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Comment des patrons ont vécu et réagi à la crise

La pandémie du Covid-19 est unique à bien des égards. Des enseignements sont à tirer de cette crise qui met en exergue le rôle central du transport et de la logistique pour assurer la continuité économique, alimentaire et sanitaire du pays tout entier. N’ayant pu se tenir physiquement, le Salon Logismed a réuni le 15 juillet, en ligne, les neuf membres de son comité économique et scientifique devant une centaine de participants afin de partager des expériences. Témoignages.

Comment des patrons ont vécu et réagi à la crise
Hicham Kitane.Benhayoun.Abdelmajid Halim.

Le Covid-19 constitue-t-il l’événement extrême qui poussera les logisticiens à repenser et à transformer leur modèle de chaîne d’approvisionnement mondiale ? Nul doute et le Maroc n’échappera pas à ce mouvement. Cette crise a eu le mérite de confirmer le caractère vital du transport et de la logistique, mais aussi le malheur de secouer le mode organisationnel et managérial d’un grand nombre d’entreprises marocaines. «Pour l’entreprise industrielle, la crise du Covid-19 a été très dure, car caractérisée par une forte volatilité des prix. Ces entreprises ont dû, pour la majorité, maintenir leur production, et par conséquent stocker leurs marchandises à l’extérieur. Ensuite, il y a l’entreprise importatrice/exportatrice dans la distribution moderne, et qui avait des contrats à respecter incluant des pénalités sur les ruptures de stocks. Autant les grandes entreprises ont l’habitude de gérer les cas de force majeur, autant les PME se sont retrouvées en grandes difficultés puisqu’elles ne pouvaient plus importer de la même manière», décrypte Mohamed Talal, PDG de la Voie Express et, par ailleurs, vice-président de la CGEM et membre du Conseil économique et scientifique du Salon Logismed. Mohamed Talal s’exprimait lors d’un débat virtuel qui a réuni, le 15 juillet en fin d’après-midi, les neuf membres de ce comité et une centaine de participants. Objectif : mesurer l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur l’activité des acteurs de la filière logistique, captant, à elle seule, plus de 400.000 emplois et contribuant pour environ 5% dans le PIB national. Outre l’évaluation de l’amplitude de la pandémie sur la Supply Chain du Royaume, la communauté des transporteurs-logisticiens a clairement mis en évidence les risques gérés pendant le confinement et les changements majeurs subis par les secteurs de l’industrie, du commerce et de la distribution. «Après le Covid-19, la problématique restera entière. De nombreuses lignes maritimes ont été suspendues, d’autres se sont mises en place ou ont été changées. Autrement dit, si auparavant on importait un conteneur une fois par semaine, désormais la fréquence devient mensuelle.
Tout cela a un impact sur les coûts logistiques», fait valoir le vice-président de la CGEM. Ainsi, l’accès des entreprises aux informations sur les changements de lignes maritimes, et surtout sur le type de bateaux, leur permettra de mieux gérer la volatilité des prix et des coûts du fret. 
«La compétitivité va être nécessairement touchée. In fine, les prix des produits vont changer, donc dans le futur on n’aura nécessairement plus les mêmes produits sur le marché, on ne pourra plus produire les mêmes biens, mais on en produira de nouveaux. Et aujourd’hui la PME n’a pas cette visibilité pour savoir anticiper ou deviner», constate Mohamed Talal.  

 

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Hicham Mellakh, directeur Général de Transmel et Président de la Commission Logistique de la CGEM

«Un jour, on nous demandait 50 camions, le lendemain, il n’en fallait que 10»

«L’impact a été rude pour nous puisque nous intervenons dans plusieurs activités, notamment dans le milieu industriel, l’automobile, mais aussi dans l’agroalimentaire. L’automobile s’est arrêtée brutalement. Pour l’agroalimentaire, nous avons fait face à de nombreux problèmes. La non-prévisibilité des commandes entraînait une demande en dents de scie et donc un besoin logistique qui suivait la même courbe. Un jour, on nous demandait 50 camions, le lendemain, il n’en fallait que 10. Cela générait également des temps d’attente, car les chargeurs pouvaient recevoir un afflux de camions, parfois en augmentation de plus de 50% par rapport à leurs capacités journalières. Il a fallu s’adapter.
Le facteur humain a, lui aussi, connu des tensions. Il fallait sensibiliser nos conducteurs, comprendre la psychologie de cette population qui se retrouvait en première ligne. À titre d’anecdote, les autoroutes vides et la pression ont amené des excès de vitesse, ce que nous avons corrigé, mais que dire à nos chauffeurs lorsqu’ils se plaignaient que les aires de repos sur les autoroutes étaient fermées ?»

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Abdelmajid Halim, directeur Supply Chain NABC/Coca Cola Bottler

«Nous sommes allés sur un modèle opérationnel complètement réinventé»

«La crise du Covid-19 nous a tous surpris. Nous étions et sommes encore tous ensemble dans l’apprentissage de nouvelles méthodes de travail, totalement différentes par rapport au pragmatisme du management d’une manière globale et dans la Supply Chain plus particulièrement. Pour NABC (North Africa Bottling Company, le premier embouteilleur de Coca-Cola au Maroc, Ndlr), le challenge était donc énorme, puisqu’il fallait déterminer les vrais besoins des consommateurs en période de crise, étudier la demande et revoir les prévisions. Après, il aura fallu aller sur un modèle opérationnel complètement réinventé. Notre entreprise gère 1.200 pré-vendeurs et livreurs, chacun ayant un contact avec au moins une cinquantaine de clients par jour. Notre chiffre d’affaires global a connu une baisse de 50%, il fallait donc mettre tout un ensemble de garde-fous afin de manager tous les risques de contamination : approvisionnement, production, distribution... Il fallait aussi gérer le risque de rupture de produits finis sur le marché. Je crois que, d’une manière globale, les entreprises qui ont réussi le challenge sont celles qui sont entourées d’un écosystème et de partenaires solides en amont et en aval.»

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Jalal Benhayoun, directeur général de PorNet SA

«Les délais d’enlèvement des marchandises dans les ports ont atteint des records !»

«Contrairement à ce que l’on peut imaginer, nous avons assisté à une certaine fluidité des opérations import-export, notamment sur le volet maritime. Aujourd’hui, nous sommes une communauté de 55.000 usagers qui travaillons ensemble, de façon collaborative, virtuelle, coordonnant presque 44 administrations, les banques et les logisticiens. Les différents plans de simplification des procédures qui ont été opérés bien avant la pandémie ont été accélérés pendant la crise. De nombreux nouveaux services ont ainsi vu le jour, comme la dématérialisation de la demande de franchise douanière et le bon à délivrer. Certains indicateurs ont atteint des records jamais réalisés auparavant, notamment les délais d’enlèvement des marchandises dans les ports. Nous avons également constaté que l’absence du contact humain a eu un effet très positif sur les formalités.»

 

 

 

 

 

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