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«Nous sommes les kafils de 125 enfants, nous sommes une grande famille marocaine qui doit d’abord se protéger du danger»

Offrir aux enfants abandonnés un foyer plein d’amour, leur permettre d’intégrer, comme membres à part entière, la société marocaine. Tels sont, entre autres les objectifs tracés par Hansjörg Huber, fondateur et président de Atlas Kinder - village de Dar Bouidar qui a bâti sa vision sur cinq piliers : chaque enfant a besoin d’une personne de référence qui soit responsable et digne de confiance, chaque enfant doit pouvoir grandir naturellement avec ses frères et sœurs, chaque enfant doit pouvoir habiter dans une maison et s’y sentir chez lui, chaque enfant doit pouvoir vivre dans une communauté villageoise et y grandir en tant que membre respecté, chaque enfant doit pouvoir grandir dans un environnement propice à l’éducation, l’art et la culture… Plus de détails dans cet entretien accordé au «Matin».

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Le Matin : Comment vivez-vous cette crise sanitaire au niveau du village ? 
Hansjörg Huber :  Les enfants de 6 à 7 ans, environ 45, ont reçu une courte explication pour les ouvriers travaillant sur le chantier en interne au village avec un masque, le reste des enfants vivent dans l’insouciance, car nous n’avons ni téléphone portable, ni télévision pour apporter la peur au village. Les stocks sont pleins, le moral au beau fixe et la protection totale, car nous n’avons aucun contact vers l’extérieur. Le terrain clos est de 13 hectares, parcs de jeux pour les enfants et promenades quotidiennes sont assurées.

Quel accompagnement des enfants dans
 le village ? Comment leur expliquez-vous la situation ?

Nous avons décidé le 15 mars de nous enfermer dans une quarantaine pour couper les rotations journalières du personnel. Le problème de 35 à 40 employés qui arrivent tous les matins pour la relève était jugé dangereux pour la transmission du Covid-19. 70 employés se sont enfermés avec moi contre une prime qui équivaut à un salaire (doublement du salaire).

Comment avez-vous assuré le suivi de l’éducation à distance des enfants ? 
Nous vivons en autarcie, complètement indépendants, avec une équipe de cuisine, une infirmière au village et une autre en dehors, sans que quelqu’un doive quitter le village. Ainsi l’école primaire, les 5 crèches, le sport… continuent normalement de fonctionner. Cette quarantaine vient d’être prolongée jusqu’au 11 juillet. On verra par la suite. Les États sont obligés de faire tourner l’économie à un certain moment. Nous sommes les kafils de 125 enfants, nous sommes donc une grande famille marocaine qui doit d’abord se protéger et tant qu’il y a un danger, le village restera en quarantaine.
Nous pourrions peut-être acheter une machine de test rapide pour recommencer les rotations de personnel à partir de juillet, par exemple tous les 14 jours, mais les rotations journalières, cela est définitivement du passé, car trop dangereux !

Comment assurez-vous le financement de ces opérations ? 
Nous sommes une ONG avec un financement complètement privé. Une fondation de soutien en Suisse, en Allemagne et en France s’adresse à des donateurs, qui font des parrainages, des zakâts pendant le Ramadan et nous nous adressons aux MRE (Marocains résidant à l’étranger) pour venir en aide à notre Association.
Le coût mensuel est doublé par les primes. S’ajoute le fait qu’il n’y a pas d’activité commerciale au village depuis la fermeture : restaurant, galerie d’art, vente d’huile d’olive, etc. Une perte de l’ordre de 500.000 DH par mois. En 5 mois, à fin juillet, cela fera 2.500.000 DH de pertes. 

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Carte de visite

Le Village des enfants de l’Atlas a été fondé par le Suisse Hansjörg Huber en 2015 au Maroc, près de Marrakech sur la route de Lalla Takerkoust, non loin de Tahannaout. Avec l’aide de sa compagne, il a réalisé sa vision : il a créé un village entier dédié aux enfants abandonnés. Auparavant entrepreneur dans les assurances, il a investi une grande partie de ses biens pour leur offrir un futur meilleur. 
À ce jour, 111 enfants vivent déjà dans le village et d’autres devraient bientôt les rejoindre. Et la construction d’autres villages similaires est prévue. Hansjörg Huber, le fondateur, offre à ces enfants non seulement un foyer, mais aussi un accès à l’art et à la culture. Collectionneur, il fait don à son village de sa propre galerie de tableaux de maîtres de différentes périodes. Ces œuvres sont à vendre : la totalité des bénéfices sert à financer le projet global. Des spectacles, concerts ou conférences ont régulièrement lieu dans l’amphithéâtre, spectacles auxquels sont conviés les habitants des villages avoisinants. Ultérieurement, il servira aux enfants, de manière à stimuler leur confiance en apparaissant devant un public.

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