Les œuvres de Mustapha Hafid exposées à la Villa des arts

La Villa des arts de Casablanca accueille jusqu’au 19 janvier l’exposition rétrospective de Mustapha Hafid. Les œuvres de cet artiste-peintre sont animées par une dimension néo-abstraite qui ne se borne pas à une simple énonciation expressive, mais implique la notion de rêve liée à celle de représentation subjective. L’artiste, vieux routier dans la cartographie créative d’ici et d’ailleurs, met en toile les fragments tachistes de la figure et détourne son sens au pluriel perçu. La lisibilité immédiate se retrouve perturbée. Son acte présente des unités chromatiques en l’honneur de notre première nature qui l’a tant inspiré. Artiste singulier, Mustapha Hafid a laissé une empreinte indélébile sur la scène artistique contemporaine que ce soit dans le domaine de l’enseignement artistique que dans le domaine de la création picturale. Résolument anti-conformiste et moderniste, il est l’auteur d’une œuvre dépassant largement les frontières. «La peinture de Mustapha Hafid, sur la marocanité mûre, le terroir commun, au point où les repères occidentaux appliqués à une telle peinture me semblent obsolètes», écrit le poète Ahmed Mouchafi.

Pour lui, avec Mustapha Hafid, on peut voguer en toute confiance vers on ne sait quel espace, quelle aura ou quelle galaxie autre et les faire siens en toute équanimité. Mustapha Hafid pratique la peinture, le dessin ainsi que la lithographie. Il fait de la peinture abstraite sur toile, sur contre-plaqué, sur isorel et sur carton. Chez cet artiste, la technique mixte est privilégiée. Hafid privilégie le sable, le plâtre, le goudron, le tissu ainsi que la toile de jute. Il utilise ces différents matériaux seuls ou ensemble. C’est ce qui lui permet d’obtenir les reliefs et matières qui caractérisent ses tableaux. L’artiste explique qu’il travaille les petits formats à la gouache, l’acrylique, l’aquarelle et le pastel. «Pour les grandes surfaces, je préfère employer la peinture à l’huile et l’acrylique. Une superposition de couches de peinture, de larges aplats ainsi que de coulées de peinture me permettent d’acquérir les effets escomptés. Quant à mes dessins, ils sont réalisés sur carton et sur papier au fusain, au crayon, à la sanguine, à l’encre de Chine et au pastel.»  Mustapha Hafid a développé son style à l’École des Beaux-arts de Casablanca et à Varsovie où il a étudié pendant cinq ans à l’académie des beaux-arts, section peinture et arts graphiques. Il obtient en 1966 le diplôme de Magister des Arts. De retour au Maroc, il a enseigné à l’École supérieure des beaux-arts de Casablanca. En 1969, il a participé à l’exposition-manifeste de Place Jamaa El Fna à Marrakech et Place du 11 novembre à Casablanca aux côtés de Farid Belkahia, Mohamed Chabaa, Mohamed Melehi et bien d’autres encore.