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Les petites formations prétendent à plus d’équité

Treize formations politiques critiquent le régime actuel et les critères de répartition des aides financières accordées aux formations politiques. C’est ainsi qu’elles ont adressé au ministre de l’Intérieur une lettre où elles proposent un nouveau modèle «plus équitable» pour que les financements ne profitent plus qu’aux grands partis.

Les petites formations politiques s’élèvent contre les partis qu’elles qualifient d’«hégémoniques». C’est la situation qui semble prévaloir sur la scène politique, en cette période de débat au sujet de la réforme des lois électorales : 13 formations politiques qui en veulent à huit autres partis qu’elles accusent d’accaparer les aides financières publiques dédiées aux partis politiques. En effet, les treize formations parmi les petits partis ont adressé une lettre au ministre de l’Intérieur dans laquelle elles expriment quatre propositions en lien avec les mécanismes de distributions des aides financiers destinées aux partis politiques. Il s’agit des Forces citoyennes, le Parti de la réforme et du développement, le Parti du Centre social, le Parti de la renaissance et de la vertu, le Parti de la liberté et de la justice sociale, le Parti Al Amal, le Parti de la société démocratique, le Parti de la Choura et de l’Istiqlal, le Parti des nouveaux démocrates, le Parti de la renaissance, le Parti de l’environnement et du développement durable, le Parti démocratique national et le Parti de l’équité. Ces formations considèrent que les financements profitent plus principalement à huit partis politiques. 
Ainsi, les treize partis souhaitent que «les aides financiers supplémentaires, conformément aux Directives Royales, soient réparties à parts égales entre l’ensemble des partis». Ils ont appelé, en deuxième lieu, à la suppression du système du seuil qui détermine les sommes à accorder à chaque formation pour financer les frais de gestion des formations politiques. Ils estiment que l’appui financier doit être fait selon une somme forfaitaire à accorder à tous les formations et une deuxième partie supplémentaire à répartir selon les voix obtenues lors des élections législatives par chaque parti tout en supprimant le régime des avances supplémentaires. Ils veulent aussi que les candidats aux élections bénéficient d’une aide directe selon les voix obtenues, et ce après la validation de leurs dépenses électorales par la Cour des compte. Une aide à accorder par les fonds consacrés aux élections. Selon les treize formations, ces propositions sont de nature à consacrer le principe de l’égalité dans la distribution des aides financières publiques, pour qu’elles ne profitent plus, estiment-ils, à seulement huit partis qu’ils qualifient d’hégémoniques.

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Questions à Chakir Achahbar, président du Parti de l’équité

«On fait le jeu des partis hégémoniques»

 

Quelle est votre appréciation des consultations en cours avec le ministère de l’Intérieur au sujet de la réforme des lois électorales ?
C’est une tradition au Maroc que de se concerter à la veille des élections. Nous avons été consultés comme les autres partis. On écoute, mais que va-t-il advenir des différentes propositions émises ? Nous n’avons pas vraiment une idée claire à ce sujet. Sinon, s’agissant des changements des lois, cela va aboutir au Parlement et il y a un gouvernement qui a une majorité qui va faire passer les lois qu’il veut. Quand il s’agit de choses plus techniques qui dépendent directement du ministère de l’Intérieur, là aussi nous avons proposé un certain nombre de points, toujours dans l’optique d’améliorer le rendement des élections, c’est-à-dire faire en sorte que ces élections soient transparentes et permettent la concurrence loyale entre les parties politiques, et pour que le processus électoral puisse attirer un maximum de gens pour aller voter. Nous avons en particulier insisté avec un certain nombre de partis, sur les conditions qui garantissent l’égalité des chances devant les électeurs. Ceci est lié aussi à l’accès aux médias et au financement public. Ce financement permet aujourd’hui à huit partis de contrôler la scène politique.
Maintenant, nous allons voir ce qu’il va se passer, mais nous ne sommes pas très optimistes. Car nous sommes habitués à participer à ce genre de consultations. Il n’en sort rien de vraiment extraordinaire depuis déjà plusieurs années. Nous, ce qu’on voudrait, c’est que les partis politiques prennent conscience que la politique au Maroc est en crise. Les partis politiques, surtout ceux qui ont une responsabilité et qui sont représentés au Parlement, n’ont plus de crédibilité auprès des votants. Alors que les forces vives de la Nation, S.M. le Roi en tête, ont toutes appelé à un renouveau politique qui, normalement, devrait se faire à partir d’une nouvelle vision et d’une nouvelle manière de faire la politique et surtout à partir d’élections où l’on garantit l’égalité des chances.

