Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

«Je suis très heureux et fier de ce projet hautement stratégique pour notre pays qui a été réalisé par des compétences marocaines.»

«iSmart», la borne de recharge intelligente, Made in Morocco, destinée aux véhicules électriques, vient de voir le jour. Il s’agit d’un projet pionnier de transfert technologique développé à la demande d’industriels du secteur automobile par la plateforme de recherche Green Energy Park. Une innovation qui passe aujourd’hui de la recherche à l’industrialisation, grâce à la collaboration entre les différents acteurs de l’écosystème, à savoir le monde de la recherche, le secteur privé et les institutions publiques.

«Je suis très heureux et fier de ce projet hautement stratégique pour notre pays qui a été réalisé par des compétences marocaines.»

La première borne de recharge intelligente, pour véhicules électriques, 100% marocains, «iSmart», a été présentée lundi 21 décembre au siège du ministère de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique. 
Cette borne de recharge est le fruit d’un projet de recherche développé à la demande d’industriels du secteur automobile par la plateforme de recherche Green Energy Park, mise en place conjointement par l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen) et l›Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), et soutenue par les ministères en charge de l’Industrie et de l›énergie.
«iSmart» est une nouvelle génération de bornes de recharge intelligentes à usage professionnel et domestique qui dispose de deux types de connecteurs et de 4 versions : murale, mobile, sur candélabre ou sur pied. Destinée au marché marocain, elle comprend des caractéristiques techniques adaptées pour un usage flexible et efficace et est d’une capacité allant de 7 à 22 kW. 
Dans le cadre de l’écosystème vert, dans son volet mobilité durable, une ligne de production de cette nouvelle génération de bornes intelligentes sera installée à Benguérir en 2022, avec l’appui du ministère de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique pour l’industrialisation de ce projet. La capacité de production de cette usine sera de 5.000 bornes par an. 
Pour l’industrialisation de cette borne, des partenariats de sous-traitance seront développés avec des industriels opérant notamment dans l’injection plastique, l’usinage/pliage tôle fine, la découpe laser et la fabrication de cartes électroniques. À noter qu›une borne rapide d’une capacité variant entre 20 kW et 60 kW est également en cours de développement pour une commercialisation prochaine.


----------------------------

Déclaration de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique

«Je suis très heureux et fier de ce projet hautement stratégique pour notre pays qui a été réalisé par des compétences marocaines.»

«Le secteur de l’automobile est en train de se transformer en profondeur et de devenir électrique. Nous comptons déjà plusieurs Marocains qui ont acheté des véhicules électriques, qui ont besoin de recharge et de bornes électriques dans les différentes villes du Royaume. Ces produits sont aussi très recherchés à l’échelle mondiale. Nos ingénieurs ont réussi à réaliser des innovations de qualité et aujourd’hui, le ministère les accompagne pour pouvoir les industrialiser et les transformer. Il y a plusieurs étapes : d’abord passer du prototype à l’industrialisation et accompagner ces projets avec des subventions, quand c’est nécessaire, pour avoir des sous-traitants et que l’ensemble de l’écosystème soit complet, avec un taux d’intégration maximal. Le troisième volet est celui de la commercialisation au Maroc pour installer ces bornes auprès de tous les distributeurs. Et le dernier, qui est le plus important, c’est d’ouvrir des marchés internationaux à la production marocaine et à des produits marocains de haute valeur ajoutée. C’est vrai que le Maroc a réussi à produire des masques et à faire un certain nombre de choses que les gens ont vu à l’international, mais notre pays a été capable aussi de réaliser énormément de produits technologiques, tels que les réacteurs d’avion, les respirateurs artificiels, les tests PCR, ou encore les bornes de recharge. Je suis très heureux et fier de ce projet hautement stratégique pour notre pays qui a été réalisé par des compétences marocaines. Il représente l’une des composantes de l’infrastructure de la mobilité durable dans laquelle le Maroc est engagé sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste». 


Entretien avec Badr Ikken, directeur général de l’Institut de Recherche en Énergie Solaire et Énergies Nouvelles IRESEN

«Le projet "iSmart" est un véritable exemple réussi de transfert technologique»

Le Matin : Pouvez-vous nous parler de la genèse du projet ?

