, a tout fait pour nous rejoindre. C’est lui qui nous a aidés à finaliser ce transfert. Quand un joueur sait ce qu’il veut, on fait tout pour lui préparer le terrain pour réussir. Le joueur sait qu’il a rejoint un grand club. Il y a des joueurs qui veulent évoluer devant 50.000 spectateurs et disputer la Ligue des champions. Et il y a d’autres qui veulent juste jouer devant tout juste 5.000 spectateurs. C’est ça le football et chacun a ses ambitions.

La Commission de discipline de la FRMF a entendu aujourd’hui (NDLR jeudi) le secrétaire général du club, Anis Mahfoud, et le directeur administratif, Redouane Tantaoui. Est-ce qu’il y a du nouveau dans le dossier du match contre le Difaa Hassani El Jadidi ?
La Commission de discipline nous a effectivement envoyé une convocation pour passer devant elle. Six représentants du Raja ont assisté à cette audience. Il s’agit d’Anis Mahfoud, Khalil Ibrahimi, Jaouad Al Amine, Redouane Tantaoui et Saadaoui. Le président de la commission a interrogé les représentants du club et nous avons fourni toutes les explications du début jusqu’à la fin. La date du match de la Ligue des champions a été fixée. Idem pour le match contre le Mouloudia d’Alger, dont la date a été fixée le 4 décembre. Il y a un PV de ce match signé à la fois par le Mouloudia, le Raja et la Ligue professionnelle (LNFP). La Ligue a toutes les données. Elle connaissait à l’avance le calendrier des matchs du Raja. Elle savait qu’on jouait à Alger le 4 janvier et le 10 janvier dans la Kabylie, face à la JSK. Comme je l’ai dit, le Raja représente le Maroc. On n’a pas joué dans n’importe quel pays. On a joué en Algérie et on connait les spécificités de ce genre de matchs. On a également joué dans le pays champion d’Afrique. Et on l’a fait dans un intervalle de six jours. Toutes ces données étaient à la disposition de la commission de programmation et de la Ligue. Et pourtant, ils nous ont programmé un match mardi 7 janvier. Quand on a reçu le courrier de la programmation, on a été surpris de devoir jouer ce match mardi. On a alors saisi la Ligue pour lui demander de reporter ce match.

On reproche au Raja d’avoir signé le PV de la réunion ?
Nous n’avons pas la même lecture du texte réglementaire. La Ligue parle de l’article 3 et nous on parle de l’article 21. L’article 3 est général. Il stipule qu’on peut jouer un match dans un intervalle de 48 h. L’article 21 stipule que quand un club joue à l’extérieur, il a droit à trois jours de repos et s’il joue au Maroc, il a deux jours de repos. Le plus grave encore est que certains membres de la Ligue disent que la Coupe Mohammed VI n’est pas reconnue par la FIFA. Ils n’ont qu’à consulter l’article 16 des statuts de la FRMF. Ce n’est pas le Raja qui a envoyé une lettre à l’UAFA pour demander de participer à la Coupe Mohammed VI. On est désigné par la Fédération. Le tirage au sort a eu lieu au Maroc et la compétition prend le nom du Souverain et, en fin de compte, quelqu’un vient nous dire que cette compétition n’est pas reconnue. Je suis confiant par rapport à ce dossier. Les gens qui composent la commission de discipline sont des gens raisonnables. Il y a eu une réunion le 25 décembre, mais on a saisi la Ligue vingt-quatre heures après pour lui dire qu’on ne pouvait pas jouer le 7 janvier contre le DHJ. On n’a reçu la réponse que le 6 janvier, la veille du match. On a d’abord reçu un courrier qui nous annonçait le report et, une heure et demie plus tard, on a reçu un autre courrier qui nous dit que le match est maintenu pour le 7 février. Les gens ont parlé de l’affrètement d’un avion. J’ai parlé personnellement avec le directeur général de RAM, Hamid Addou, pour lui demander s’il était au courant de l’affrètement d’un avion pour le Raja, il m’a répondu qu’il n’avait aucune idée dudit avion. Il m’a même dit qu’il était impossible de louer un avion, parce qu’on était dans la haute saison. Si on avait entamé le championnat le 13 août, comme c’était programmé, on aurait évité ce genre de problèmes. Il faut une remise à plat totale de la programmation.