Concrètement, quelles sont les propositions que vous avez formulées devant le ministère de l’Intérieur lors de ces consultations ? qu’en est-il du quotient qui fait polémique ?
En fait, c’est une fausse polémique. C’est une polémique qui n’a d’effets que sur des choses très marginales, il aura des résultats très marginaux au niveau des élections communales. Maintenant je trouve que c’est dommage d’entrer dans ce genre de polémique, alors que les systèmes électoraux que le Maroc utilise sont des systèmes qui sont adoptés dans beaucoup de pays. Donc on peut voir s’agissant du quotient, qui est un problème technique, la tendance dans la majorité des pays démocratiques et comment ceux-ci le définissent et prendre une décision à partir de là. Comme on peut maintenir celui que nous avons ou le changer. Mais de toute façon, cela ne va rien changer.
Il y avait des questions plus importantes, des propositions émanant des partis qui sont au gouvernement, par exemple, pour aller vers l’uninominal au niveau du Parlement. J’ai remarqué que ces partis ne parlent plus aujourd’hui de cela et discutent du quotient électoral qui ne touche que le vote par liste. Cela veut dire que ce sont des acteurs politiques qui ont fait leur calcul et qui ont donc fait marche arrière par rapport à un principe très important au Maroc. Il s’agit de ce principe qui suppose que le Marocain voudrait connaître et voter directement pour son parlementaire. Or aujourd’hui, on ne veut pas respecter cette volonté du citoyen marocain. À cause de cela, nous avons beaucoup de citoyens qui s’abstiennent de voter, car ils ne veulent pas voter pour une liste dont ils ne connaissent que la tête de liste.
Au niveau des communes, c’est la même chose, on a fait baisser la participation des citoyens, et c’est voulu, parce que cela arrange des gens et des partis qui ont chacun des clients et pensent qu’ainsi ils auront suffisamment de voix pour avoir les postes qu’ils cherchent. Nous, nous avons défendu un système uninominal qui ramène la crédibilité et la participation des citoyens. On veut aussi que tous les partis aient la possibilité de présenter leurs programmes dans les médias publics. Car si on est dans une logique de double mesure, bien évidemment on joue le jeu des partis hégémoniques.

Est-ce qu’il y a une coordination entre votre parti et d’autres formations politiques qui ont la même position que vous ?
Oui. Nous avons rédigé une lettre collective à 13 partis adressée au ministère de l’Intérieur. Dans cette lettre, nous lui demandons d’adopter des mesures qui garantissent l’équité pour le financement public et l’égalité de traitement. Car il y a un phénomène qui est incompréhensible. Pour les huit partis hégémoniques, on compte les voix qu’ils obtiennent et on leur donne un financement en conséquence. Or pour les autres partis, on ne leur donne aucun sou pour les voix qu’ils ont obtenues. Nous appelons donc pour que, quel que soient les voix obtenus, nous devons avoir un financement y correspondant. Nous ne disons donc pas qu’on va prendre plus que ceux qui ont plus de voix.
Un autre principe sur lequel les 13 formations se sont mises d’accord et qu’ils ont proposé est que les candidats, au lieu d’aller quémander chez les partis une aide financière électorale, puissent s’engager directement dans ces élections et aller vers le fonds dédié au financement électoral géré par l’État. Les candidats doivent aller directement pour demander qu’on leur paye le financement pour leurs campagnes électorales. Et ce à condition, bien sûr, que la Cour des comptes valide leurs comptes électoraux. Voilà un mécanisme qui permet à n’importe quel candidat de n’importe quelle formation d’aller vers l’État et d’obtenir le financement qui est prévu, justement, pour les campagnes électorales. Ce sont des mécanismes transparents qui permettent à tous les partis de profiter des financements et qui ne donnent pas un avantage à huit partis pour continuer à être hégémoniques et continuer à produire la non-politique dans ce pays.

Outre le financement, il y a la problématique du seuil électoral qui a toujours suscité la colère des petites formations. Quelle est votre position aujourd’hui à ce sujet ?
Nous avons déjà, au sein des treize partis, appelé à éliminer les seuils électoraux, car ils ne servent strictement à rien, si ce n’est à éliminer les petits partis. Ces derniers sont exclus du financement, d’un côté, et n’obtiennent pas des représentants dans la liste nationale, de l’autre. C’est-à-dire que dans la liste nationale il y a 90 sièges, à partir du moment où on met un seuil, on empêche pratiquement 26 partis de pouvoir aspirer à avoir une représentation au niveau de la liste nationale. On laisse donc huit partis se partager les sièges de cette liste. C’est encore un mécanisme qui contribue à la création d’une rente politique pour les partis politique hégémoniques.

Quelle sera donc la prochaine étape des consultations au sujet de ces élections ?
Je pense que le ministère de l’Intérieur est sensé, à un moment donné, puisqu’il s’est engagé à écouter tous les partis et essayer de faire une synthèse, il devra rendre publique cette synthèse qui relatent les positions des partis politiques. Cela aidera un peu l’opinion publique et les médias à comprendre les positions des uns et des autres. Parce que certains disent des choses aux médias, mais quand ils sont face au ministère de l’Intérieur, ils disent autre chose. Il est donc intéressant de comprendre ce que dit réellement chacun. Puis on attend de voir les propositions sur lesquelles va s’aligner le gouvernement. Pour nous, le ministère de l’Intérieur ne fait aujourd’hui qu’un travail technique. Nous demandons qu’il fasse mieux. n

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