Jusqu’à présent, le Maroc a fait figure de bon élève depuis l’avènement de la crise pandémique. Mais à l’instar des autres pays du monde, le Royaume ne peut présager une vraie reprise tant que de considérables risques baissiers sont là. En revanche, l’augmentation de la dette publique due à la pandémie de Covid-19 et à ses effets devra être combattue pour revenir à des niveaux plus raisonnables qu’aujourd’hui. «Les services du FMI saluent l’intention des autorités de soutenir la reprise en 2021. Ils conviennent aussi avec les autorités que le processus de rééquilibrage budgétaire doit être progressif et ne devrait être entrepris que lorsque la reprise économique sera solide. Tout en reconnaissant l’incertitude exceptionnelle qui entoure le calendrier et le rythme de la reprise, les services du FMI recommandent dans leurs projections de référence de commencer à réduire le ratio dette publique par rapport au PIB à compter de 2022. Par contre, une reprise économique plus lente que prévu exigerait de repousser l’ajustement budgétaire», souligne Roberto Cardarelli, nouveau chef de la mission du FMI pour le Maroc. Ce dernier a dirigé une équipe pour mener une mission (à distance) dans le Royaume, du 19 octobre au 2 novembre, dans le cadre des consultations de 2020 au titre de l’article IV des statuts du Fonds monétaire international. Afin de rembourser ce surcroit de dettes, des recettes bien connues sont avancées : élargissement de l’assiette de l’impôt, accroissement de la progressivité du système fiscal et réforme de l’administration pour rationaliser les dépenses. Des privatisations amèneraient des marges de manœuvre supplémentaires, préconise le FMI qui prévoit une croissance de 4,5% du PIB pour 2021 en tenant compte de l’absence de sécheresse et de la diminution de l’impact de la pandémie. Cette projection pourrait donc être revue à la baisse si ces conditions n’étaient pas remplies. Les marges de manœuvre budgétaire permettraient en outre de financer l’expansion des programmes de protection sociale, estime l’institution de Bretton Woods.
Flexibilité du dirham : Des études approfondies pour une nouvelle étape
Si la prévision de contraction du PIB se situe entre 6 et 7% pour cette année, le FMI estime que Bank Al-Maghrib (BAM) a pris des mesures «décisives» pour limiter les effets de la pandémie sur l’économie réelle et le secteur financier. «Les banques ont été relativement résilientes face à la pandémie, grâce à leurs niveaux initiaux relativement élevés de fonds propres et de liquidité et à la riposte vigoureuse de BAM. Les services du FMI notent avec satisfaction que BAM a décidé de demander aux banques d’accroître leurs provisions et de suspendre la distribution de dividendes cette année afin de se prémunir contre une détérioration éventuelle du portefeuille des crédits bancaires dans un avenir proche». Concernant le régime de change, le Fonds pousse vers une nouvelle phase et admet «qu’il y a encore beaucoup de travail de préparation». Lors de la conférence de presse virtuelle tenue lundi pour présenter ses conclusions, la mission a insisté sur le rôle central de Bank Al-Maghrib qui reste souveraine dans le calendrier de cette réforme, indiquant que le timing du passage à la deuxième phase était judicieux et que cette opération est une réussite. «Les autorités sont en train d’assurer un suivi étroit des conditions de déroulement de la transition et d’approfondir les études sur tous les volets pour juger du moment opportun pour entamer une nouvelle phase», ont annoncé les équipes du FMI.Le leitmotiv des réformes structurelles
Cette recommandation revient comme un leitmotiv : il est essentiel de faire avancer le programme de réformes structurelles pour solidifier la reprise après la pandémie et atteindre une croissance plus forte, résiliente et inclusive, qui améliore le niveau de vie de l’ensemble des Marocains. «L’élargissement de l’assurance médicale à tous les Marocains contribuerait à accroître l’accès à des services de meilleure qualité, tandis que l’harmonisation de tous les programmes existants d’assistance sociale dans le cadre d’un registre social unifié améliorerait l’efficience et le ciblage du système». Enfin, la mission salue les progrès accomplis récemment dans l’établissement du cadre juridique pour la numérisation de l’administration publique et la simplification de ses procédures, ainsi que les mesures récentes visant à mettre en œuvre la réforme de l’éducation, notamment du système de formation professionnelle, à améliorer la gouvernance et à lutter contre la corruption. n