Badr Ikken : Ce projet a démarré au Green Energy Park, plateforme de recherche et d’innovation dans le domaine des technologies solaires et leurs applications, inaugurée par Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste, en janvier 2017. L’objectif de la plateforme est d’accompagner la transition énergétique dans plusieurs secteurs, tels que la mobilité durable, à travers la recherche appliquée et le transfert technologique. Les activités englobent notamment l’intégration de la mobilité électrique au réseau, le couplage des énergies renouvelables à la mobilité électrique, le développement des technologies de stockage et de gestion. L’objectif étant d’optimiser l’interface entre la batterie des véhicules électriques et le réseau électrique. L’un des projets pilotes sur lesquels nous avions travaillé au sein de la plateforme visait justement à évaluer l’acceptation, l’utilisation des véhicules électriques dans le milieu urbain marocain et leur adoption des différents modes de recharge. S.M. le Roi, que Dieu L’Assiste, lors de l’inauguration du Green Energy Park, a fait don de plusieurs véhicules électriques à des associations locales. C’est dans le cadre de l’alimentation électrique de cette flotte à l’aide de bornes de recharge de différentes puissances installées à Benguérir (lente et rapide) que nous avons pu mener des études socio-économiques et technologiques sur l’utilisation et le déploiement de la mobilité électrique. Nous avons, dans une deuxième phase de ce projet pilote, mis en place un corridor de bornes de recharge connectées, dans les stations-service entre Tanger et Agadir. Grâce à cette expérience et l’expertise développée sur la recharge, nous avons pu constituer une équipe de recherche spécialisée dans la conception et le développement de cartes électroniques pour répondre à nos besoins. Ensuite, nous avons scellé des partenariats avec des entreprises spécialisées dans la fabrication de cartes électroniques et des composants mécaniques, afin de concevoir une borne de recharge abordable, innovante et adaptée au contexte marocain. Cette collaboration a permis d’intégrer encore plus d’applications et d’innovation dans cette solution marocaine de recharge de véhicules électriques, qui est passée de la recherche, au développement et ensuite à l’industrialisation : «iSmart» est un véritable exemple réussi de transfert technologique.  

Quel est l›état d›avancement du projet ?

Nous avons commencé à travailler sur ce projet depuis deux ans. Toute la conception des composants, le développement et le design ont été réalisés par des Marocains. Actuellement, nous avons sorti la première série préindustrielle avec une dizaine de bornes pour les tests, la certification, etc. À partir de juin 2021, nous allons lancer la production des premiers modèles de la gamme, à savoir les bornes de 7,5 kW et 22 kW, qui seront assemblées par une startup marocaine au niveau d’une ligne de production à Benguérir. Il s’agit là du début d’une série de plusieurs produits innovants dans le domaine des technologies propres, issues de multiples projets de recherche sur lesquels nous avons travaillé, en collaboration avec plusieurs universités et centres de recherche marocains, depuis la création du Green Energy Park.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Aujourd’hui, une centaine de projets sur lesquels nous avons travaillé avec nos différents partenaires arrivent à maturité. Il y a des projets lancés, à la fois, par nos propres chercheurs et ceux développés avec des universités et des entreprises marocaines. «iSmart» est le premier projet qui passe de la recherche à l’industrialisation et bien d’autres vont suivre. Nous allons avoir, d’ici l’année prochaine, le lancement d’un chauffe-eau solaire intelligent à un prix très compétitif. Ce projet est développé en partenariat avec l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès. Il y aura également l’industrialisation de systèmes et d’unités de stockage résidentiels, qui peuvent être couplés au photovoltaïque, l’industrialisation d’un triporteur électrique marocain, ainsi que d’un frigo solaire. L’objectif est d’accompagner technologiquement et techniquement ces projets afin de leur permettre de passer de la phase recherche à la commercialisation. C’est le rôle du Green Energy Park, qui constitue une interface et un booster des activités de recherche académiques vers le monde socio-économique. 

Quelle est votre lecture de la dynamique au sein de l›écosystème ?

Je pense que la dynamique a commencé, il y a plusieurs années, avec la création de l’Iresen, qui illustre la volonté du ministère en charge de l’Énergie d’accompagner la stratégie énergétique nationale à travers de la recherche appliquée. Il y a deux instruments qui ont aidé clairement à relever ce défi. Le premier est que cela fait huit ans que nous finançons des appels à projets et que nous accompagnons des projets de recherche collaboratifs, en impliquant les universités et les entreprises. Le deuxième est la mise en place de plateformes de recherche appliquée et d’innovation que nous avons pu développer au sein de l’écosystème de l›Université Mohammed VI Polytechnique. D’autres plateformes ont suivi et nous arrivons aujourd’hui à une certaine maturité. En effet, nous avons pu développer de l’expertise locale et des infrastructures, à cela s’ajoute la collaboration avec le ministère en charge de l’Industrie pour accompagner les produits et séries préindustriels dans la commercialisation et la création d’entreprises et d’usines : Nous sommes en voie d’établir un «Green Made in Morocco» innovant reconnu pour sa qualité et sa fiabilité.

Lisez nos e-Papers