Avant que l’épidémie du coronavirus ne devienne un invité indésirable dans divers aspects de la vie, les pigeons voyageurs qui ont choisi d’élire domicile à Casablanca et ses environs se déplaçaient librement dans les cieux, donnant à voir de captivants tableaux de voltige, d’agilité et de beauté. Depuis, la situation a changé. Le bel oiseau ne peut plus voler ou pas autant qu’avant, la pandémie empêchant l’organisation de compétitions de pigeons voyageurs, au grand dam des éleveurs et des fans de cette espèce de plus en plus impatients d’exercer leur passion favorite, d’autant que la relation des éleveurs avec leurs pigeons ressemble grandement à celle qu’entretient un cavalier avec son cheval. La ville de Casablanca est connue par l’organisation de nombreuses compétitions et de concours réservés aux pigeons voyageurs, à l’image de certaines régions du pays. L’essor qu’a connu cette discipline dans la capitale économique a contribué à l’émergence d’associations spécialisées dans la promotion de l’élevage et la préservation de cette prestigieuse variété. Hicham Raji, un colombophile notoire possédant un grand essaim de pigeons voyageurs dans le quartier Al-Farah à Casablanca, explique que la participation à une compétition suppose d’abord l’adhésion à une association, une bonne connaissance des règles et une bonne préparation.
La compétition se déroule comme suit : Un grand nombre de pigeons sont transportés de leur milieu familier vers une zone éloignée, à déterminer à l’avance. On place une bague dotée d’un numéro secret sur chaque pigeon. L’heure du lâcher est convenue au préalable. L’oiseau doit retrouver le chemin du retour plus vite que les autres concurrents. M. Raji, également membre de l’Association marocaine des pigeons voyageurs, indique que pendant la période de vol et de course, longue parfois de centaines de kilomètres, l’attente dure selon les conditions de la compétition, la capacité d’endurance du pigeon et la vitesse du vol, précisant que dès qu’un pigeon arrive à son point de chute, le propriétaire l’annonce au comité d’organisation et le facteur décisif dans ce processus est la divulgation du numéro secret placé dans la bague. L’élevage de cette espèce d’oiseau requiert des connaissances particulières qui commencent par accueillir les pigeons à un bas âge et les élever pendant une certaine période de l’année en leur fournissant une nourriture spéciale, dans la perspective de pouvoir voler et voyager pendant une longue période, a-t-il relaté, notant que cela nécessite de grands efforts et une attention spéciale.
Hamid Lakwit, un autre éleveur de pigeons voyageurs installé à Sidi Hajjaj et un habitué de ces épreuves, a fait savoir qu’en raison de la propagation de la pandémie du Covid-19, les associations locales actives dans ce domaine ont cessé d’organiser les concours, rendant compliquée la mission de garder compétitifs les pigeons, essentiellement la capacité de voler de longues distances qui les distinguent des autres pigeons.
Dans toutes les époques de l’histoire humaine, le pigeon voyageur est resté un ami fidèle et proche de l’homme, même si ses missions sont passées d’un transmetteur honnête de messages dans les temps anciens à un concurrent dans les compétitions aujourd’hui.
Pour les éleveurs des pigeons voyageurs, cette espèce est connue par son attachement instinctif à leur résidence principale, vers laquelle l’oiseau retourne quelle que soit la longueur des distances parcourues. Les scientifiques soulignent également la capacité du pigeon voyageur à déterminer avec précision le chemin de son retour au domicile. Des études récentes ont révélé que cette variété a la capacité de dessiner la carte du champ magnétique de la Terre qu’elle utilise pour déterminer sa trajectoire pendant le vol et identifier le chemin du retour à son domicile.
Abdellatif El Jaafari - MAP