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Réformer l’éducation et améliorer l’employabilité, l’affaire de tous !

Changer de paradigme, agir et vite. Les intervenants à la quatrième Matinale du Groupe Le Matin autour du thème «Éducation, formation, emploi : piliers du nouveau modèle de développement» n’y sont pas allés par quatre chemins. Ils ont appelé à une accélération des réformes pour faire des universités publiques marocaines de véritables pépinières de jeunes talents mieux outillés pour répondre aux exigences du marché de l’emploi. Des réformes qui nécessitent l’implication de tous  : État, parents, société civile et entreprises.

«Si vous pensez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance !» C’est avec cette citation de l’écrivain américain Robert Orben que Mohammed Haïtami, PDG du groupe Le Matin, a planté le décor le 13 mars à Casablanca, lors de la quatrième matinale du groupe sur le nouveau modèle de développement. Une matinale qui avait pour thème «Éducation, formation, emploi : piliers du nouveau modèle de développement».
Des volets d’une importance majeure qui sont inscrits parmi les chantiers prioritaires de la Commission spéciale sur le modèle de développement et qui figurent en tête des préoccupations des Marocains. Un sondage du cabinet Ipsos, réalisé pour Le Matin et présenté lors de cette matinale, révèle, en effet, que 87% des sondés sont insatisfaits de l’éducation, dont 39% sont très insatisfaits. Pour 71% des personnes interrogées, les établissements privés proposent un meilleur enseignement pour le primaire. Les raisons sont un secret de polichinelle : suivi et contrôle pédagogique permanent, effectifs réduits, équipes pédagogiques hautement qualifiées, activités parascolaires et implication directe des parents dans la vie scolaire, souligne Ipsos.
D’ailleurs, Aziz Nahya, directeur de la coopération et de la promotion de l’enseignement scolaire privé au ministère de l’Éducation nationale, regrette la non-implication des parents dans la scolarité de leurs enfants et au sein des établissements publics. Pour lui, l’éducation n’est pas que l’affaire de l’État, mais aussi et d’abord de la famille et de la société. Reconnaissant quelques failles du système éducatif marocain, M. Nahya a mis en exergue plusieurs réalisations, notamment la loi-cadre 51-17 et la vision stratégique 2015-2030. «Il faut savoir que le privé n’accueille que 14% de la population scolaire marocaine. Si le privé jouit d’une bonne perception auprès des Marocains, le public dispose également de plusieurs atouts, mais je crois que nous ne communiquons pas assez dessus. Nous avons entamé plusieurs réformes et nous comptons à notre actif de nombreuses réalisations louables. Maintenant, tout le monde doit mettre la main à la pâte», lance M. Nahya.
Ce à quoi ont d’ailleurs appelé tous les panélistes de cette Matinale. «L’éducation est une fonction régalienne et doit le rester. L’État doit éduquer et préparer les bons profils pour le marché de l’emploi, car l’emploi est un enjeu de sécurité nationale et non un sujet socio-économique. Toutefois, la responsabilité incombe également au secteur privé. Aujourd’hui, l’entreprise ne joue pas suffisamment son rôle. Elle passe son temps à se plaindre, mais que fait-elle pour changer la donne, en acceptant par exemple les stagiaires, en multipliant les formations de ses collaborateurs, en s’alliant aux universités ? L’entreprise doit jouer le jeu et être plus présente. Il y a une révolution à faire sur ce volet», lance pour sa part Jamal Belahrach.
Pour le président de Zakoura Éducation, une meilleure employabilité est conditionnée par l’acquisition de Soft Skills. «La logique de massification a montré ses limites. Nous avons besoin de têtes bien faites et non de têtes remplies. Il faut changer de paradigme pour améliorer l’employabilité des jeunes. Pour moi, quatre Soft Skills sortent du lot : la communication, la coopération, la créativité et la pensée critique. C’est grâce à cela que les entreprises peuvent être agiles», recommande M. Belahrach.
Et des recommandations, ce n’est pas ce qui a manqué au cours de cette quatrième matinale. Sur la liste, l’accélération des réformes, une meilleure implication du secteur privé, une meilleure gouvernance des établissements d’enseignement public, décentralisation des prises de décision et plus grande marge de manœuvre pour les présidents des universités et académies, développement des partenariats public-privé, promotion des dernières technologies et de la digitalisation et surtout de l’action ! Agir. C’était le mot d’ordre de cette Matinale. Car en attendant, le stock de chômeurs grossit sous l’effet de l’éternelle inadéquation formation-emploi. Celle-ci ressort dans le sondage d’Ipsos parmi les raisons du chômage, à hauteur de 57%, derrière le manque d’ouverture de postes (69%).
Et nous le savons : le chômage au Maroc est particulièrement élevé chez les diplômés. À l’Université Hassan II de Casablanca par exemple, 25% des lauréats se retrouvent au chômage, comme l’a déploré Kheddioui El M’Kaddem, son vice-président en charge du partenariat, de la coopération et du développement. Autre chiffre alarmant : 47% des 130.000 étudiants que compte l’Université abandonnent avant la fin de leur cursus. 

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