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Les participants explorent les moyens de limiter l’érosion de la classe moyenne

Relancer la réflexion sur les moyens de protéger et d’élargir la classe moyenne, en recueillant les avis des acteurs politiques, économiques et sociaux, tel est l’un des objectifs de la cinquième édition du Forum parlementaire sur la justice sociale, dont les travaux se sont ouverts hier à Rabat. Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette rencontre était une occasion pour dresser un diagnostic général de la situation de cette classe, relever les dysfonctionnements et proposer des pistes de réflexion.

Les participants explorent les moyens de limiter l’érosion de la classe moyenne
Ouverture du cinquième Forum parlementaire sur la justice sociale à la Chambre des conseillers, en présence du président de la Chambre des conseillers, Hakim Benchamach, et du président du CESE, Ahmed Reda Chami.

C’est un diagnostic alarmant qu’a dressé le président de la Chambre des conseillers, Hakim Benchamach, mercredi à Rabat, de la situation de la classe moyenne au Maroc. Selon M. Benchamach, cette classe ne représenterait en effet que 25% de la population. Se référant à un rapport de la Banque mondiale publié en 2017 sous le titre «Le Maroc à l’horizon 2040 : investissement dans le capital immatériel pour accélérer l’émergence économique», le président de la seconde Chambre, qui présidait la cérémonie d’ouverture de la cinquième édition du Forum parlementaire sur la justice sociale, a fait savoir que le Maroc était parmi les rares pays émergents à vivre une situation singulière, marquée par la régression de la classe moyenne qui ne représente que 25%, tandis que dans d’autres pays également en voie de développement, comme le Brésil ou la Turquie, cette classe représente plus de 50%. Pis encore, ajoute le même responsable, cette classe se rétrécit encore pour ne représenter que 15% de la population – soit cinq millions d’individus sur 35 millions d’habitants – lorsqu’on prend en compte d’autres variables qui pèsent sur les dépenses de la classe moyenne et qui concernent les services de base comme l’éducation et la santé. Des dépenses auxquelles vient s’ajouter la fluctuation du pouvoir d’achat.
Par ailleurs, au-delà du rapport de la Banque mondiale, le président de la seconde Chambre a mis en avant d’autres indicateurs pour démontrer la fragilité de la classe moyenne. M. Benchamach a évoqué l’élargissement de la classe pauvre et le développement de l’écart entre la classe riche et celle défavorisée, ainsi que l’augmentation du taux d’endettement des familles qui a atteint 30% du PIB en 2017, sachant que 64% de cet endettement est constitué majoritairement de crédit immobilier. Pour pallier cette situation qui menace désormais la paix sociale et la stabilité politique, M. Benchamach a plaidé pour l’élaboration d’un nouveau paradigme qui s’appuie sur l’élaboration de nouvelles politiques destinées à cette classe. Le président de la Chambre des conseillers a mis l’accent sur l’importance d’identifier des solutions pour surmonter les difficultés qu’affronte cette catégorie dans le cadre du nouveau modèle de développement, actuellement en cours d’élaboration.
Une analyse que partage le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, qui a coprésidé la séance d’ouverture de cette rencontre. D’après ce responsable, il est devenu urgent d’alléger la pression fiscale exercée sur cette classe et tenter de répondre à ses attentes dans le cadre d’une politique publique spécifique, dans la mesure où les politiques publiques actuelles s’intéressent peu à cette classe et se focalisent plutôt sur la lutte contre la pauvreté. La future politique pourra s’appuyer sur les pistes de solutions élaborées précédemment par le CESE dans le cadre de ses rapports transversaux. Des solutions qui portent notamment sur l’amélioration de l’offre des services publics de base comme l’éducation et la santé, la promotion des compétences et l’accompagnement des ressources humaines en vue d’améliorer la promotion sociale. Le CESE préconise en outre l’adaptation des impôts aux capacités de la classe sociale et propose l’élargissement du dialogue social pour traiter d’autres questions relatives à la valorisation du patrimoine immatériel, l’amélioration du pouvoir d’achat et la promotion de l’entrepreneuriat.

Pour sa part, Mariam Bigdeli, représentante du Secrétariat général des Nations unies, s’est félicitée des efforts consentis par le Royaume pour promouvoir la justice sociale et réduire les inégalités. La haute responsable onusienne a indiqué que le lancement par Sa Majesté le Roi d’une réflexion autour d’un nouveau modèle de développement vient pour apporter une réponse aux défis socio-économique, promouvoir le capital humain et garantir une meilleure intégration économique et une meilleure lutte contre la pauvreté et les inégalités. Par ailleurs, Mme Bigdeli a fait savoir que le système des Nations unies pour le développement accompagne le gouvernement marocain pour l’appui aux politiques publiques et l’élaboration des dispositifs institutionnels garantissant la lutte contre la discrimination, la violence fondée sur le genre, la protection sociale et l’amélioration de l’entrepreneuriat et l’employabilité.
Le président par intérim du Parlement de l’Amérique latine et des Caraïbes, José Serrano Ricardo, a salué la tenue de cette rencontre tenue sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi, ce qui témoigne d’après lui du grand intérêt accordé par le Souverain à tous les chantiers qui concernent la justice sociale. Le haut responsable s’est par ailleurs félicité des réformes engagées par Sa Majesté le Roi dans le domaine social, mais aussi en matière de droits de l’Homme. Des réformes qui sont couronnées par le lancement d’un débat national autour du nouveau modèle de développement économique.
Il convient de rappeler que la cinquième édition du Forum parlementaire de la justice sociale a été placée cette année sous le thème «L’élargissement de la classe moyenne : locomotive du développement durable et de la stabilité sociale». Organisé à l’initiative de la Chambre des conseillers en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental et les Fondations Westminster pour la démocratie et Konrad Adenauer, ce forum vise à contribuer à approfondir la réflexion sur les moyens de maintenir et d’élargir la classe moyenne, en recueillant les avis des acteurs politiques, économiques, sociaux et civils invités à cette rencontre. 

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