Dans le cadre de sa contribution au grand effort national de recherche autour de la pandémie Covid-19, l’Université Ibn Tofaïl a procédé à la publication d’un ouvrage collectif pluridisciplinaire sous la direction des professeurs Jamal Al Karkouri et Ahmed Ferhane de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Kénitra.
Intitulé «La vie au temps du coronavirus», ce livre est constitué de 432 pages et rassemble 29 articles réalisés par 34 auteurs appartenant aux différentes disciplines scientifiques et littéraires. Un comité de lecture constitué de 26 enseignants-chercheurs de quatre universités marocaines a été institué en vue de garantir la qualité scientifique et académique des articles.
Évoquant la genèse de cet ouvrage, qui enrichira sans nul doute la bibliographie nationale, le Pr Mohamed Zarrou, doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines a souligné, dans une déclaration au «Matin», que le livre constitue une réponse à une question qui ne cesse d’être posée sur l’interdisciplinarité et l’interaction entre les différents domaines de la science et du savoir, estimant, à cet égard, que toutes les productions de la connaissance humaine se complètent et s’enrichissent mutuellement.
«L’importance de cet ouvrage collectif, précise-t-il, réside dans le fait qu’on y trouve l’analyse de l’historien, du philosophe, du géographe, du sociologue, du linguiste et des scientifiques qui abordent la question de la pandémie, chacun à partir de son domaine de compétences».
De son côté, Jamal Karkouri, professeur de géographie, a indiqué que la propagation de la pandémie du Covid-19 à travers la planète a incité les enseignants universitaires à mener une réflexion sur un sujet qui préoccupe l’humanité toute entière, d’où l’importance de la réalisation d’un tel travail. Il a révélé, à cet effet, qu’il s’agit du premier ouvrage collectif publié en arabe et en français, aux niveaux du monde arabe et du continent africain.
«À l’occasion de la propagation de la pandémie du Covid-19, explique-t-il, nous avons constaté, avec regret, que la recherche scientifique nationale n’a pas accordé beaucoup d’importance aux phénomènes épidémiologiques». La réalisation de ce livre, conclut-il en substance, est une contribution de l’Université Ibn Tofaïl dans l’effort de documentation et d’archivage d’un moment très important de l’histoire nationale.
Lors de son allocution, Pr Sanae Ghouati, enseignante de littérature française, a estimé que certains pays, à l’image du Maroc, ont vite pris les bonnes décisions, l’élément-clé du catéchisme du progrès. «C’est dans le contexte de la pandémie, note-t-elle, que le livre collectif a vu le jour. Une idée folle née entre la philosophie et la géographie». Membre du comité de lecture, elle estime que cet ouvrage collectif est l’une des rares publications où des spécialistes en épidémiologie, en gouvernance ou en économie côtoient le sociologue, le philosophe, le linguiste, l’historien ou le géographe. «Au lieu de nous accabler, rassure-t-elle, cette pandémie nous a donné des ailes». Une manière de dire que les rudes épreuves peuvent être salutaires.
À noter que cet ouvrage, qui a été présenté en présence du Pr Azeddine Midaoui, président de l’Université Ibn Tofaïl, des doyens de Facultés et des directeurs des grandes écoles, réunit plusieurs thématiques. Ainsi, la philosophie se pose des questions sur la place de l’éthique et du sens de l’humain en situation de crise. L’histoire creuse dans les pandémies passées pour nous fournir des enseignements qui peuvent être utiles dans le présent. La sociologie et la psychologie se préoccupent des changements au niveau des comportements individuels et sociaux et des effets psychologiques causés par la crise actuelle. La linguistique se soucie des expressions technolectales au temps du coronavirus.