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«Octobre Rose a-t-il été éclipsé par la pandémie de Covid-19 ?

Le coronavirus a fait de l’ombre à d’autres pathologies aussi graves, si ce n’est plus, en termes de détection, de suivi et de traitement. Le cancer en est une. D’ailleurs, on l’aura remarqué, «Octobre Rose», le mois de mobilisation pour la lutte contre le cancer, aura été plutôt virtuel !

«Octobre Rose a-t-il été éclipsé par la pandémie de Covid-19 ?
Le dépistage précoce et la prise en charge des malades du cancer sont décisifs dans la guérison.t Ph. Shutterstock

C’est le dernier jour d’octobre, un mois rose dédié, depuis 1985, à la mobilisation contre le cancer du sein. Cette année 2020 aura été teintée d’un rose pâle à cause de la pandémie de Covid-19. Beaucoup d’événements liés ont, en effet, été annulés et d’autres organisés à distance.
«Le coronavirus a éclipsé le dépistage et le traitement du cancer de sein. Beaucoup de femmes ont suspendu leurs séances de contrôle, d’autres ont hésité à aller consulter même si elles avaient senti une lésion au niveau du sein», déplore Latefa Cherif, militante associative-fondatrice et présidente de l’association «Les Amis du ruban rose», invitée de L’Info en Face. Pourtant, l’une des actions primordiale pour lutter contre le cancer de sein est le dépistage précoce. 
Dr Kamal Lahbabi, oncologue-radiothérapeute, co-fondateur du Centre international d’oncologie Casablanca (CIOC), rappelle, pour sa part, qu’au Maroc, «une femme sur 8 risque de développer un cancer du sein au cours de sa vie». Avec près de 10.500 femmes diagnostiquées chaque année, le Maroc est donc particulièrement concerné par la maladie qui présente l’incidence la plus élevée de tous les cancers sur le plan national. 
Mais cette opération de sensibilisation, qui est habituellement l’occasion pour inciter les femmes à faire leurs examens en vue de dépister d’éventuelles anomalies, a été perturbée par le contexte sanitaire particulièrement relatif à la pandémie, notamment les cycles de confinement et la peur d’aller dans un hôpital ou une clinique pour consulter ou recevoir un traitement. 
Pourtant, tous les professionnels de santé le disent : le dépistage précoce et la prise en charge des malades du cancer est une étape décisive pour la guérison. Il faut donc continuer la mobilisation contre le cancer du sein. De nombreux oncologues et acteurs de la société civile, engagés depuis plusieurs années dans la lutte contre le cancer du sein insistent ainsi sur l’importance du diagnostic précoce. «Il est impératif de faire une mammo-écographie dès le moindre soupçon», souligne le Dr Kamal Lahbabi. Et d’ajouter : «il est de notre devoir de continuer à sensibiliser à l’importance du dépistage, au vu des cas de cancer du sein que nous observons chaque jour.» 
Et le constat est là : le cancer du sein est en constante hausse depuis 2008. Chaque année près de 1,38 million de nouveaux cas et 458.000 décès dus à ce type de cancer sont répertoriés, avec une forte prévalence dans les pays en développement. «Un examen clinique est fortement recommandé pour les femmes de moins 45 ans. Au-delà, une mammographie tous les deux ans est nécessaire», insiste l’oncologue. 
Selon l’organisation mondiale de la santé, «la majorité des décès ont lieu dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où la plupart des femmes atteintes d’un cancer du sein sont diagnostiquées très tardivement du fait essentiellement de l’absence d’information sur le dépistage précoce et de l’accès insuffisant aux services de santé». Un constat conforté par Dr Lahbabi qui indique que «les avancées thérapeutiques permettent des taux de guérison importants (plus de 90%), mais encore une fois, à condition de prendre en charge la maladie précocement.»
La nécessité est donc de maintenir la sensibilisation et de renforcer les campagnes de dépistage même en plein pandémie et en dehors du mois d’octobre. Ce volet est en effet au cœur des préoccupations de beaucoup d’associations, et notamment le Centre international d’oncologie de Casablanca. Il a en effet, organisé, dans le cadre de l’opération «Octobre Rose», un groupe de paroles ouvert aux patients et leurs proches dans le respect des mesures sanitaires. Ce genre d’activités, au-delà de la période de mobilisation mondiale, est à maintenir, car il permet d’apporter un soutien psychologique à ces personnes et leurs familles. En effet, la qualité de vie, et notamment dans ce contexte de crise, est un point important dans le processus de guérison. «Les actions de l’association ambitionnent, ainsi, de lutter contre l’isolement psycho-social des patientes, en leur apportant réconfort et accompagnement psychologique». Une initiative qui aura sans doute un impact positif sur la prise en charge globale des patients. 


Des chiffres

• Chaque année près de 1,38 million de nouveaux cas de cancer du sein sont enregistrés dans le monde, dont 458.000 décèdent. 
• Au Maroc, environ 40.000 nouveaux cas de cancers sont répertoriés chaque année. 
• Le cancer du sein figure en tête de liste, représentant 35% des cancers de la femme, suivi du cancer du col de l’utérus avec 11,2% et de la thyroïde avec plus de 8%.
• En 2019, 10.414 nouveaux cas de cancer du sein ont été diagnostiqués dans le Royaume. 
• En 2030, ce chiffre passera à 16.018, selon les prévisions du Registre des cancers du Grand Casablanca (RCGC).

 

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