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«Je suis sûre qu’il y aura des changements positifs suite à cette pandémie»

Touchée par le confinement sanitaire imposé pour lutter contre la propagation du Covid-19, l’artiste-peintre Hayat Saïdi n’a cependant pas perdu son temps. Car cette période fut pour elle une occasion pour se remettre en question, fouiner dans ses archives artistiques et s’organiser pour un avenir meilleur.

«Je suis sûre qu’il y aura des changements positifs suite à cette pandémie»

Le Matin : Actuellement, comme vous le voyez, les activités artistiques et culturelles sont suspendues, à cause du confinement sanitaire. Comment vivez-vous cette situation ?
Hayat Saïdi :
C’est évidemment une situation inédite et difficile à laquelle personne ne pouvait s’attendre et à laquelle il a fallu adapter notre mode de vie avec plus ou moins de difficultés, selon les activités en question, notamment le travail, les loisirs, le sport, la vie sociale, entre autres. Pour ce qui concerne les activités artistiques et culturelles, celles nécessitant un contact direct avec le public sont particulièrement touchées, surtout pour les artistes dont c’est le métier dont ils vivent. C’est très dur pour ces artistes pour lesquels j’ai une pensée particulière. Pour ma part, étant donné le stress et l’angoisse générés par cette situation, je n’ai pas eu la possibilité de créer, car les conditions propices à l’imagination sont loin d’être réunies pour moi.

Donc, comment occupez-vous votre temps, puisque la période n’est pas propice à la créativité ?
La peinture, comme les autres créations artistiques, nécessite la tranquillité, le contact avec la société et la nature. Comme tous les Marocains, j’étais préoccupée par la situation et j’étais constamment à l’écoute de ce qui se passait, à travers la télévision et les réseaux sociaux, et comme les nouvelles sont tristes, les conditions d’une activité artistique, au vrai sens du terme, sont difficiles à réunir.

Y avait-il une échappatoire à l’ennui durant la journée à la maison ?
Franchement, je suis passée par deux phases, une première période caractérisée par la peur, l’angoisse et la recherche de la compréhension, durant laquelle je n’ai rien fait de spécial. Depuis la mi-avril, j’ai repris le pinceau, non pas pour réaliser des œuvres, mais pour faire des petits dessins et croquis. Toutefois, j’ai travaillé sur l’organisation et le classement de mes anciennes expositions. C’est une manière de rester en contact avec la peinture et de vaincre le stress. Actuellement, j’essaye aussi de  travailler sur une future exposition virtuelle, dans le cadre du Women’s  Art Word avec les artistes femmes du monde, qui s’intéressera sûrement à la problématique du moment.

Quels autres activités vous a inspirées cette période de confinement, à part la peinture, pour occuper votre temps ?
J’essaye de lire,  de m’informer et de  réfléchir sur les impacts socio-économiques  de cette pandémie, pour me faire mon idée, voir ce qui changera dans ma vie et autour de moi. Je pense que beaucoup de choses vont changer et il va falloir s’adapter à ces changements.

Quelle a été votre sensation de vivre le mois du Ramadan en confinement, loin de la famille et des amis ?
Le mois du Ramadan est toujours pour moi un mois de spiritualité, de prière et de purification de l’âme. J’ai vécu ce mois de la même façon que par le passé, je dirais même que le Ramadan m’a aidée à surmonter le stress engendré par la situation, même si le contact familial nous a manqué, grâce à Dieu, tout s’est bien passé.

Quel  message  adressez-vous aux Marocains pour bien entamer cette période de déconfinement progressif qui sera bientôt entamée ?
D’abords, je profite de cette occasion qui m’est donnée pour dire combien je suis fière d’être Marocaine. Notre pays, sous les directives éclairées de Sa Majesté, a su gérer efficacement cette crise.  Je salue le sens de civisme et de responsabilité des Marocains qui ont eu un comportement exemplaire durant cette période et aussi le corps médical et les forces de l’ordre avec toutes leurs composantes qui ont veillé  jour et nuit pour notre santé et notre protection. Mon message à mes compatriotes et de continuer à se protéger et suivre scrupuleusement les recommandations sanitaires, et ce même après le confinement et de façon durable. Je conseillerais aussi de sortir progressivement et prudemment du confinement, de limiter les contacts, les rencontres inutiles, de rester vigilant, de soigner son alimentation et de pratiquer  des activités physiques.

Croyez-vous qu’il y aura des changements dans les habitudes des Marocains après cette pandémie ? Y a-t-il des leçons positives à en tirer ?
Je suis sûre qu’il y aura des changements positifs suite à cette pandémie. Déjà, les gens ont pris conscience de l’importance de l’hygiène et  du respect  des règles sanitaires. Ceci représente un acquis considérable. Rien ne sera plus comme avant : la distanciation, la qualité de l’alimentation, la protection de l’environnement et tant d’autres comportements prendront le dessus. L’humanité est en train de se poser des questions sur le vrai sens de la vie et les dangers encourus par la course à la compétition et la recherche du profit. Des questions centrales se poseront à chacun : comment  profiter de la beauté de la vie, de la nature, comment aider les autres et contribuer au bien être général ?

Parcours

Passionnée par la peinture depuis son jeune âge, Hayat Saïdi est dotée d’un grand talent. Tout en appréciant la lumière et les couleurs, elle exprime son regard sur la société, notamment sur la condition des femmes de son pays à travers un message artistique abstrait, laissant place à l’imagination pour une lecture libre et méditée. Son installation à Milan, à la fin des années 1990, a vraiment boosté sa carrière plastique qui a pris une véritable envergure internationale. C’est ainsi que ses œuvres ont pu voyager un peu partout dans le monde, notamment en Allemagne, en Angleterre, en Autriche, au Canada, en Corée du Sud, aux Émirats arabes unis, en Espagne, en France, en Italie, au Liban, au Maroc, à Tokyo, en Slovénie et aux États-Unis. Ses expositions sont appréciées aussi bien par les professionnels que le public averti. Ce qui lui a valu d’être cotée à l’international, de se voir enregistrée auprès du Tribunal de l’art de Milan et aussi en France à Drouot.  Elle a aussi été gratifiée par plusieurs distinctions, dont le Prix Palme d’or à Monaco, le Prix «Minerva» par l’Académie des arts en Italie, l’Oscar de l’art visuel à Monte-Carlo, la Médaille d’étain à l’Académie Arts Sciences et Lettres à Paris, le Grand Prix Art Visual à Cannes, le Premier prix étranger «Il Caffè e Arte» Milan, le Prix Trophée Mercurio d’oro per l’arte en Italie... En revenant dans son pays d’origine, Hayat Saïdi ne cesse de contribuer activement à la promotion des arts plastiques au Maroc, à travers le «Womens Art World», un concept qui permet la rencontre de femmes d’horizons divers, mais partageant des valeurs communes telles que l’ouverture, la générosité, l’amitié et la paix dans le monde.

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