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Situation kafkaïenne et détresse déchirante

Personnes âgées, enfants esseulés, bébés en couches, pères stressés, mères déchirées, épouses angoissées… des centaines de binationaux (Belgo-Marocains) sont bloqués au Maroc après la fermeture des frontières et contraints de vivre un calvaire inimaginable.

Situation kafkaïenne et détresse déchirante

Kafkaïen ! La situation que vivent les Belgo-Marocains bloqués depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire au Maroc est pour le moins ahurissante. Personnes âgées malades, mères déchirées, bébés en couches, épouses angoissées, pères stressés, enfants esseulés… des centaines de binationaux contraints de vivre un calvaire inimaginable. Leur «péché» : ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment.
Vivant tout au long de l’année en Belgique, ils avaient, pour une raison ou une autre (visite familiale, vacances, tourisme, assister à un enterrement…), décidé de visiter terre natale. Pas de chance ! La lutte contre la propagation du coronavirus au Maroc a subitement pris des proportions radicales : lancement de l’État d’urgence sanitaire, confinement obligatoire et fermeture totale des 
frontières…
Si les citoyens d’autres nationalités, notamment des Français, des Espagnols, des Sud-Coréens et récemment des Canadiens, ont pu être rapatriés dans leurs pays de résidence respectifs, les Belgo-Marocains, eux, n’ont pas eu cette chance. Pourquoi ? Personne ne sait.
Des courriels d’explication et de sensibilisation aux souffrances que vivent ces Belgo-Marocains, dont certains sont âgés, malades, sans le sou actuellement ou risquent de perdre leur travail, ont été envoyés à l’attention de nombre de responsables marocains et belges, dont Saâd Eddine El Othmani, Chef du gouvernement marocain, et Philippe Goffin, ministre belge des Affaires étrangères. 
«Si des responsables belges avancent que c’est le côté marocain qui bloque, les autorités marocaines, elles, ne communiquent pas. C’est silence radio», indique Mohsin Mouedden, militant associatif à l’origine de la création de la plateforme internet (Belgo-Marocains Bloqués au Maroc/Coronavirus), dont l’objectif est de braquer les projecteurs sur cette situation tragique afin d’y trouver une issue.

Bébé d’un an chez les voisins !
En attendant une solution rapide à cette impasse, le drame empire jour après jour pour les «oubliés», l’angoisse augmente et la patience laisse la place à l’affolement et l’amertume. Et leurs histoires sont toutes plus déchirantes les unes que les autres. Comme c’est le cas, entre autres, pour Anass Kaazouz dont les deux filles sont bloquées au Maroc depuis le 10 mars dernier. Âgées de 5 ans (Yasmine) et 1 an (Malak), les deux fillettes logent actuellement chez des voisins à Khémisset, leur grand-mère paternelle, qui les recevait, ayant été hospitalisée suite à des complications sanitaires. «Imaginez vos petites filles vivant chez des inconnus. C’est une vraie déchirure. Nous sommes perdus. Nous ne savons plus quoi faire, surtout que Malak a des vaccins obligatoires à prendre», souligne Anass. 
Hassan El Kirat, lui, est bloqué à Berkane alors que toute sa famille est à Bruxelles. «Je suis diabétique et bientôt je n’aurai plus de médicaments. Ma femme travaille au premier rang pour soigner des Covid-19 à Bruxelles alors que moi je me trouve ici seul avec un stress qui ne cesse d’augmenter. Croyez-moi, c’est très difficile de vivre des circonstances pareilles», 
témoigne-t-il.
De son côté, Sofia Widar est bloquée au Maroc avec sa maman depuis le 17 mars. «Cette situation est terrible pour nous», souligne cette Marocaine de nationalité belge vivant à Bruxelles et qui habite actuellement chez une tante. Et de raconter : «Mon mari est resté seul en Belgique. Il a subi une opération chirurgicale et il ne peut pas marcher. Mon père aussi vient de tomber malade. Il a subi quatre opérations en quelques jours et il est toujours à l’hôpital. Nous sommes tristes et malheureuses d’apprendre que le Maroc a aidé à rapatrier des Français et des Canadiens, mais pas nous. S’il vous plait, nous sommes perdus. Nous avons besoin d’un coup de main du gouvernement marocain et nous demandons à notre Roi de nous aider dans ce calvaire».
Autre témoignage déchiran, celui de Safae Tassi, qui raconte que son oncle, un Belgo-Marocain de 62 ans, est actuellement aux soins intensifs à l’hôpital Mohammed V de Tanger. Son état nécessite une prise en charge urgente dans un hôpital belge. «Il en va de sa vie. Ses médecins et ses enfants sont également ici. Nous ne savons plus quoi faire, ni vers qui nous tourner. Nous ne cessons de frapper à toutes les portes, en vain. Aidez-nous s’il vous plait !». 

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