Le Raja est le seul club à s’être opposé à l’élection de l’actuel président à la tête de la Ligue professionnelle, est-ce que vous n’y voyez pas des représailles ?
Notre position est claire. On ne parle pas des personnes. M. Saïd Naciri, je le respecte. Mais élire le président d’un grand club concurrent du Raja à la tête de la LNFP pour s’occuper de la programmation n’est pas logique. Quand je parle avec M. Naciri, il me dit que ce n’est pas lui qui s’occupe de la programmation, mais c’est lui le président et il en assume la responsabilité. Le président de la Ligue ne doit être ni le président du Raja ni celui du Wydad, ni même celui d’un autre club qui joue chaque année le titre. Il faut prendre des gens qui ne sont pas partie prenante. Il faut revoir les textes de la Ligue pour élire au poste de président une personne indépendante qui n’a aucune relation avec la gestion d’aucun club. Quelqu’un qui peut aller commercialiser le football marocain. Regardez l’Espagne, elle a pris la décision d’aller faire jouer leur Supercoupe en Arabie saoudite moyennant 150 millions de dollars. Avec cet argent, on peut aider tous les clubs. Nous, on est restés empêtrés dans des petites discussions sur la programmation. Il nous faut une personnalité connue pour sa compétence et qui n’a de relations avec aucun club.

Un ancien président du club réclame un milliard de centimes. C’est quoi au juste cette histoire d’un milliard ?
Lors de la dernière assemblée générale, on a abordé ce point. Les adhérents ont chargé le président et les membres du comité de clarifier cette affaire. Ce point est inscrit dans les comptes du Raja. Mais les commissaires aux comptes assurent depuis trois ou quatre années qu’ils n’ont pas assez d’éléments pour se prononcer là-dessus. Ce montant est inscrit dans la comptabilité, mais on n’a pas de justificatifs. J’ai lu des choses erronées disant que Ziyat a dit qu’on n’avait pas de documents attestant l’existence de ce milliard, c’est faux. J’ai eu une réunion, il y a un mois et demi avec l’ancien président. Il est venu avec son staff composé de deux cabinets d’experts-comptables. Il nous a donné énormément de documents qui concernent ce point. Nous aussi, on est venu avec deux cabinets qui accompagnent le club. Un expert-comptable et un commissaire aux comptes. On a pris les documents qu’il nous a apportés et on a également demandé d’autres documents. Pour faire simple, cet argent n’a pas été prêté en une seule fois au Raja. Il y avait plusieurs opérations d’entrée et de retrait d’argent. Il y avait peut-être une centaine d’opérations. Nous avons reçu quelques documents et nous en avons demandé d’autres. On travaille sur ce dossier. Je n’ai jamais dit que l’ancien président n’a pas prêté d’argent au club. C’est faux. D’ici quatre à cinq semaines, on aura une idée claire sur ce dossier, pour le classer définitivement. J’ai parlé de ce point, parce qu’un supporter m’a demandé de mettre de l’argent de ma poche pour recruter des joueurs. Je lui ai répondu que j’étais venu non pas pour mettre de l’argent de ma poche, mais pour diriger le club comme une institution qui a ses recettes, sa comptabilité et ses dépenses. J’ai dit que c’est l’idée qu’un président mette de l’argent de sa poche pour le récupérer ensuite qui nous mettait face à ce genre de problème. Notre objectif est de faire du Raja une institution qui a ses propres revenus pour ne plus mélanger l’argent du club et celui d’un quelconque président.

Quel est l’état financier du club ?
Quand on a arrêté nos comptes au mois de juin, on a réalisé qu’on avait réduit de moitié l’endettement du club.

Quand vous dites «de moitié», cela correspond à quel montant exactement ?
On a réglé près de 40 millions de DH de dettes. On a également résolu la moitié des litiges que le club avait avec plusieurs anciens joueurs et cadres. Notre objectif est de régler les litiges et d’éviter d’en créer d’autres. Le mois dernier, nous avons payé 70 millions de centimes à Aoual, ancien joueur du club. Ce dossier, ce n’est pas nous qui l’avons créé. On est en train de nettoyer le Raja. Quand on quittera nos fonctions, on laissera une institution propre et sans problèmes.

Quel est le montant de la dette actuelle du club ?
Je n’ai pas les chiffres exacts, mais elle tourne autour de 40 ou 50 millions de DH. 

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