Connexion
Le Matin-Éco : Comment s’est préparée Société Générale Maroc pour le lancement, le 15 juin dernier, du produit «Damane Relance» ?
Moncef Benzakour : Tout d’abord, il convient de saluer l’initiative de l’État qui a été réactive, agile, et massive pour maintenir à flot le tissu économique marocain dans les premiers jours qui ont suivi les impacts du Covid-19. «Damane Relance» intervient à la suite des deux premières mesures liées aux reports d’échéances de crédits, et à «Damane Oxygène» qui a été un soutien clé pour permettre aux entreprises marocaines de financer leurs dépenses prioritaires et vitales dans les 3 premiers mois de la crise en attendant de préparer un plan de relance. L’exemple de «Damane Oxygène» a justement démontré notre capacité à mettre en place rapidement un processus dédié, agile et fluide pour adresser l’ensemble des demandes clients avec rapidité, rigueur et efficacité à la CCG.
Quels moyens avez-vous, justement, mis en place pour répondre à la demande des entreprises désireuses de bénéficier de ce produit ?
Pour «Damane Relance», nos engagements auprès de nos clients seront tout aussi grands, et ce à travers un dispositif exceptionnel – tant en central qu’au niveau régional – en termes de fluidité et réactivité sur lesquelles nous nous engageons. Notre mobilisation est générale avec des délais cibles à chaque niveau de la chaîne de décision (force commerciale, comité des risques et back office) mettant ainsi le client au cœur de nos préoccupations.
Le Comité de veille économique (CVE) estime le potentiel de production des produits «Relance» à plus de 66,7 milliards de DH, dont une grande partie destinée aux PME. À quelle hauteur Société Générale peut-elle contribuer ?
Il est clair que les PME, représentant l’essentiel du tissu économique et surtout des emplois, sont les plus touchées par cette crise, compte tenu de leur concentration plus forte sur une activité ou une région, de leur surface financière plus réduite, et de leur difficulté à faire pression sur les délais de paiement. Notre objectif est d’accompagner chacun de nos clients avec ce dispositif, qui permet de nous projeter ensemble vers l’après-crise et le moyen terme. En effet, ce dispositif lancé par le Comité de veille économique est une des approches capitales pour la redynamisation de l’économie post-Covid-19 et nous comptons jouer pleinement notre rôle de banquier responsable en contribuant à l’effort national de redémarrage.
Vu votre portefeuille, quelle clientèle sera la plus demandeuse à votre avis ?
Tout d’abord, il convient de noter que l’objet même de ce produit sera d’adresser l’impulsion d’une reprise significative de l’activité en finançant le besoin de fonds de roulement de l’ensemble des entreprises marocaines impactées par la crise Covid-19, et ce tous secteurs confondus. Le but escompté par les autorités est donc de générer le cercle vertueux de la confiance des acteurs économiques, l’accélération des délais de paiement, l’investissement et le maintien des salaires pour alimenter la consommation des ménages, etc. Partant de là, force est de constater que la quasi-majorité de notre portefeuille sera intéressée et concernée puisque le produit «Damane Relance» est assez exceptionnel, tant sur l’absence de garantie à apporter, que sur les autres avantages notamment le taux (taux de BAM+200pbs avec un maximum de 4% HT/an) ou la possibilité de lisser les dépenses du second semestre 2020 sur une durée allant jusqu’à 7 ans avec 2 ans de différé en option. Cette bouffée d’air sera la clé pour entamer les bases de la relance économique qui verra encore émerger d’autres mesures de soutien. Ceci étant dit, nous nous attendons naturellement à ce que les demandes les plus importantes (en termes de % des chiffres d’affaires) proviennent des secteurs les plus impactés notamment le BTP, l’industrie lourde, le textile, l’écosystème aérien, la logistique/transport, les cliniques, la restauration…
S’ajoutent, dans une moindre mesure des secteurs légèrement touchés comme l’agriculture, l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique, la chimie, l’offshoring et l’éducation. En terme de segmentation, il est à noter que le dispositif Relance s’articulera dans un premier temps autour de deux produits (le Tourisme et l’Immobilier seront traités dans un second temps à travers des produits dédiés) : «Damane Relance» dédié à la petite, moyenne, intermédiaire et grande entreprise (chiffre d’affaires >= 10 millions de DH) et «Damane Relance-TPE» qui s’adressera aux TPE (chiffre d’affaires inférieur à 10 millions de DH).
Pour ce produit Relance TPE, quelle sera votre offre ?
Ce nouveau crédit permettra aux entreprises de soulager leur trésorerie (taux directeur BAM + 200bps avec un maximum de 4% HT/an étalé jusqu’à 7 ans incluant une option de différé de 2 ans), régler leurs charges prioritaires mais avec une plus grande orientation vers le paiement des fournisseurs afin d’amorcer une reprise de leur activité dans des conditions meilleures et d’enclencher un cercle de réduction des délais de paiement.
Au-delà du dispositif exceptionnel mis en place qui permettra de traiter les demandes avec la plus grande des réactivités, la Société Générale Maroc donne la priorité absolue à la sécurité sanitaire de ses clients ainsi qu’à ses collaborateurs en proposant à toute notre clientèle la possibilité d’initier leur demande en ligne et une assistance à distance pour leur permettre de monter leurs dossiers dans les meilleurs délais et conditions.
Au niveau de votre banque, les nouveaux produits de financement anti-crise Covid ont-ils mis en stand-by les autres offres de soutien notamment le programme intégré d'appui et de financement des entreprises ?
Le Programme Intégré d’Appui et de Financement des Entreprises (PIAFE) a été et sera encore davantage, l’occasion d’apporter un soutien financier et non financier à l’entreprise marocaine, notamment pour les jeunes entrepreneurs et les porteurs de projets. La phase qui a précédé la crise du COVID 19 a été intense en terme d’échanges, de demandes de financement et d’accompagnement des porteurs de projets.
Naturellement cette phase de crise sanitaire semée de doute et de manque de visibilité sur l’avenir économique a freiné la belle dynamique entrepreneuriale qui a été enclenchée par ce programme. L’importante baisse des sollicitations des TPE depuis l’émergence de la crise Covid-19, pour le programme Intelaka, en est la preuve.
Néanmoins nous restons optimistes et attentifs aux divers plans de relance que le gouvernement s’apprête à annoncer qui seront de nature à donner plus de visibilité et rassurer un peu plus les acteurs économiques. Une confiance qui sera clé pour exploiter le plein potentiel de ce programme d’appui stratégique pour l’économie nationale et sociale. En attendant, nous continuons à apporter conseil et orientation aux porteurs de projets pour affiner leurs idées entrepreneuriales et financer leurs projets jugés viables.
