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La Recherche & Développement au Maroc : Réalités et perspectives

Que ce soit pour les pays, les entreprises ou les individus, la Recherche & Développement et l’innovation sont aujourd’hui incontournables. Créer de la valeur, améliorer son offre, anticiper, gérer le changement… sont autant d’objectifs escomptés auparavant, avec la pandémie, le R&D et l’innovation se sont avérés être des facteurs de survie et de sortie de crise.

La Recherche & Développement au Maroc : Réalités et perspectives

Le constat étant fait de façon très claire et évidente de par le monde, il convient aujourd’hui de se poser la question sur le Maroc. L’effort en matière de Recherche & Développement (R&D) est-il à la hauteur des enjeux de développement dans un environnement d’innovations et de mondialisation ? C’est, entre autres, la question à laquelle ont tenté de répondre une quinzaine d’expert(e)s venu(e)s de tous les horizons, industriel, académique, médical, pharmaceutique, agricole, réunis dans le cadre d’une série de webinaires organisés par Panorapost.com. Les constats, avis et recommandations qui ont découlé de ces rencontres ont été rassemblés dans un document-référence pour la R&D et Innovation au Maroc.
Après avoir passé au crible les réalités de la R&D et de l’innovation au Maroc, le rapport s’est attelé à définir un certain nombre de leviers à actionner pour promouvoir le secteur. Convaincus que le Maroc peut espérer à des transformations importantes et dessiner de belles perspectives d’avenir, l’étude conclut qu’il existe aujourd’hui au Maroc une conscience éveillée sur les talents cachés, qui ont été libérés à l’occasion de la crise sanitaire du Covid-19. «Le Maroc peut donc capter des business avec des technologies dont il ne dispose pas aujourd’hui. C’est l’objet de la souveraineté industrielle et scientifique, et le Royaume affiche pour cela un important potentiel, en termes de R&D et d’innovation, à même de le transformer de pays sous-traitant et vendeur de main-d’œuvre en nation qui se positionne sur des enjeux technologiques à moyen et à long termes», note le rapport. 

Quel état des lieux ?
Pour faire le diagnostic de la situation au Maroc, le rapport retient trois indicateurs clés qui permettent de mesurer la performance en R&D : la production de savoir, le potentiel d’innovation et de valorisation, et la qualité des chercheurs, à travers celle de leur formation. D’emblée, l’étude indique que le Maroc dispose de 63 centres d’études doctorales et d’environ 1.400 structures dédiées à la recherche (centres, labos, instituts…). Un nombre qui pourrait sembler intéressant, mais qu’en est-il de la production ? En 2018, près de 4 millions de publications sont parues dans le monde, dont seul 0,2% pour le Maroc, soit environ 7.081 publications, l’équivalent de 0,5 article par an et par chercheur. Un niveau insignifiant comparé à la moyenne internationale qui est de 2 publications par an et par chercheur. Avec cette moyenne, le Maroc se classe 58e au niveau mondial et sixième an Afrique, après l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria, la Tunisie et l’Algérie.
Autres indicateurs pointés par le rapport : le nombre de publications dans des revues scientifiques et de brevet. Là aussi, les chiffres doivent interpeller : Dans les 100 revues scientifiques les mieux classées dans le monde en matière d’impact, le Maroc n’aura publié que 0,07% des 100.000 articles au total, dont les 2/3 dans le domaine médical. Et sur les 3,3 millions brevets déposés dans le monde, en 2018, 46% sont pour la Chine, 18% pour les États-Unis, et seulement 0,08% pour le Maroc.
Conséquence directe de ce constat, la part de la R&D dans le PIB national. Selon le rapport publié par Panorapost.com, «la R&D au Maroc, c’est 0,8% du PIB (incluant salaires, primes, assurances, charges fiscales et sociales, frais divers…) contre 2,3% en moyenne pour les pays de l’OCDE (pour la seule activité de recherche)».
Après ce constat choc, il est important de tenter de comprendre les raisons. Si les experts s’accordent à dire que la recherche scientifique est une activité relativement jeune au Maroc, ils identifient cependant un certain nombre de problématiques comme l’absence de loi sur la recherche scientifique, la faible coordination et implication des départements concernés par la recherche scientifique, l’absence de statut spécifique de chercheur, ou encore la grande disparité entre les domaines couverts (40% dans le domaine des sciences humaines et sociales, avec seulement 13% qui produisent).

Quel avenir de la R&D ?
S’inscrivant dans un esprit pratique, les experts réunis par Panorapost.com ont identifié un certain nombre de pistes pour promouvoir la R&D à court et à moyen termes. Ainsi, ils ont dressé trois grandes recommandations : 
• La R&D doit devenir un devoir d’État.
• La R&D doit devenir une priorité pour l’université. 
• La R&D doit devenir une mission indispensable et non facultative pour l’enseignant-chercheur.
En effet, pour que le secteur soit impactant, il est indispensable d’élaborer une organisation pour permettre une meilleure gouvernance. Il s’agit notamment, selon le rapport, de créer une instance fédératrice et centralisée qui va accueillir les différentes parties prenantes (organismes, universités, centres…) et impliquerait le privé, le public, l’université, le Régions et des représentants de chercheurs. «Cet organisme appellerait les fonds du privé, et serait chargé de l’adoption d’une loi entièrement dédiée à la R&D, afin de scinder l’activité de recherche, fondamentale pour l’université, et l’innovation, essentielle et lucrative pour le privé. Il pourrait prendre comme exemple la démarche suivie par l’Université Mohammed VI Polytechnique», indique le rapport.
La formation est la deuxième piste retenue pour garantir une qualité de la recherche, «La qualité se mesure par une évaluation qui distinguerait les chercheurs les plus méritants, tant par leurs travaux de recherche que par leurs publications et autres écrits», explique la même source. Le Maroc doit également renforcer les partenariats à l’international pour renforcer la R&D et l’innovation dans plusieurs secteurs. 
Arrive enfin, le financement qui est un facteur crucial pour un lendemain meilleur de la R&D. Comme le rappelle l’étude, les budgets alloués proviennent à 73% de l’État, alors que le secteur privé ne participe qu’à hauteur de 22 et 5% en provenance de contributions 
internationales. Que ce soit pour les pays, les entreprises ou les individus, la Recherche & Développement et l’innovation sont aujourd’hui incontournables. Créer de la valeur, améliorer son offre, anticiper, gérer le changement… sont autant d’objectifs escomptés auparavant, avec la pandémie, le R&D et l’innovation se sont avérés être des facteurs de survie et de sortie de crise.

Repères

Le quadrilatère de la réussite : 
 Créer l’écosystème global, ouvert sur le privé. 
 Avoir une demande.
 Trouver des financements.
 Disposer de compétences et valoriser les chercheurs.

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