Échanger sur les enjeux et les bilans de l’éducation et de l’apprentissage au préscolaire et de ses perspectives dans un contexte de crise sanitaire était l’objectif du webinaire «Un préscolaire pour l’École du XXIe siècle» qui s’inscrit dans le cadre de la généralisation du préscolaire dans le Royaume.
Présidant les travaux de ce colloque virtuel, le ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saaïd Amzazi, a fait observer que les conditions difficiles imposées par la crise sanitaire qui a frappé le monde entier ne pourront pas détourner le Maroc de ses objectifs tracés, notamment la généralisation d’un préscolaire de qualité. Le ministre a rappelé, par la même occasion, que le 18 juillet 2018 marque une date historique pour le secteur éducatif marocain. «C’est à cette date précise que le préscolaire a amorcé un virage décisif sous l’Impulsion éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI», a-t-il dit.
«Conscient de ce nouvel enjeu éducatif vivement encouragé et soutenu par les différents organismes internationaux, à l’instar de l’Unicef, de la Banque mondiale, l’Unesco, le Maroc a érigé à son tour l’enseignement de la petite enfance en véritable priorité nationale», a insisté le responsable gouvernemental. Pour lui, le challenge d’aujourd’hui conformément au programme national initié en 2018 était d’atteindre la généralisation de ce programme pour les enfants âgés de 4 et 5 ans d’ci 2027 avant de s’atteler à la tranche des enfants de 3 ans, avec en parallèle une mise à niveau et une réhabilitation progressive de l’enseignement du préscolaire traditionnel. Le ministre s’est réjoui des résultats atteints démontrés par les indicateurs, et ce grâce aux efforts déployés par les Académies régionales d’éducation, les directions provinciales, l’INDH (Initiative nationale pour le développement humain), les associations et le secteur privé. «Le taux de préscolarisation atteint est de 72,5% avec plus de 200.000 enfants scolarisés ces deux dernières années. Plus de 5.000 classes ont été créées et plus de 6.500 éducateurs ont été formés. Le public a grimpé de 23% contre seulement 13% en 2018, sans compter le taux de scolarisation dans le milieu rural qui a atteint 62% aujourd’hui». Des chiffres parlants avancés par M. Amzazi, témoignant d’une performance inégalée en matière du préscolaire au Maroc, fruit d’une mobilisation générale.
Force est de constater qu’au niveau national, le nombre d’enfants inscrits en préscolaire s’est élevé à 910.428 au titre de l’année scolaire 2019-2020 pour confirmer le taux de 72,5%, selon les dernières statistiques du ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Dans le même ordre d’idées, Mohammed Rhachi, président de l’Université Mohammed V de Rabat, a indiqué que l’enseignement et l’apprentissage de la petite enfance représente de par le monde un investissement sûr pour la société et un facteur puissant pour assurer son développement et sa prospérité. Le président de l’UM5 de Rabat n’a pas manqué de souligner qu’une attention particulière a été donné à ce programme et pour relever le défi de la réforme du système éducatif, le préscolaire devient obligatoire pour l’État, la famille et est intégré dans la filière de l’enseignement obligatoire et de base». Et d’ajouter que «l’importance que revêt la période préscolaire dans la construction du petit enfant et dans son devenir d’adulte nous impose que nous soyons tous d’accord sur la mise en place d’une approche inclusive et la consolidation des objectifs visés par le système éducatif».
Rappelons que les travaux de ce webinaire se sont articulés autour de trois panels : «Une vision éducative et pédagogique pour une éducation de qualité au préscolaire : état des lieux et enjeux, stratégie et vision», «Le préscolaire dans un contexte de crise sanitaire» et «L’école inclusive». Un panel de professionnels et d’experts dans leurs disciplines était au rendez-vous pour donner un plus au débat. Tous sont unanimes pour dire que l’investissement dans le développement de la petite enfance est un pari gagnant. Les premières années de scolarité sont décisives dans le développement de la personnalité de l’enfant, ses choix ultérieurs, son devenir. L’impact de l’éducation préscolaire sur la réussite n’est plus à démontrer, si on se réfère aux travaux des recherches scientifiques.
Hafida Mdarssi, professeure à l’Université Mohammed V de Rabat et coordinatrice de l’événement
«Le système éducatif marocain est en plein essor pour recouvrer le statut d’antan. Beaucoup de chantiers sont lancés et parallèlement gérés dans la voie de la qualité (le préscolaire, l’enseignement inclusif, l’école de la deuxième chance…). Le préscolaire a vu le jour à la Faculté des sciences de l’éducation depuis les années 1990. Il a évolué grâce à une équipe d’experts, marocains et non marocains, pendant plusieurs années à travers plusieurs expériences, dont la formation d’éducatrices et d’éducateurs en faveur des écoles privées et la mise en place d’une licence professionnelle pour la formation dédiée à l’enseignement public. Pour ce qui est de l’école inclusive, c’est une institution qui répond d’abord aux recommandations liées au contexte arabo-musulman qui nous dicte la justice et la solidarité, ensuite au projet de développement lancé par le Royaume du Maroc qui priorise le développement humain, dont la devise est l’égalité des chances, sans oublier le pacte International qui œuvre sans répit en faveur des droits de l’Homme. Le Maroc se distingue par la conjugaison de beaucoup d’efforts de la part de beaucoup d’instances officielles et non officielles : fondations, associations, parrains, création d’un ministère (ministère de la Solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille) dont l’une des tâches principales est l’accompagnement des personnes en situation de handicap et, bien entendu, le Programme national de généralisation et de développement du préscolaire lancé en 2018 par le ministère de l’Éducation. Je pense qu’il y a toute une dynamique qui a été créée dans le chantier de l’inclusion à l’école. Le Maroc est convaincu que le secret du développement d’une Nation passe d’abord par le développement humain. C’est ainsi que le Chantier national du développement reste stratégiquement multidimensionnel et l’inclusion est l’un des chantiers prioritaires. À ce propos, il faut mentionner quelque chose de très impressionnante, c’est que tous les marocains, s’engageant amplement dans ce chantier. Par conséquent, d’ici quelque temps, le système éducatif marocain connaîtra une configuration très satisfaisante.»