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«Nous sommes soutenus par l’INDH qui nous a permis de créer le Centre multifonctionnel Al Karama de Kénitra»

Dr Taoufik Lahlou est une figure emblématique des œuvres caritatives et de l’action sociale au niveau de Kénitra et de la région du Gharb. Il consacre une grande partie de son temps pour servir les personnes démunies, les enfants orphelins, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap. À l’occasion de la Journée internationale des personnes en situation de handicap, il nous a accordé cet entretien qui nous plonge dans la réalité de cette catégorie sociale qui constitue près de 10% de la population.

«Nous sommes soutenus par l’INDH qui nous a permis de créer le Centre  multifonctionnel Al Karama de Kénitra»
Dr Taoufik Lahlou.

Le Matin : Quels enseignements peut-on tirer de cette Journée internationale des personnes handicapées célébrée le 3 décembre  de chaque année ?
Docteur Taoufik Lahlou
: C’est une journée qui nous interpelle en tant que société sur les valeurs de solidarité. C’est aussi une occasion pour  attirer l’attention sur les problèmes de précarité et  de pauvreté  dont souffre la grande majorité des personnes handicapées. Faut-il rappeler que cette catégorie de citoyens revendique des droits et n’a pas besoin de charité ? Donc, cette journée nous rappelle nos devoirs et nos responsabilités vis-à-vis de ces citoyens à part entière.

Quelle est la situation des personnes handicapées actuellement au Maroc en général et au niveau de la région du Gharb en particulier ?
Il y a plusieurs formes de handicap : physique, mental, etc. Les personnes handicapées représenteraient près de 10% de la population, tous handicaps confondus. La région du Gharb n’échappe pas à cette règle. Le traitement du handicap est lié à sa nature, d’où l’existence de plusieurs approches et diverses techniques pour le dépasser. Je constate actuellement un intérêt croissant en faveur des personnes handicapées, et ce pour deux raisons essentielles. Il y a tout d’abord l’évolution de la société civile qui commence à prendre en charge ces personnes en majorité démunies et il y a surtout, depuis 2005, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) qui a fixé parmi ses objectifs la prise en charge de cette catégorie de la population.

Est-ce que vous êtes appuyés dans vos actions par des mécènes ?
Les donateurs en tant que personnes physiques sont hélas peu nombreux. Par contre, nous avons des relations très étroites avec des institutionnels. Nous avons des relations de coopération  avec des partenaires publics et privés. Nous sommes aussi appuyés et soutenus par l’INDH qui nous a permis la création du Centre multifonctionnel «Al Karama». L’INDH nous aide aussi au niveau de son fonctionnement.

Quelle est la nature de l’assistance que votre centre apporte à cette catégorie de citoyens ?
Nous avons au niveau du Centre «Al Karama» plusieurs services. Nous disposons d’espaces paramédicaux qui donnent des séances d’orthopédie, de kinésithérapie et d’activités sportives adaptées aux personnes handicapées. Le Centre est aussi équipé d’une piscine et dispose d’ateliers d’orthoprothèses. Nous fabriquons un ensemble de membres, de prothèses et d’orthèses pour les handicapés. En plus, le Centre organise en faveur de ses adhérents un ensemble d’activités parallèles. Nous organisons des cérémonies de distribution de fauteuils roulants et de béquilles. Nous faisons aussi des activités culturelles et de soutien. Lors des fêtes religieuses, nous distribuons des denrées alimentaires et des vêtements en faveur des handicapés démunis et de leurs familles.

Quelle est votre évaluation des rapports qui vous lient à certains partenaires institutionnels, à l’image du ministère de la Solidarité, l’Entraide nationale et l’INDH ?
Je peux dire que nous avons d’excellentes relations avec les différents organismes concernés, notamment avec l’INDH avec qui nous avons pu réaliser un ensemble de projets et d’actions en faveur des personnes affiliées ou non à notre Association. Nous avons, par ailleurs, un partenariat avec l’Entraide nationale dans le cadre d’un programme d’amélioration des conditions de scolarisation des enfants en situation de handicap. Le Centre régional «Al Karama» offre, à cet effet, deux  types de programmes. Le premier est sous forme de prestations éducatives, de réhabilitation, de formation et de rééducation fonctionnelle, tandis que le second concerne des prestations de rééducation fonctionnelle complémentaires. Assurer aux enfants en situation de handicap un environnement normal et adéquat contribue de manière significative au développement de leurs facultés mentales et psychomotrices, particulièrement dans le domaine de l’apprentissage.

Les personnes handicapées se heurtent à plusieurs obstacles. Selon vous, quels sont les principaux problèmes dont elles souffrent ?
En plus des facteurs économiques, la personne handicapée fait face à des problèmes en rapport avec l’application des lois. À titre indicatif, nous avons une loi sur l’accessibilité, mais la plupart des administrations,  des infrastructures et des moyens de transports sont dépourvus d’équipements et de voies permettant l’accessibilité aux personnes handicapées. Si je me limite à ce facteur, on peut imaginer toutes les difficultés quotidiennes auxquelles se heurtent ces citoyens. Il y a aussi un autre facteur qui ne manque pas d’intérêt. Il s’agit des personnes qualifiées pour la prise en charge des handicapés. Comme chacun le sait, le handicap fait appel à plusieurs spécialités. Cependant, il y a certaines spécialités qui n’existent pas chez nous et d’autres qui sont en nombre insuffisant. Ce sont, donc, deux obstacles majeurs qui se dressent devant la personne en situation de handicap.

Pensez-vous que la perception de la société vis-à-vis des personnes handicapées s’est améliorée dans notre société ?
Je pense que la société commence à prendre conscience des problèmes liés au handicap. À titre d’exemple, lors de la création de notre Association en 1995, nous avons organisé une cérémonie de distribution de fauteuils roulants. Parmi les bénéficiaires, il y avait un jeune homme de 20 ans qui n’avait jamais quitté son domicile à cause du handicap. Le fauteuil roulant dont il a bénéficié a complètement transformé sa vie. Tout cela pour dire que le handicap était considéré comme un tabou. Actuellement, le regard de la société a beaucoup changé et la personne handicapée est considérée comme une personne normale, sachant que chacun de nous souffre plus ou moins d’un handicap. À mon avis, les personnes handicapées sont de mieux en mieux intégrées sur le plan social. Je peux dire que la tendance va peu à peu vers une intégration totale. La preuve, on constate de plus en plus de personnes dites handicapées ayant réussi sur le plan professionnel. En d’autres termes, une personne handicapée ne veut nullement dire une personne diminuée. 

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