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Ils ont déclaré ...

Zakaria Boukal, Chef du département Analyses territoriales chez l’Agence régionale d’exécution des projets Casablanca-Settat
 

«La région de Casablanca-Settat se positionne aujourd’hui comme un acteur principal dans le développement des secteurs économique et social. En effet, conformément aux prérogatives de la loi 111-14 relative aux régions, la région Casablanca-Settat a mis en place tout un programme de développement régional qui s’articule autour de cinq axes, à savoir un monde rural intégré, les générations futures, l’emploi et l’innovation, l’attractivité territoriale et la mobilité. Je pense ainsi que les programmes de développement territoriaux doivent participer à l’élaboration du nouveau modèle de développement national, partant du principe que ces programmes sont précédés d’un diagnostic, ce qui permettra la mise en place d’actions et de projets concrets. D’ailleurs, à travers ce nouveau modèle de développement, nous souhaitons assister à une amélioration des conditions de vie, à une réduction des écarts et à une généralisation de l’accès à l’électricité et à l’eau potable. Nous souhaitons également que les besoins nécessaires à la survie des populations soient assurés et que les règles du jeu soient claires pour tous, car c’est ce qui nous permettra d’emprunter le chemin de l’ascension sociale.»

Myriam Ezzakhrajy, Journaliste, vice-présidente de l’Union internationale de la presse francophone (UPF)

«Il y a une phrase citée par l’écrivaine Yasmine Chami qui m’a interpellée et qui dit qu’en fait la priorité absolue devrait être l’inclusion, et c’est vrai. C’est l’inclusion et l’égalité des chances qui devraient être des priorités dans le nouveau modèle de développement. L’inclusion implique aussi l’introduction de l’approche genre dans ce nouveau modèle, c’est-à-dire donner à la femme la place qu’il lui revient, ne pas oublier qu’elle existe et qu’elle réalise énormément de choses. Les femmes contribuent très activement au développement économique du pays, mais elles ne sont pas très visibles. Je crois qu’il faut tenir compte de cette approche, il faut donner aux femmes la place qu’elles méritent et considérer justement tout l’apport qu’elles peuvent avoir, car un pays ne peut pas marcher sur une seule jambe. Il est également nécessaire aujourd’hui de jeter la lumière sur les femmes universitaires, les scientifiques et les chercheuses et les faire contribuer à toutes les réflexions et les démarches sur le nouveau modèle de développement.»

Karim Rbeh, MRE, président de l’association Solidaires ici et là-bas France-Maroc et ancien élu municipal en charge de la Citoyenneté et des anciens combattants en France

«Les Marocains du monde, qui représentent 12% de la population marocaine, établis certes hors du Maroc, mais qui restent tout de même et avant tout des Marocains à part entière, peuvent être une grande force pour cette nouvelle définition qu’on va apporter au nouveau modèle de développement pour le Maroc. Nous avons énormément de compétences à l’étranger qui sont, à mon avis, “sous-exploitées”. Malheureusement, la diaspora marocaine a passé beaucoup de temps à “quémander” et à réclamer pour tel ou tel problème et a oublié l’esprit de la citoyenneté. Nous sommes avant tout des citoyens et nous devons apporter notre soutien au pays. Notre mère patrie, le Maroc, a besoin de nous. Par ailleurs, tous les pays du monde ne mènent pas cette démarche consultative pour la mise en place d’un nouveau modèle de développement. Et il se trouve que le président de la Commission spéciale sur le modèle de développement est l’ambassadeur du Maroc en France, pays qui accueille la plus grande communauté marocaine à l’étranger. Pourtant, les Marocains du monde restent malheureusement absents de toute cette réflexion autour de ce nouveau modèle, malgré l’apport qu’ils pourraient avoir.»

Hassan Maatallah, Responsable département RSE de l’Association Maghreb Secours

«Quand on a dressé les priorités et les actions qu’il faut attaquer en premier dans le cadre du nouveau modèle de développement, les résultats qui en sont ressortis ont été évidents : l’éducation en premier lieu, ensuite la santé, puis la justice. Ce sont là les priorités sur lesquelles il faut axer les efforts pour le développement du pays. De notre côté, dans le cadre de nos activités au sein de l’Association Maghreb Secours, on est beaucoup plus dans l’aide humanitaire. Nous finançons des opérations chirurgicales au bénéfice des démunis, nous ciblons les zones enclavées et les populations des zones rurales où nous distribuons des aides avec le peu de moyens dont nous disposons. Dans le volet de la santé, qui est évoqué comme deuxième priorité pour les Marocains dans le nouveau modèle de développement, il est nécessaire à mon avis de privilégier des solutions de proximité pour les régions enclavées, notamment avec la multiplication des caravanes médicales qui devraient dans un premier temps servir à désenclaver ces régions et permettre à leurs habitants d’avoir accès aux soins. Pour ce qui est de l’éducation, il faut avant tout des routes, mais aussi le transport pour que les enfants puissent aller à l’école, notamment dans les zones montagneuses où la distance et la neige empêchent les écoliers de rejoindre leurs établissements.»

