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Un ouvrage pour dresser le portrait des entreprises défaillantes au Maroc

Dans leur ouvrage intitulé «La défaillance d’entreprise», Abdelouahed Alaoui Mdaghri et Abdelhadi Maniani, deux professeurs à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Aïn Chock de Casablanca, ont mis à la loupe les différents aspects liés aux difficultés financières et managériales rencontrées par les entreprises marocaines. Une étude intéressante à plus d’un titre, car elle permet de dresser, à travers un échantillon de 200 entreprises, un profil assez détaillé aussi bien des entreprises défaillantes que des saines. De plus, elle tombe à point nommé vu la montée des défaillances attendues au Maroc en 2021 du fait notamment de la crise liée au Covid-19.

Un ouvrage pour dresser le portrait des entreprises  défaillantes au Maroc
Un certain nombre de faillites d’entreprises marocaines s’expliquent par une évolution défavorable des capitaux propres accompagnée d’une faiblesse de l’autofinancement.

Disposer d’outils de prévision des défaillances financières permet de prendre à temps des mesures stratégiques et de gestion corrective appropriées. Dans leur ouvrage intitulé «La défaillance d’entreprise», les deux chercheurs et académiciens Abdelouahed Alaoui Mdaghri (1) et Abdelhadi Maniani (2) ont dressé, à travers un échantillon représentatif des entreprises marocaines, un profil détaillé aussi bien des entités défaillantes que des saines. Publié aux éditions «Laboratoire Finance, Banque et Gestion des Risques», l’ouvrage de 253 pages étudie le concept de défaillance sous trois aspects : économique, juridique et financier.
«Toute entreprise risque de se confronter au cours de sa vie à des difficultés financières. La défaillance de l’entreprise n’est pas un événement qui survient brusquement. Elle résulte d’un long processus allant de petites difficultés liées à des facteurs micro ou macro-économiques à des difficultés financières profondes», soulignent les deux professeurs à la Faculté des sciences juridiques économiques et sociales, Aïn Chock de Casablanca. 
Cette analyse se base sur des données principalement bilancielles, afin de comprendre, d’un côté, les caractéristiques des données comptables et financières des entreprises marocaines en situation de défaut de paiement, à travers une analyse sur trois ans de l’évolution de leurs données financières. Et d’un autre côté, de comparer la situation de ces entreprises avec les saines, n’ayant jamais connu un incident de paiement de leur obligation vis-à-vis des banques. 
«L’analyse des causes les plus fréquentes relevées par les principales études sur la défaillance des entreprises nous a permis de détecter trois facteurs majeurs : facteurs stratégiques, managériaux et organisationnels et facteurs économiques», note l’ouvrage. 
Concernant les facteurs financiers, les travaux de recherche ont abouti au même constat : quels que soient les profils et les particularités des entreprises défaillantes, elles se caractérisent toutes par une situation financière instable.  Au Maroc, un certain nombre de faillites d’entreprises s’expliquent, selon les deux chercheurs, par une évolution défavorable des capitaux propres accompagnée d’une faiblesse de l’autofinancement. «Il s’agit d’une insuffisance des fonds de démarrage, ce qui crée des problèmes relatifs aux besoins de liquidité soit d’un capital investi en immobilisation au lieu d’être injectés en fonds de roulement, ce qui engendre des difficultés financières : ou encore des associés qui préfèrent leur enrichissement plutôt que d’augmenter le capital».  De même, le caractère fermé des entreprises marocaines est source d’insuffisance de capitaux propres. La situation s’aggrave si la société ne gère pas un autofinancement suffisant. Ce dernier informe sur la capacité d’endettement de l’entreprise et détermine ses capacités d’emprunt supplémentaire.
Rappelons que les défaillances augmenteraient, selon l’assureur-crédit Euler Hermes, de 5% cette année au Maroc, par rapport à 2019, pour atteindre 8.861 sociétés. Elles s’accéléreraient de 18% en 2021, dépassant la barre des 10.000 cas (10.456 exactement). De ce fait, près de 20.000 entreprises seraient en situation de défaillance entre 2020 et 2021 dans le pays. 


Pauvres SARL !

La démarche méthodologique des deux chercheurs comporte deux étapes : la sélection de l’échantillon pour la construction de la base de données, et le choix des ratios financiers utilisés comme indicateurs d’analyse. «À travers l’échantillon, nous cherchons le maximum de représentativité en termes de régions du Maroc, de secteurs d’activité et aussi de taille et de type d’entreprises. Nous avons donc utilisé la base de données existante chez une grande banque de la place aussi bien pour les entreprises défaillantes que pour les saines.»  Finalement, les deux chercheurs ont retenu un échantillon représentatif composé de 200 entreprises divisées en deux sous-échantillons : 100 saines et 100 défaillantes. Les deux échantillons sont représentés majoritairement par deux formes juridiques : SARL et SA, soit plus de 90%. Les entreprises à défaillance sont à prédominance des SARL avec 65%. À noter que la grande majorité des entreprises de l’échantillon se situe à Casablanca avec 55% pour les entreprises défaillantes et 76% pour les saines. Ceci s’explique par la concentration des entreprises dans la métropole économique. Toutefois, l’échantillon contient au moins une entreprise de chaque région du pays.  Par secteur d’activité, les plus touchées par la défaillance exercent soit dans le commerce, soit dans le bâtiment et travaux publics, avec 27 et 21% respectivement. Ces deux secteurs sont suivis par les industries manufacturières et textile-habillement avec respectivement 13 et 11%. Ces chiffres illustrent encore une fois les difficultés que traversent ces secteurs ces dernières années. 
(1) Abdelouahed Alaoui Mdaghri est Professeur à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, Aïn Chock Casablanca. Il est également Directeur du laboratoire finance, banque et gestion des risques et Directeur du Centre des Études doctorales.
(2) Abdelhadi Maniani est également Professeur à la même faculté et membre du Laboratoire Finance, Banques et gestion des risques.

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