Déconfinement : Les recommandations de l’Académie Hassan II des sciences et techniques

L’Académie Hassan II des sciences et techniques procède conformément à ses missions, telles qu’elles sont définies par la loi l’ayant créée, notamment la promotion de la recherche scientifique et le soutien aux propositions destinées à contribuer à éclairer les pouvoirs publics sur les décisions relatives aux questions scientifiques ayant un impact sur la vie sanitaire, sociale et économique des citoyens. C’est dans ce contexte qu’elle vient de prendre une série de mesures lors d’une réunion, de la Commission des travaux de l’Académie Hassan II, précise un communiqué publié lundi. Le communiqué est accompagné d’une déclaration dans laquelle elle explique les actions à entreprendre dans le cadre du déconfinement.

Ainsi, les actions préconisées vont dans le sens de la position prise par l’Académie (publiée il y a deux semaines, voir ww.lematin.ma) pour se mobiliser face à la pandémie du coronavirus, Covid-19. En effet, elle avait appelé, sur le plan scientifique, à un certain nombre d’actions pour faire face à la pandémie et de mieux connaître sa nature, son évolution et son traitement. Aujourd’hui, elle prévoit, concrètement, un budget de 10 millions de DH et de lancer à partir de début juin un appel à projets de recherche portant sur trois grandes thématiques. Cela concerne l’aspect médical dans les pandémies (notamment Covid-19 : génomique et variabilité génétique du SARS-COV-2, physiopathologie et épidémiologie chimique et moléculaire de la pandémie Covid-19) en prenant en compte les axes cliniques, axes immunologiques et génétiques. Il s’agit, en deuxième lieu, de la technologie dans la bataille contre le virus corona (fabrication et production d’appareils utilisés dans le traitement comme les respirateurs artificiels, des kits pour les tests…). La troisième thématique est en lien avec la modélisation mathématique et l’intelligence artificielle au service de la lutte contre le Covid-19.

Dans le même sens, l’Académie Hassan II annonce un agenda très riche à démarrer à partir de vendredi prochain. Il s’agit tout d’abord d’organiser, le 8 mai, un webinaire réunissant des experts marocains exerçant au Maroc ou à l’étranger pour discuter de l’ensemble des actions entreprises ou à entreprendre, pour faire face à la pandémie. Puis constituer, fin mai, un groupe de travail chargé de faire un bilan scientifique de la pandémie du Covid-19. Ce qui sera suivi, début juillet, d’un séminaire sur la recherche scientifique et l’innovation pour une résilience post Covid-19.

Fin septembre-début octobre, l’Académie compte organiser un séminaire national sur une étude rétrospective de l’expérience marocaine en matière de lutte contre la pandémie. Ayant également une vision africaine, l’Académie programme l’organisation à Rabat, fin novembre, du troisième Congrès du Conseil africain de la recherche scientifique et de l’innovation (ASRIC). Ce Congrès, relevant de l’Union africaine, aura lieu autour du thème retenu «Épidémies et pandémies» et qui est proposé par l’Académie, avec la participation de scientifiques africains et d’experts internationaux. 

Déconfinement : Les recommandations de l’Académie Hassan II des sciences et techniques

L’Académie Hassan II des sciences et techniques a rendu public une déclaration dans laquelle elle appelle les pouvoirs publics à continuer de soutenir toutes les mesures sanitaires, quel qu’en soit le prix économique et financier, pour gagner la bataille de la lutte contre la pandémie. Cela doit être pris en compte lors de la période du déconfinement, «dont dépend en grande partie le succès». Dans ce cadre, l’Académie Hassan II (tout en prenant en considération les aspects multiples, sanitaires, économiques et sociaux de l’impact de la pandémie), et pour rester dans son domaine de responsabilité et d’action, recommande certaines mesures à prendre en considération dans le cadre du processus de déconfinement. Elle appelle à l’instauration d’une stratégie globale, cohérente et durable. Cette stratégie qui doit permette «une sortie progressive aussi bien dans le temps que dans l’espace, basée sur l’évolution épidémiologique, la surveillance de la circulation virale sur les territoires, ainsi que d’éventuelles tensions sur les systèmes de santé, notamment en ce qui concerne les capacités nationales et locales en lits de réanimation et d’assistance respiratoire», est-il souligné dans cette déclaration. 

De même, l’Académie insiste sur l’obligation pour tous les citoyens de rester très vigilants quant au respect des règles de vie individuelle et sociale qui ont prévalu durant la période de confinement. Selon elle, il ne faut pas considérer le déconfinement comme un retour rapide, total et définitif aux conditions d’avant la pandémie, mais une phase d’une extrême délicatesse, qui ne peut qu’être progressive et adaptée aux évolutions des situations épidémiologiques, au niveau national et territorial, exigeant encore davantage d’esprit citoyen et de responsabilité collective. Ces exigences sont encore plus nécessaires pour les personnes vulnérables (personnes âgées et celles présentant des co-morbidités telles que des maladies chroniques, immunologiques ou soumises à des traitements immuno- supresseurs). 

Allant plus dans le détail, l’Académie met le doigt sur l’importance de «l’élargissement et l’augmentation des tests diagnostiques, tests PCR et si possible les tests sérologiques adaptés, avec isolement des personnes infectées et de leur entourage, durant au moins quatorze jours». Elle insiste aussi sur «le traitement systématique en milieu hospitalier des personnes testées positives, la détection et l’identification de toutes les personnes contacts grâce à l’utilisation des moyens numériques et les possibilités qu’offre l’intelligence artificielle, dans le respect total de l’anonymat, des libertés individuelles que la Constitution assure à tout citoyen, ainsi que le respect des données personnelles que la loi garantit», fait remarquer l’Académie dans sa déclaration.