Le Matin : Comment se porte le moral des chefs d’entreprises actuellement ?
Chakib Alj : Le tissu économique, notamment les TPE-PME, est extrêmement fragilisé sous l’effet de la sécheresse et de la pandémie, sachant que 2019 était aussi une année difficile. Cela dit, les chefs d’entreprises continuent à batailler dans le but de préserver les emplois, qui est notre priorité majeure et l’un de nos principaux engagements dans le cadre du Pacte pour la relance économique et l’emploi. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), la récession devrait se situer à 5,8% du PIB, avec un déficit budgétaire à 7,4% du PIB. Les entreprises sont aujourd’hui très endettées et nous attendons la mise en œuvre des mesures de soutien par les fonds propres et des plans de relance sectoriels. Des secteurs comme le textile, l’écosystème du tourisme, le commerce, l’événementiel, l’enseignement privé… ont besoin d’un soutien fort.
Quelles sont donc les priorités de la CGEM pour la rentrée économique 2020-2021?
Pour cette rentrée économique, nous avons 4 priorités majeures. D’abord, la mise en place rapide des annonces de Sa Majesté, que Dieu L’assiste, à l’occasion de la Fête du Trône. La nouvelle stratégie de gestion des entreprises publiques (EEP), l’orientation Royale vers les PPP ainsi que le Fonds d’investissement stratégique joueront un rôle déterminant dans cette relance. Leur opérationnalisation est donc essentielle et urgente.
Notre deuxième priorité est de libérer l’économie des freins qui la bloquent actuellement. Par exemple, la simplification de la procédure d’accès des ressortissants étrangers au Maroc est une décision qui sert la relance. Il faut lever tous les verrous qui bloquent notre économie même avant la crise en intégrant l’informel, en trouvant des solutions aux délais de paiement et en simplifiant les procédures administratives. Ceci sans oublier le volet social qui reste l’une de nos principales priorités.
Un autre chantier est le projet de loi de Finances (PLF) 2021 qui, pour nous, doit instaurer les bases d’une économie plus résiliente, agile et compétitive et réinstaurer la confiance chez les opérateurs. Nous sommes en train de travailler sur les recommandations de la CGEM dans ce cadre.
Quelles sont justement vos principales propositions pour le PLF 2021?
Le travail sur le PLF 2021 est en cours et les recommandations de la CGEM seront dévoilées dans les prochains jours. Ce que je peux vous dire à ce stade est que l’apport de la CGEM s’articulera autour de 4 points qui, pour nous, sont fondamentaux. Il s’agit de préserver le tissu productif et améliorer la compétitivité de l’entreprise marocaine, en révisant les démarches et dispositifs fiscaux ou douaniers qui entravent son développement et sa compétitivité. Il s’agit aussi d’encourager la préférence nationale en donnant un corps aux démarches techniques et commerciales. En outre, notre objectif est d’orienter notre système de taxation sur l’acte de consommer en allégeant, voire supprimant toute taxation qui porte sur la valeur créée par l’entreprise. Enfin, il faut intégrer la dimension sociale dans ce PLF.