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Et si le taux réel de létalité était différent ?

Le Maroc connaît une hausse du taux de mortalité des personnes atteintes de coronavirus, depuis plusieurs jours, avec environ une vingtaine de décès déclarés quotidiennement par le ministère de la Santé. Mais ces chiffres ne tiennent pas compte de tous les décès par Covid-19. Dr Moussayer Khadija, présidente de l’AMMAIS, analyse la situation.

Et si le taux réel de létalité était différent ?
Depuis plusieurs semaines, le nombre de personnes touchées par le coronavirus au Maroc ne cesse d’augmenter, tout comme le taux de mortalité dû à cette maladie, ce qui devient très inquiétant. Surtout lorsqu’on sait que les chiffres officiels annoncés quotidiennement par le ministère de la Santé ne prennent pas en compte tous les décès. Dr Moussayer Khadija, présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), explique, dans une analyse à ce sujet, que ces chiffres ne tiennent pas toujours compte des décès de malades de cette infection qui seraient restés chez eux, ni d’une éventuelle surmortalité liée à un accès plus difficile aux soins dans les hôpitaux ou plus généralement au renoncement aux soins, un phénomène confirmé récemment par le Haut Commissariat au Plan (HCP). D’où l’utilité de connaître la mortalité complète pendant la pandémie pour appréhender une éventuelle surmortalité due au Covid-19. «Selon une note publiée fin juillet par le HCP, la crainte de contamination et le manque de disponibilité des moyens sont les principaux motifs de la restriction des soins. On observe ainsi que parmi les 11,1% de personnes souffrant de maladies chroniques ayant nécessité un examen médical lors du confinement, 45,2% n’ont pas eu accès à ces services et que parmi les 10,1% de personnes souffrant de maladies passagères et ayant nécessité une consultation, 37% n’ont pas pu en bénéficier. Il en a donc découlé un certain nombre de décès qu’on se doit d’appréhender», indique Dr Moussayer. «La surmortalité permet d’avoir une vision statistique complète d’une épidémie. Cela passe par une comparaison des dé-cès totaux dans la période de crise par rapport à un nombre de décès moyen fondé généralement sur la mortalité des cinq années précédentes. L’écart constaté par rapport à cette moyenne, la surmortalité, assure d’englober tout à la fois les décès comptabilisés officiellement comme relevant du Covid-19, la mortalité indirecte due aux conséquences de l’épidémie, notamment suite à la restriction de l’accès au soin, et une mortalité directe de personnes mortes du virus sans qu’on l’ait clairement identifié. La réunion de ces 3 composantes donne le bilan final de l’épidémie. Il ne correspond pas uniquement à des hausses de décès d’ailleurs, car la période en cause se traduit aussi par une baisse de la mortalité en raison de la réduction des déplacements et des activités (accidents de la route, accidents professionnels...)», ajoute-t-elle. 

D’après la présidente de l’AMMAIS, une meilleure connaissance de la surmortalité au Maroc serait fort utile pour le suivi de l’épidémie et pour le respect des standards internationaux recommandés par l’OMS, ne serait-ce qu’en mémoire de toutes les victimes, souligne-t-elle.  «L’écart entre surmortalité et bilan surtout hospitalier sera certainement beaucoup plus réduit qu’en Europe (une hausse de la surmortalité constatée de 50% entre fin mars et début avril), du fait d’une proportion de personnes âgées (les victimes principales) beaucoup moins élevée dans nos pays encore jeunes. En tout état de cause, les évaluations actuelles entre les différents pays doivent être interprétées avec prudence du fait de l’hétérogénéité des bases des calculs et des structures de la population : est-il raisonnable en effet de comparer certains pays d’Afrique Noire à la jeunesse débordante avec une Italie vieillissante ?» conclut Dr Moussayer. 

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