Le Maroc fera moins que la moyenne de la croissance africaine à moyen terme. Selon la Banque africaine de développement (BAD), après un taux de 2,9% en 2019, le PIB réel du pays rebondirait de 3,7% cette année et de 3,9% en 2021, contre 3,9% et 4,1% pour le continent.
Dans le rapport «Perspectives économiques de l’Afrique 2020» (PEA), les économistes de la BAD estiment que le Maroc fait face à trois grands défis structurels. Premièrement, le développement du capital humain à travers l’éducation et la formation doit être plus en lien avec les besoins du secteur privé. Deuxièmement, le système de protection sociale, qui coûte 3% du PIB (contre 2% dans les pays à revenu intermédiaire), doit être optimisé et rationalisé. Troisièmement, les rigidités du marché du travail doivent être réduites, afin de diminuer le chômage des jeunes. En outre, la forte dépendance de l’agriculture au climat constituerait un frein à la croissance. En 2019, le stress hydrique a limité les performances du secteur agricole, qui occupe environ 46% des actifs. De plus, depuis 2013, le poids de l’agriculture dans le PIB a stagné à 12,4% en moyenne, «en dépit du Plan Maroc vert destiné à promouvoir l’agriculture et mieux l’arrimer à l’industrie». Certes, l’élan de diversification des exportations dans les chaînes de valeurs des métiers mondiaux s’est consolidé depuis 2013 (+13% pour l’automobile, +8,2% pour l’agroalimentaire, +10,1% pour l’aéronautique et + 6% pour l’électronique). Cependant, le poids du secteur secondaire dans le PIB est demeuré quasi constant (26,1% en moyenne). «L’inertie de la composition du PIB reflète une faible productivité totale des facteurs (PTF) dans l’agriculture et l’industrie», détaillent les économistes de la BAD. Selon eux, l’ouverture au secteur privé des activités et des services encore opérés par les établissements et entreprises publiques stimulerait la compétitivité et induirait un regain de productivité des facteurs travail et capital. L’amendement de la loi sur les PPP et la politique de régionalisation avancée offrent également des opportunités d’investissements au secteur privé.
Sur le plan macroéconomique, les principaux indicateurs devront s’améliorer à moyen terme. La dette du Trésor baisserait de 65,1% en 2019, à 63,1% en 2021. Le déficit budgétaire, lui, s’améliorerait de 3,6% à 3,3% en 2021 «grâce à de meilleures performances fiscales et le contrôle des dépenses». Le déficit du compte courant s’allégerait aussi à 3,7% en 2021, contre 3,9% attendu cette année, après 4,6% en 2019. L’inflation devrait s’établir autour de 1% sur la période. Pour la BAD, le Maroc reste l’un des cinq grandes économies du continent. Ces dernières (Maroc, Algérie, Égypte, Nigeria et Afrique du Sud) ont contribué ensemble pour 55% dans la croissance de l’Afrique en 2019.
À noter que le rapport PEA 2020, dont le thème est «Former la main-d’œuvre africaine de demain», appelle à une action urgente pour assurer le développement du capital humain dans les pays d’Afrique. Le rapport fait également état du besoin urgent de renforcement des capacités et formule plusieurs recommandations, notamment en appelant à davantage d’investissements de la part des États dans l’éducation et les infrastructures pour maximiser les bénéfices à long terme de la croissance du PIB.