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Rentrée scolaire et impact psychologique : Dans la peau des élèves

On n’a pas le droit de faillir à notre responsabilité s’agissant de la construction et du développement de la personnalité de nos enfants. Voilà ce que déclare solennellement Dr Mohamed Hachem Tyal, psychiatre et psychanalyste, invité de L’Info en Face. Pour lui, l’impact psychologique de la crise sanitaire est certain. Mais une communication claire et une cohérence des actions permettrait d’apaiser les citoyens et notamment les parents qui devront passer des messages positifs à leurs enfants. Confronté à une distorsion de l’information, l’être humain aura tendance à ignorer et à réfuter le danger, ce qui serait compliqué pour lutter contre la propagation de la pandémie. Débat à suivre !

Et si on se mettait un instant dans la peau d’un ou d’une élève pour essayer de comprendre comment ils vivent cette rentrée scolaire que leurs aînés qualifient d’exceptionnelle ! En effet, l’impact psychologique de cette pandémie chez les jeunes est beaucoup plus inquiétant, car on parle ici d’une catégorie très sensible et bien qu’ils montrent une capacité d’adaptation, ce ne serait pas signe de bien-être. Les transformations qui ont marqué cette rentrée scolaire ont particulièrement touché les jeunes autant que les parents. Crise sanitaire oblige, les autorités concernées ont été contraintes de s’adapter aux changements imposés par la propagation inquiétante du Covid-19. C’est d’ailleurs ce qui a caractérisé cette rentrée scolaire 2020-2021.

Un peu partout au Maroc, et particulièrement dans les zones à risque où les autorités sanitaires ont relevé une hausse des cas confirmés de Covid-19, la décision a été de passer en mode d’enseignement à distance. En tant que telle, cette décision reste la meilleure et dans l’intérêt de tous, mais pour beaucoup de parents, c’est le timing de communication de cette décision qui les a surpris, voire désorientés. Qu’en-est-il alors de ces jeunes écoliers qui s’étaient préparés à revenir sur les bancs de l’école, à revoir les amis et les collègues, à rencontrer les enseignants, à tout simplement reprendre le cours normal de leur vie, dans le respect bien évidemment des mesures barrières ? Nous avons posé la question à quelques élèves et nous avons été touchés par leurs témoignages sincères à travers lesquels on peut relever de la peur, l’incompréhension, la frustration, l’absence de visibilité, mais une prédisposition à s’adapter qu’ils affichent, certes, mais qui ne sera pas sans conséquence sur leur santé mentale.

L’impact de l’état émotionnel des parents sur les enfants

Devant la quasi-absence d’études sur l’impact psychologique de la pandémie sur les enfants et les adultes, L’Info en Face a invité Dr Mohamed Hachem Tyal, psychiatre et psychanalyste, pour essayer de comprendre les enjeux de santé mentale liés à la pandémie actuelle. Si le spécialiste est convaincu de la pertinence des décisions prises pour limiter la propagation de la pandémie, il attire tout de même l’attention sur les préalables pour communiquer ces informations et notamment la prise en compte de l’impact psychologique pour éviter le risque de provoquer une incompréhension des décisions et même le risque qu’elles soient rejetées. «Les gens ont été perdus et surpris par la décision de reporter la rentrée scolaire en présentiel, à Casablanca et dans d’autres zones à risque, la veille à une heure tardive». Cette distorsion de l’information est de nature à provoquer l’angoisse chez les parents qui vont donc reporter cet état émotionnel sur leurs enfants, explique Dr Tyal. L’invité de Rachid Hallaouy alerte également sur le risque de susciter un sentiment d’insécurité chez les parents et les enfants. «Le monde vit une crise difficile, il faut donc veiller à créer un environnement sécurisant, car dans le cas contraire, ça risque d’être destructeur pour la construction de la personnalité», explique-t-il.

