Les propositions phares de Gianni Infantino pour moderniser le football africain

Dans un discours très offensif devant les représentants des 54 associations membres affiliées à la CAF, Gianni Infantino a dressé un sombre constat sur le football africain, pourtant regorgeant de «talents». L’Italo-Suisse a assuré que le football en Afrique connaît une «involution» au lieu de l’évolution. Pour étayer son propos, il a souligné que la subvention de la FIFA n’a aucun impact sur le football en Afrique : «La subvention de la FIFA est passée de 27 millions de dollars au temps de Sepp Blatter à 120 millions de dollars actuellement, mais sans réel impact», a-t-il indiqué. Pour y remédier, il a proposé à la CAF d’«améliorer sa gouvernance» avec la collaboration de la FIFA, prévoyant des changements au niveau de la «gestion des flux financiers» et de la «structuration des organismes internes».

Ce n’est pas tout. Infantino a révélé que la rentabilité des compétitions de la CAF est très limitée, évoquant même une «involution». Il a exhorté la CAF à opter pour une CAN tous les 4 ans au lieu de deux ans. «La Coupe d’Afrique des Nations génère 20 fois moins de bénéfices que le Championnat d’Europe à titre de comparaison. L’on me dit que le modèle économique de la CAF est dépendant de cette CAN qui se déroule tous les deux ans et que le développement des infrastructures l’est aussi. Mais je peux vous assurer qu’avec une CAN tous les 4 ans, les recettes de cette compétition seraient multipliées par 4, voire 6 !» Un vrai réquisitoire contre la CAF et son modèle de développement. Cette proposition d’une CAN tous les 4 ans devrait, si elle est adoptée, permettre au président de la FIFA d’atténuer les critiques des clubs européens qui se plaignent du retour de la CAN en hiver.

Création d’une «Superligue» interclubs

L’autre proposition phare faite par le président de la FIFA aux responsables de la CAF est la création d’une «Superligue» interclubs. Une compétition qui risque également de faire de l’ombre à la Ligue des champions d’Afrique. Cette «Superligue», dixit Infantino, devrait générer 200 millions de dollars : «Je pense aussi à une Ligue interclubs, où chaque pays sera représenté par 2 clubs qui continueraient quand même à disputer le championnat local. Ce genre de compétitions peut générer jusqu’à 200 millions de dollars par an, ce qui la propulserait dans le top 10 mondial. Beaucoup de personnes s’y opposent à l’étranger, car ça leur fera de la concurrence, mais avec la confiance de la CAF, on peut considérablement développer les compétitions pour des gains plus conséquents et donc une plus grande marge de développement», a-t-il expliqué.

Infantino a également appelé à créer de nouvelles compétitions pour les jeunes africains, notamment les U17 et les U20. Selon Infantino, la formule actuelle de la Champions league n’est pas suffisamment rentable : «la Ligue des champions CAF génère un montant avoisinant les 15 millions de dollars, la Champions League européenne, elle, génère 20,5 milliards de dollars ! C’est dire que la comparaison n’a même pas lieu d’exister ! Il faut oser repenser les compétitions interclubs africaines pour proposer un produit plus compétitif et se rapprocher de l’élite. Il faudrait envisager la suppression de la Ligue des champions et la Coupe de la CAF en faveur de la nouvelle Ligue interclubs, mais rien n’est encore décidé, il faut y penser avec pragmatisme pour hisser le niveau des compétitions interclubs africaines». 

Un milliard de dollars pour doter chaque pays africain d’un stade aux normes FIFA

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a beaucoup mis l’accent sur le développement des infrastructures footballistiques en Afrique, lors du Séminaire de développement des compétitions et de l’infrastructure en Afrique, tenu samedi au Centre Mohammed VI de football à Maâmora. Le président de la FIFA a proposé aux 54 présidents des Fédérations africaines de contribuer à l’équipement de leurs pays respectifs en stades répondant aux normes de la FIFA, sinon des centres de formation de haut niveau pour les pays disposant de stade modernes. «La FIFA et la CAF réuniront un panel de partenaires et un fond minimum de 1 milliard de dollars américains pour réaliser des investissements infrastructurels solides et durables en Afrique, à partir desquels la FIFA s’assurera que ce financement est géré via des procédures comptables transparentes. Nous élaborons donc une proposition visant à mobiliser 1 milliard de dollars pour construire au moins un stade de haut niveau dans les pays de chacune des 54 Fédérations membres de la FIFA et de la CAF. Dans les pays où il y a déjà au moins un très bon stade, les investissements peuvent se faire dans d’autres infrastructures, comme ce somptueux Centre Mohammed VI de football à Rabat», a expliqué Gianni Infantino samedi, tout en soulignant que cette procédure n’est pas obligataire pour les Fédérations africaines. Plusieurs représentants de banques africaines et d’autres organismes de financements étaient présents samedi au Centre Mohammed VI de football, afin d’étudier avec les responsables du football africain la faisabilité de la proposition de la FIFA. Les échos après les workshops étaient globalement favorables à cette proposition.