Hamid Lakhdar, Conseiller analyste en technologies de l’information dans le tourisme

«Au regard de l’importance des technologies de l’information et du tourisme pour le développement du Maroc, je pense qu’on doit absolument travailler sur deux volets. Le premier est l’investissement dans le capital risque dans le digital au niveau de toutes les industries, et particulièrement l’industrie du tourisme. On doit avoir des venture-capitalistes, des Business Angels qui pourront encourager les entrepreneurs du monde du tourisme et les soutenir pour qu’ils puissent faire la promotion de la destination Maroc. L’autre volet concerne le développement de la digitalisation de nos équipements au niveau national. Je cite notamment l’hôtellerie où tous les établissements doivent être équipés des moyens pour faire parvenir l’information aux pays émetteurs (France, Espagne, Royaume-Uni…) et récupérer ainsi les touristes qui choisissent d’autres destinations grâce à une meilleure promotion. Le capital humain dans ce domaine est également déficient. Nous avons des ressources formées dans la restauration, le bien-être, la réception…, mais nous manquons malheureusement de filières de formation dans le digital. On doit encourager l’État à mettre en place des centres d’innovation qui forment en technologies de l’information et de la communication dans l’industrie hôtelière et du voyage.»

Abdellatif Komat,Doyen de la FSJES Aïn Chock

«Pour identifier les attentes des Marocains par rapport à ce nouveau modèle de développement, on peut procéder à une analyse par grappes. À commencer par les axes fondamentaux liés à l’amélioration des conditions de vie et à l’accès aux services publics, notamment à la santé et à l’éducation. La question de l’emploi des jeunes en général, et particulièrement des jeunes diplômés, fait aussi partie des fondamentaux, car, rappelons-le, le chômage des jeunes est deux fois et demie supérieur à la moyenne du chômage au niveau national. Autre point important et non des moindres : le renforcement de l’inclusion de la femme au niveau de l’activité économique. Aujourd’hui, le taux d’activité de la femme est aux alentours de 21%. Ce taux est jugé très faible par rapport à la moyenne nationale qui est de 46%. Les Marocains s’attendent également à ce qu’il y ait une réduction des déséquilibres sociaux. Sur ce volet, il est important de rappeler que le Maroc est situé dans la tranche inférieure en matière d’égalité de répartition des revenus. Il va donc falloir assurer plus d’équilibre sur ce volet-là, mais également la réduction des inégalités spatiales et territoriales, sachant qu’aujourd’hui, seules trois à quatre régions réalisent à peu près 55 à 60% des richesses. Ce qu’attendent les Marocains, c’est aussi l’amélioration des services publics, notamment l’éducation. Une enquête du Haut Commissariat au plan a démontré que la perception de l’inégalité au Maroc s’explique essentiellement par l’accès inégalitaire à l’éducation. Bien sûr, il y a également la question de la santé et du logement, entre autres, qui sont aussi des éléments très importants, mais aussi le fait que le Maroc doit renforcer sa classe moyenne qui joue un rôle fondamental dans la dynamique économique. C’est la classe moyenne qui a le plus accès aux marchés, notamment le marché intérieur, et de ce fait, elle crée un certain cadre d’épanouissement et de développement de l’entreprise marocaine, mais c’est également une charnière sociale, car elle joue un rôle très important dans le renforcement des liens sociaux. Les Marocains attendent également la réduction des déséquilibres entre les milieux urbain et rural. Aujourd’hui, lorsqu’on appelle au développement du monde rural, il ne s’agit pas uniquement de l’agriculture, mais il faut également développer des entreprises dans les domaines du tourisme, du développement durable, de l’artisanat, de l’industrie, de la transformation des produits du terroir… pour que le monde rural, qui abrite 40% de la population, puisse connaître un développement plus accéléré et pour que ce développement auquel on aspire soit plus global et plus intégré.»

Hanane Fzain, Program manager à la Fondation Drosos

«Au niveau de la Fondation Drosos, nous sommes très optimistes par rapport au travail de la Commission spéciale sur le modèle de développement. Actuellement, nous sommes en pleine action et nous soutenons différents projets d’ordre social. Nous souhaitons, néanmoins, passer à un autre niveau en créant le débat et en ouvrant le dialogue avec différents décideurs et intervenants. Nous sommes donc en train de travailler avec nos partenaires, qui sont aussi membres de la Commission qui a été constituée. Nous cherchons ainsi à partager avec cette Commission la vision de la société civile, entre autres, sur la problématique de l’insertion professionnelle des jeunes les plus vulnérables, notamment les personnes en situation de handicap, les mères célibataires, les usagers de drogues et les ex-détenus. Concrètement, nous souhaitons partager avec cette Commission aussi bien les bonnes pratiques que les problématiques réelles qui empêchent ces jeunes de trouver leurs places dans la vie active.»

Propos recueillis par Mounia Senhaji & Mohamed Sellam  

 

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