Le Matin : Pouvez-vous nous présenter votre cellule ?
Qui sont les personnes qui répondent aux appels des citoyens ? Est-ce qu’ils ont reçu une formation spécifique pour gérer des entretiens davantage ciblés sur la souffrance du moment ?
Dans le cadre de la cellule de gestion de crise que nous avons mise en place, nous recevons uniquement les demandes du personnel soignant du secteur public et ce sont des psychologues et des psychiatres, qui répondent directement aux appels des soignants. Vu leur formation et leur expérience, l’ensemble des psychologues et des psychiatres savent traiter et écouter la souffrance psychique. Par ailleurs, nous restons dans un échange quotidien de documentation, et de statistiques et assistons à des webinaires, afin de rester informés des dernières avancées concernant l’état sanitaire pour mieux adapter nos prises en charge. Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec les médecins de différentes spécialités, qui nous apportent des éclaircissements des conditions dans lesquels ils travaillent et de leur évolution, vu que nous ne sommes pas sur le terrain et que nous faisons du télétravail.Je tiens quand même à préciser que le syndicat des psychiatres du Maroc a mis en place des cellules d’écoute destinées aux citoyens qui demandent un soutien psychologique.Quel type d’aide proposez-vous ?
Il s’agit principalement d’écoute et de soutien psychologique. L’aide que nous apportons s’adapte selon le type de demande que l’on reçoit. C’est au cas par cas.Est-ce que vous recevez beaucoup de demandes ?
Nous avons commencé à recevoir les premiers appels à partir du deuxième jour de la constitution de la cellule. Les demandes se font principalement de la part de médecins et d’infirmiers, qui exercent dans les hôpitaux publics dans le milieu urbain et rural.Quels sont les problèmes et questions les plus soulevés par les Marocains en cette période de confinement ?
Beaucoup de Marocains et Marocaines parlent actuellement d’une anxiété qu’ils ont du mal à gérer. Cette anxiété peut se présenter sous forme de crises d’angoisses, de psychosomatisation, d’irritabilité, de colère ou de tristesse. Face à l’état sanitaire actuel et l’état d’alerte dans lequel nous vivons, l’inconnu et l’incertitude laissent place à de l’inconfort émotionnel. Beaucoup de personnes ont peur de contracter le virus, d’autres ont surtout peur pour leur entourage et leur famille. Cette distanciation sociale est un phénomène nouveau qui demande du temps afin de pouvoir s’y habituer.Est-ce que ce travail vous permet de préparer l’après Covid-19 et d’anticiper les conséquences de cette période ?
Je pense qu’il est un peu tôt pour répondre à cette question. Comme toute crise et traumatisme vécu, nous savons que chez certaines personnes, cela peut faire émerger une souffrance psychique. Aujourd’hui, nous nous concentrons plus sur notre rôle en tant que psychologues et psychiatres et le soutien psychologique que nous pouvant offrir aux soignants, afin de leur permettre de mener à bien leur mission.