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La recherche scientifique tributaire d'une plus grande synergie Enseignement/Entreprises

La recherche scientifique au Maroc constitue un potentiel important qui n’est pas exploité de manière à en faire un levier de la croissance et du développement durable. Dans la course à l’innovation, les acteurs publics et privés sont de plus en plus sensibles à la nécessité de renforcer la dynamique qui anime le monde de l’enseignement et de la recherche et d’en faire une réelle source de valeur ajoutée pour notre pays.

Le Royaume compte plus de 34.000 doctorants toutes disciplines confondues, enregistrant une augmentation de 20% entre 2016 et 2018. Le nombre de thèses soutenues a lui aussi augmenté de 35% au cours de la même période, atteignant 20.000 au niveau de 63 centres d’études doctorales et 1.400 structures de recherche. Mais sur le plan de la production scientifique, les chercheurs marocains génèrent dans toutes les disciplines plus de 7.000 publications scientifiques indexées Scopus par an, avec une hausse de plus de 50% entre 2015 et 2018. La moyenne nationale atteint ainsi 0,5 publication par chercheur/an, pour la totalité des enseignants chercheurs. 
Du côté des brevets, le Maroc compte une moyenne de 100 brevets/an. En 2018, quelque 121 inventions ou brevets ont été enregistrés au nom des universités et des centres de recherche, grâce à un financement mobilisé par l’État essentiellement. En effet, les fonds issus du secteur privé ne financent que 22% de l’activité de recherche innovation, alors que le Royaume consacre environ 0,8% du PIB à ce secteur.

Ces chiffres présentés par le ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saïd Amzazi, alertent sur la nécessité de fédérer sous une même vision les différentes parties prenantes pour valoriser la recherche scientifique et accélérer l’innovation. Dans ce sens, plusieurs initiatives ont vu le jour afin de faire un rapprochement entre le monde académique et l’entreprise et renforcer la collaboration dans le domaine de la recherche. Parmi celles-ci, le Prix de la recherche lancé par l’Ordre des experts-comptables en 2018 et qui vise à encourager la recherche et à apporter une contribution de qualité à la connaissance au niveau de la gouvernance, du management du risque, de la performance organisationnelle, du pilotage stratégique et des disciplines transversales de l’expertise comptable.
«Cette année, nous avons eu le privilège de recevoir plus de 40 candidats dans les trois catégories qui ont présenté des projets de qualité avec une diversité des thèmes traités. Nous avons décidé d’associer à la cérémonie de remise des prix des personnalités du monde universitaire, des responsables publics et des responsables du monde de l’entreprise pour atteindre l’objectif souhaité qui est d’associer toutes les parties prenantes à ce Prix», a indiqué Issam El Maguiri, président de l’Ordre, lors de la cérémonie de remise des prix de la deuxième édition organisée la semaine dernière à Casablanca.
Lors de cette édition, les candidatures retenues couvrent des projets de recherche d’expertise comptable, des projets en sciences de gestion, en finance, en audit et performance, en stratégie et développement durable. Ces candidatures ont été soumises au comité d’évaluation composé d’une trentaine de membres, parmi lesquels quatre travaux de recherche universitaire ont été primés. Le prix de la catégorie «Expertise comptable» a été attribué à Laila Rizki pour une recherche s’articulant autour du thème «IFRS 16 contrats de location : Enjeux majeurs pour les sociétés, modalités d’application et proposition d’un guide de transition à destination des experts comptables et des commissaires aux comptes».
Deux travaux de recherche se sont vu décerner des prix dans la catégorie «Doctorat». Il s’agit de Hajar Mouatassim de l’Université Hassan II-Casablanca, dont la thèse porte sur les stratégies de responsabilité sociétale des entreprises marocaines cotées à la Bourse de Casablanca et de Sara Rbili qui a gagné un prix spécial pour ses travaux d’analyse de l’interface stratégie-démarche qualité des entreprises marocaines certifiées ISO 9001.
Le quatrième prix décerné au cours de cette cérémonie est revenu à Salma Erraoui dans la catégorie «Master de recherche» pour un travail abordant un thème sur «le capital immatériel: proposition d’un indice de mesure».
«Ce Prix scelle la relation qui doit exister entre le monde universitaire et celui professionnel à travers la valorisation de la recherche. Il apporte un nouveau cadrage épistémologique et méthodologique de l’ensemble des recherches qui se font actuellement au niveau de l’Université, que ce soit dans le cadre des masters ou des projets de thèse de doctorat», a affirmé Bouchra El Abbadi, présidente de la Commission scientifique du prix. L’enjeu étant de renforcer le pont entre le monde académique et le monde professionnel afin de permettre une meilleure exploitation des travaux de recherche. 


Déclarations

Issam El Maguiri, président de l’Ordre des experts-comptables

«Le Prix de la recherche lancé par l’Ordre des experts-comptables se veut une action citoyenne, continue et soutenue pour encourager la recherche scientifique au niveau national. Cette année, nous avons eu le privilège de recevoir plus de 40 candidats dans les trois catégories (thèses de doctorat, mémoire d’expertise comptable et master de recherche) qui ont présenté des projets de qualité et qui sont d’un intérêt crucial pour nos entreprises. C’est un signal fort que le pont que nous avons jeté entre le monde académique et le monde professionnel commence à s’ancrer dans les esprits des chercheurs, chose nous pousse à lui accorder une grande importance au niveau de notre stratégie globale au sein de l’Ordre afin d’en faire un des prix phares de la recherche en sciences de gestion».

Bouchra El Abbadi, présidente de la Commission scientifique du Prix de la recherche

«Ce Prix scelle la relation qui doit exister entre le monde universitaire et celui professionnel à travers la valorisation de la recherche. Il apporte un nouveau cadrage épistémologique et méthodologique de l’ensemble des recherches qui se font actuellement au niveau de l’Université, que ce soit dans le cadre des masters ou des projets de thèse de doctorat. La valeur ajoutée consiste à approcher les sujets de recherche à travers le monde professionnel pour y apporter une validité professionnelle et un ancrage qui permet de valoriser la recherche. En effet, l’enjeu est de renforcer le pont entre le monde académique et le monde professionnel afin de permettre une meilleure exploitation des travaux de recherche».

Patrick De Cambourg, président de l’Autorité des normes  comptables en France

«La recherche joue un rôle fondamental dans le développement de la profession. Aujourd’hui, l’information communiquée par les entreprises marche sur une jambe, qui est celle de la comptabilité financière et qui a besoin d’être renforcée et modernisée. En revanche, il y a un sentiment général que cette seule jambe ne suffit pas à traduire la réalité complexe des entreprises. D’où l’émergence d’une deuxième voie grâce à la recherche qui s’intéresse à l’information extra-financière ou liée au développement durable. Cette deuxième jambe a pour objectif d’analyser à la fois les risques et les opportunités que la comptabilité ne reflète pas, mais qui affectent le développement de l’entreprise et, d’autre part, les effets que l’entreprise peut avoir sur son écosystème au sens large».

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