Le pari de la Botola Pro 2019-2020 a été gagné. Peu de championnats africains peuvent se targuer d’avoir bouclé la saison la plus singulière de l’histoire. Force est de constater que le scénario de dénouement a été le meilleur argument en faveur de la qualité du football national. Le trio de tête, le Raja, le WAC et la RS Berkane, a montré, à qui en doutait encore, que le football marocain ne doit en aucun cas ses succès au lobbying, mais bien à la réalité du terrain. Après tout, ce même trio – en plus du Hassania – est présent en demi-finales des deux compétitions interclubs de la CAF. La saison passée, pas moins de cinq clubs disputaient ces joutes continentales.
Une visibilité prouvée
La dernière journée et son suspense intenable ont trouvé écho partout dans le monde arabe et en Afrique. Les sites spécialisés ont même assuré le direct de la dernière journée, avec une mise à jour en temps réel, au fur et à mesure que la situation évoluait. Certains se sont targués d’avoir «flairé le coup de la dernière minute», une marque déposée du football marocain. Mais derrière ce constat réel et satisfaisant d’un football chatoyant sur le terrain, la Botola Pro est loin d’être l’exemple de professionnalisme, dans un secteur qui en manque tellement.En effet, dès qu’on quitte le rectangle vert, les problèmes se multiplient. D’abord, l’organe gestionnaire est d’une passivité légendaire, au profit du président de la Fédération. C’est Fouzi Lekjaâ qui a imposé le retour de la Botola. C’est encore Lekjaâ qui préside aux destinées financières de la LNFP et c’est encore Lekjaâ qui gère l’arbitrage. Si la décision de revenir à la compétition sera à jamais à mettre au crédit du président de la FRMF, les deux autres aspects du jeu sont un échec infini. Depuis la séparation avec Maroc Telecom, le manque à gagner n’a jamais été compensé.Alors que les clubs sont au bord de la crise financière, la Botola n’a toujours pas trouvé preneur de ses droits télévisuels. Impensable de voir un produit autant demandé ne pas jouir de la moindre promotion commerciale. Même le logo de la Botola n’a pas changé en près d’une décennie. Sans vouloir manquer de respect à nos confrères, la retransmission télé est digne de la Roumanie de Ceaucescu. La presse spécialisée est aux abonnés absents, ou se substitue aux supporters, au lieu de s’en tenir aux faits. Le bilan est vite fait : nous avons le meilleur, mais nous manquons de vision. Un jour ou l’autre, la qualité du terrain s’épuisera et on se retrouvera face aux démons du passé, où la Botola n’attirait même plus ses principaux acteurs.