Le projet d’extension de Somaca à la casse !

C’est la douche froide pour l’écosystème automobile marocain. Le Groupe Renault a décidé de suspendre son projet d’augmentation des capacités de son usine casablancaise Somaca. Du coup, l’espoir d’atteindre les 160.000 véhicules produits par an à l’horizon 2022 sur ce site s’évapore. Ce projet d’extension avait été dévoilé en octobre 2018 et prévoyait donc le doublement de la capacité de production de Somaca, ce qui devait porter à 500.000 véhicules par an celle de Renault Maroc et, partant, insuffler une nouvelle dynamique à l’emploi dans le secteur. Actuellement, la Somaca affirme disposer d’une capacité de production de 100.000 véhicules. Renault et le gouvernement, à travers son plan d’accélération industrielle, entretenaient de belles ambitions autour de ce projet. En mars 2019, c’est-à-dire six mois après l’annonce du projet d’extension, le constructeur français avait racheté les 20% que détenait jusqu’alors son compatriote PSA dans Somaca. Il en détient aujourd’hui 99%, le reste appartenant à des petits porteurs. «Dans le contexte de crise mondiale actuelle et de baisse de la demande mondiale, le groupe confirme la suspension de l’augmentation de la capacité de son usine de Casablanca et s’en tient à l’augmentation réalisée à ce jour. L’usine de Tanger, n’étant pas initialement concernée par le projet d’augmentation de capacité, dispose d’une capacité installée de 340.000 véhicules par an. La capacité industrielle installée de Renault au Maroc, avec ses usines de Tanger et de Somaca, est aujourd’hui à 440.000 véhicules par an», déclare Renault Maroc suite à la décision de la maison mère. La filiale rappelle que le projet de doublement de la capacité totale de Somaca était venu en réponse à la demande des véhicules de la gamme Global Access.
La suspension de ce projet figure dans un plan drastique d’économies annoncé le 29 mai par le géant de l’automobile. Cette feuille de route, qui couvrira 3 ans, permettra au groupe d’économiser 2 milliards d’euros. L’objectif étant de restaurer la compétitivité de la marque à travers un projet de restructuration de six usines en France et la suppression de 4.600 emplois dans le pays sur un total de 15.000 à travers le monde. «Ce projet d’ajustement des effectifs s’appuierait sur des mesures de reconversion, de mobilité interne et des départs volontaires. Il s’étalerait sur 3 ans et concernerait en France près de 4.600 postes auxquels s’ajouterait la réduction de plus de 10.000 autres postes dans le reste du monde», détaille dans un communiqué le groupe tricolore. En plus du Maroc, Renault prévoit également la suspension de ses capacités en Roumanie, l’adaptation des capacités de production en Russie et la rationalisation de la fabrication de boîtes de vitesse dans le monde. «Les difficultés rencontrées par le groupe, la crise majeure à laquelle est confrontée l’industrie automobile et les urgences liées à la transition écologique, sont autant d’impératifs qui conduisent l’entreprise à accélérer sa transformation», explique le constructeur. Le projet de plan permettra de renforcer la résilience de l’entreprise en privilégiant la génération de cash flow, tout en maintenant le client au centre de ses priorités. Il s’appuie sur «l’efficacité» des opérations au sein du groupe en simplifiant les processus et en réduisant la diversité des composants au sein des véhicules avec un ajustement des capacités industrielles.