Le continent a pour objectif de vacciner «3% d’Africains d’ici mars 2021 et 20% d’ici la fin de l’année prochaine», a déclaré la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Matshidiso Moeti, basée à Brazzaville. Sur le continent, le coût du déploiement du vaccin auprès des «populations prioritaires» est estimé à 5,7 milliards de dollars, avec «des coûts supplémentaires de 15% à 20% pour le matériel d’injection et la livraison des vaccins», selon l’OMS. Sur les 47 pays de la région Afrique de l’OMS, «seulement près du quart disposent de plans adéquats pour les ressources et le financement», regrette l’agence onusienne.
Pour le financement, les pays africains, à revenus faibles ou intermédiaires, doivent bénéficier du soutien du «Covax», une alliance internationale emmenée par l’OMS qui négocie avec les laboratoires un accès équitable aux vaccins. L’Afrique a relativement été épargnée par la Covid-19, avec 52.000 décès officiellement, pour 2,2 millions de cas recensés (sur une population d’environ 1,25 milliard d’habitants). Pays le plus touché du continent (près de 800.000 cas pour plus de 21.000 décès), l’Afrique du Sud espère obtenir ses premières doses d’ici mi-2021, d’après l’épidémiologiste Salim S. Abdool Karim, conseiller du gouvernement. Trois essais y sont actuellement en cours, dont celui d’AstraZeneca/Université d’Oxford. AstraZeneca annonce des doses à prix coûtant (2,50 euros, environ trois dollars), moins cher que ses concurrents Pfizer/BioNtech et Moderna. Le Kenya participe également aux essais du laboratoire AstraZeneca. «L’Institut kényan de recherche médicale va collaborer avec des chercheurs d’autres pays comme la Corée du Sud, l’Inde, Singapour et la Chine entre autres», selon le comité national de réponse au coronavirus.
Au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique (environ 200 millions d’habitants, plus de 67.500 cas pour quelque 1.173 morts officiellement enregistrés), «nous sommes en contact avec tous les pays et les entreprises qui ont développé le vaccin, y compris les États-Unis, la Chine et Pfizer», a déclaré mardi à l’AFP le chef de l’autorité sanitaire, Shuaib Faisal. Outre le défi logistique (la chaîne du froid), l’Afrique devra faire face à des résistances culturelles. Madagascar fait partie du club des pays réticents. «Nous ne nous positionnons pas encore par rapport au vaccin. En d’autres termes, nous ne nous inscrivons pas sur la liste des pays futurs bénéficiaires», a déclaré fin novembre la porte-parole du gouvernement, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo.