Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Culture

Les scénaristes marocains manqueraient de créativité selon des professionnels du cinéma

Le rôle du scénario dans le cinéma marocain, la problématique de la créativité, l’adaptation des scénarios au contexte de la société marocaine... autant de questions et bien d’autres qui ont été posées à la table ronde organisée par l’Association marocaine des critiques de cinéma dans le cadre du Festival national du film de Tanger, qui se déroule du 28 février au 7 mars.

Les scénaristes marocains manqueraient  de créativité selon des professionnels du cinéma
Les réalisateurs participant à cette table ronde ont confié qu’ils se retrouvaient souvent face à des scénarios bien structurés, mais dépourvus de créativité, avec les mêmes idées et des personnages qui se répètent sous différentes formes.

Lors de cette rencontre, qui a réuni cinéastes, critiques, réalisateurs, professionnels du cinéma et cinéphiles, on a tenté de décortiquer différents aspects concernant le scénario dans le septième art national. Les intervenants se sont accordés à souligner que les scénaristes marocains produisent surtout des stéréotypes. Le manque de créativité a été également soulevé. Selon le réalisateur Saâd Chraïbi, le fait de bien assimiler la structure du scénario ne fait pas forcément de bons scénaristes. «Si on continue à répéter les mêmes idées, on se dirige vers la mort de la créativité», a-t-il souligné. Les réalisateurs participant à cette table ronde ont confié qu’ils se retrouvaient souvent face à des scénarios bien structurés, mais dépourvus de créativité, avec les mêmes idées et des personnages qui se répètent sous différentes formes. Les scénaristes nationaux manqueraient-ils de talent ? «Certainement pas», répond le cinéaste Noureddine Lekhmari. «Le talent est universel. On ne peut pas parler de scénario sans parler de l’environnement de créativité. Nous avons au Maroc des idées et des talents, mais sans infrastructures pour assurer le suivi». Pour le réalisateur de «Casa Negra», les écrivains doivent être libres. «Les clichés de la société nous influencent. De même, on ne peut pas demander un scénario en un ou deux mois. Il faut revoir notre milieu», a-t-il expliqué. Et de préciser qu’il est possible d’améliorer la qualité des scénarios au Maroc : «Notre société est complexe. Ceci est intéressant pour l’écriture au cinéma. Néanmoins, il faut prendre en considération les soucis des scénaristes. Ce n’est pas une excuse pour le manque de créativité, mais c’est un facteur important».
Même son de cloche chez Noureddine Afaya. Cet écrivain et penseur marocain confirme que l’environnement culturel du Maroc encadre la créativité. Les scénaristes devraient cesser de s’autocensurer pour ressortir toutes leurs idées. Noureddine Afaya affirme aussi que la pression pour signer des contrats ne sert pas la créativité dans le scénario et le cinéma. «On doit poser des questions concernant qui écrit, ses relations avec les autres domaines d’expression littéraire comme le roman et son regard sur l’évolution de la société», a-t-il ajouté.
D’autres intervenants à la table ronde ont en revanche déclaré que le scénario n’était pas un ingrédient indispensable pour la réussite d’un film. C’est le cas du réalisateur Mohamed Mouftakir. Ce dernier a affirmé qu’on amplifie le rôle du scénario en le considérant comme une étape importante du cinéma : «Le scénario est une trahison du cinéma. Il est venu du théâtre pour ajouter la narration au cinéma. Mais est-ce que c’est le cinéma ?» Pour lui, le scénario est important pour préciser le budget, le nombre de personnages, mais il ne garantit pas la réussite du film. «Je préfère le changer par l’écriture cinématographique qui comprend la musique, l’affiche...», explique Mohamed Mouftakir.

Pour plusieurs intervenants à cette rencontre, le scénario n’est pas le sauveur du cinéma, mais plutôt une vision cinématographique. Intervenant dans cet échange, le critique Omar Belkhammar a rappelé que la créativité cinématographique demande le talent et la formation. «Le scénario n’est pas le seul compter dans un film. Il y a aussi le casting, la musique...», a-t-il déclaré.
Face à la crise de créativité scénaristique et à un contenu dénué de profondeur, certains réalisateurs se refusent à combler le manque par les autres composantes du film. Ils se voient obligés d’écrire leurs scénarios eux-mêmes. C’est le cas de Mohamed Chrif Tribak. Ce cinéaste a souligné le manque d’harmonie entre réalisateurs et scénaristes. Pour lui, ces derniers devraient écrire selon la conception du réalisateur.
Une autre solution a été proposée par la jeune réalisatrice Asmae El Moudir : les résidences d’écriture. «On ne doit pas brûler les étapes dans l’écriture du scénario, car elles dessinent le parcours du film. C’est ainsi qu’on sait si un travail cinématographique précis sortira du lot ou s’il entrera dans l’industrie». Pour elle, le scénario ne peut pas être mis dans les tiroirs en attendant un preneur. Ce genre de texte devrait être relu en permanence et donné à la consultation au cours des résidences d’écriture. Cela permettrait de développer les personnages et de mettre un minimum de cinéma dans un film. 

Lisez nos e-Papers