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Les passages plastiques de Mustapha Boujemaoui

Lauréat de grandes écoles d’arts plastiques, Mustapha Boujemaoui est un chercheur assidu qui n’arrête pas de nourrir son processus créatif. Ce qui donne lieu à une diversité de sujets et une multiplication des supports et matériaux de travail. Il est aussi considéré comme l’un des rares peintres au Maroc à avoir réussi une transition entre la peinture et l’art contemporain.

Les expositions de Mustapha Boujemaoui sont toujours un moment de réflexion pour les professionnels et les passionnés, car ses œuvres appellent à une vraie méditation sur le fond du travail. C’était le cas de sa collection, présentée en 2015 à la galerie d’art L’Atelier 21, faisant partie de ses passages plastiques qui aboutissent à un souffle, selon l’artiste, plus spirituel. Une aventure qui avait pris cinq années de recherches et d’expériences tissées sur fond du «verre de ma vie». La démarche réputée de Boujemaoui, dévoilant des figures de même forme, y était. Mais avec un autre aspect de créativité, à travers des réalités picturales inédites à partir de la matrice du «verre de ma vie».
«Chacun de mes travaux représente un autre pas pour la synthèse et le regard. C’est pour cela que je prends du temps pour réaliser mes peintures. Pour moi, cinq années c’est rien. Parce qu’un artiste-peintre chercheur a besoin de temps et de réflexion pour développer et faire évoluer sa démarche plastique. Quand on devient mûr, on est responsable de notre travail. On doit faire soi-même une autocritique et une autoévaluation. Il n’est pas question de faire n’importe quoi», explique l’artiste. 
Mustapha Boujemaoui est, en effet, conscient qu’il parle avec l’histoire et que c’est elle qui va juger ses œuvres dans le futur. Pour lui, une œuvre d’art doit refléter la sincérité de l’artiste et son dévouement. Il n’est donc pas tolérable pour Boujemaoui de travailler dans la rapidité pour exposer tout le temps. Même le concept de répétition, qu’on peut déceler dans ses œuvres, révèle une forte méditation de l’artiste que seule une profonde réflexion dévoile au regard du spectateur. «C’est tout un cheminement que j’ai commencé depuis les années 1970, alors que j’étais à Paris, avec l’exagération dans l’art contemporain, qui a été suivie du travail conceptuel sur la problématique du texte et de l’image, puis les jardins imaginaires et enfin les verres de ma vie. Cette dernière thématique est une symbolique qui dégage beaucoup de générosité, de rencontres, d’amitié, de dialogue… et qui prête à une profonde réflexion». C’est, en effet, une innovation que Boujemaoui réussit par sa maîtrise de la matière et son travail sur les couleurs. 

En tête-à-tête avec l’artiste réalisé par l’équipe de L’Atelier 21

Avec quelle personnalité, quel artiste auriez-vous aimé être confiné ?
Sean Scully, peintre et auteur de l’essai, «Corps de lumière», consacré à Mark Rothko.

Quelle est votre source d’inspiration ?
Quand je fais un saut ailleurs, c’est un nouveau souffle. Un effet de grâce où les idées qui  jaillissent sont souvent inspirées par la réalité naturelle ou sociale.

Comment se déroule le processus créatif ?
Mon processus créatif s’établit par étapes. Il se construit comme une architecture. Parfois, la créativité nous échappe tel un papillon. Il faut essayer, encore et encore, pour la rattraper. La créativité peut aussi être liée au développement personnel, au cycle de la vie.

Une œuvre que vous affectionnez, qui suscite chez vous une émotion particulière ?
Le déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet, impressionniste, majesté de la nature et héros du Salon des Refusés.

Une couleur pour représenter le monde actuel ?
Le vert et le bleu représentent la nature, l’air, la pureté et la santé.

Parcours

Natif d’Ahfir, dans la province d’Oujda, Mustapha Boujemaoui a fait l’École nationale des beaux-arts de Tétouan (1969 à 1972), avant de s’inscrire à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles, puis terminer sa formation artistique à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Ses études universitaires en sciences de l’art ont été couronnées par un DEA en arts plastiques à la Sorbonne Paris 1. En 1982, Mustapha Boujemaoui retourne au Maroc et exerce la fonction d’enseignant des arts plastiques dans un lycée à Oujda, puis en 1988 à l’Institut supérieur des arts dramatiques à Rabat, au Centre pédagogique régional de Rabat et à l’École nationale d’architecture de Rabat. Il a commencé par s’intéresser aux thèmes du voyage, du déplacement, de l’écoulement du temps, avant de multiplier les supports de son art et les matériaux qu’il interroge. Deux concepts fondent son œuvre : la transparence et la répétition. Son brillant parcours lui a valu d’être distingué, en 1995, par le Prix Unesco pour la promotion des arts. Ses œuvres font partie de plusieurs collections au Maroc, le ministère de la Culture, la Fondation ONA, la Caisse de Dépôt et de Gestion, le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain

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