Face à ces bouleversements, les enfants sont perdus et les parents manquent d’informations pour les rassurer et leur expliquer la situation. «Les parents ne sont pas des psychologues ou des éducateurs professionnels, ils sont livrés à eux-mêmes et du coup ils vont communiquer cette angoisse aux enfants qui souffrent déjà de cette situation. L’enfant a un besoin vital de socialiser en plus de celui d’apprendre. L’enfant a besoin de voir l’autre, il se développe à travers l’autre, il se développe dans l’échange et le partage. Quand on lui enlève tout cela, on est obligé de lui donner une explication qu’il va accepter et qui va l’empêcher de construire des fantasmes qu’il va garder dans son subconscient et qui impacteront certainement son développement», explique Dr Tyal qui insiste encore sur la nécessité de maintenir la cohérence dans la communication pour apaiser les esprits (pour plus de détails, suivre l’émission intégrale sur le site Le Matin).  


Ils ont commenté sur 

Driss : Il y avait une cohérence au début de la pandémie, mais maintenant, nous avons besoin de communication et d’informations.

Mohamed : La phrase que j’ai bien retenu : Je préfère être agréablement surpris que d’être désagréablement surpris.

Imane : Ce n’est pas la fermeture qui pose problème. C’est le manque de communication cohérente et d’explications claires et transparentes pour nous citoyens lambda.

Fatema : Nous les parents, nous sommes face à plusieurs défis, et le plus sensible et à la fois compliqué est celui de transmettre des émotions positives à nos enfants, de les rassurer et les apaiser, alors que nous-mêmes, nous sommes dépassés.


Ils ont témoigné

Fatimzahra, élève, tronc commun

«La rentrée scolaire était toujours pour moi un moment de joie. L’occasion de revoir mes copines et camarades que je n’ai pas vus depuis des mois. Le retour à l’école a aussi été l’occasion de travailler de manière plus vivante et dans un cadre favorisant l’apprentissage et l’épanouissement. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, vu que la rentrée scolaire a eu lieu à distance dans mon établissement qui relève de la préfecture de Casablanca. Pour moi, l’ambiance n’est pas non plus au beau fixe. Elle ne ressemble pas à celle des années précédentes. Elle est totalement particulière et pas dans le bon sens du terme. Pour nous permettre de connaître nos professeurs, des classes virtuelles ont été créées par notre établissement, mais des tas de choses manquent. Plusieurs questions me viennent à l’esprit, d’autant que je fais partie des élèves qui n’ont pas opté pour le présentiel (choix des parents) : à quoi va ressembler cette année scolaire après une première expérience que je juge insatisfaisante ? Comment gérer mon stress et mon angoisse à cause de ma crainte de ne pas tirer bon profit de la formation à distance ? Je pense que les réponses à ces questions dépendront de ma capacité à croire au choix de mes parents et à faire confiance à mes enseignants… J’avais vraiment envie de rencontrer mes nouveau camarades de classe et mes enseignants et de les découvrir de près.  Surmonter cette crise est un défi pour nous tous, parents, encadrants et nous élèves. Courage.»

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Bayane, Classe de CP

«J’étais contente de savoir que j’allais retrouver mon école et mes amis. Au matin de la rentrée scolaire, maman m’a dit que je devais suivre mes cours à distance. Je suis déçue, mais je suis aussi contente de rester à la maison. Je ne sais pas si je vais suivre les cours en ligne, car je n’aime pas l’école virtuelle.»

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Amir, Classe de CM1

«Je suis en colère, triste et un peu content. Je ne peux pas décrire mes émotions. J’ai envie de retourner à l’école, après une année sans vacances, même si je détestais l’école avant. Je veux retrouver ce que j’aime le plus à l’école : mes amis, la récréation et la pause déjeuner. Je n’aime pas cette décision d’enseignement à distance et même si j’y suis contraint, je vais la refuser.»

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Yasmine, Première année du Lycée

«Le 7 septembre c’était la rentrée, qui s’est déroulée pour moi sur une période de 2 heures. On nous a expliqué le fonctionnement de cette année scolaire plus que spéciale ! Parmi ces changements, il y a évidemment le port du masque obligatoire pour les élèves ainsi que l’ensemble des personnes travaillant à l’école. Nous portons donc le masque pratiquement tout le temps et c’est assez désagréable. Notre classe est divisée en 2 groupes qui alterneront une semaine sur deux entre cours dans l’établissement et à la maison, à part si l’élève a opté exclusivement pour le distanciel. Ces derniers cas sont minoritaires, du moins dans mon niveau. La salle de classe est aménagée de façon à garder une certaine distance. Cependant, je doute que cette distance soit de 1 m, et pendant la récréation, peu d’élèves la respectent !»

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