La question de la santé occupe une place centrale dans les problématiques de développement. C’est ce qui explique que le Groupe le Matin lui consacre la troisième Matinale de son cycle de conférences sur le nouveau modèle de développement. Lors de cette rencontre animée d’éminents spécialistes, le sujet a été introduit à travers une série de questionnement. Quel est l’état du système de santé au Maroc ? Comment est-il perçu et vécu par les Marocains ? Comment sont formés les médecins et le personnel paramédical ? Quelle connexion y a-t-il entre le secteur privé et celui public ? Qu’en est-il de la carte sanitaire ? Quel est l’état d’avancement du programme RAMED ? Peut-on parler d’un contrat programme ou d’une vision pour la filière médicale, que ce soit dans le domaine du médicament, du tourisme médical ou des biotechnologies ? Ce sont là les premières pistes de réflexion qui ont été proposées au débat par le PDG du Groupe le Matin à l’ouverture de cette rencontre. Rencontre qui était riche en échanges, notamment grâce aux panélistes qui ont défendu leurs idées, proposé des solutions et des recommandations pour permettre au secteur de la santé d’être un pilier du nouveau modèle de développement (NMD).
En ce qui concerne la place à accorder à la télémédecine pour pallier les maux de la santé, les panélistes ont convenu de son importance. Cependant, ils ont considéré qu’elle ne pourrait, en aucun cas, constituer une solution pour faire face au manque en ressources humaines dont souffre le secteur. D’ailleurs, cette question a été présentée comme un «goulot d’étranglement» qui nécessite un investissement coûteux, mais nécessaire. Or il a été admis que les solutions à proposer doivent être envisagées selon une approche globale.
L’aspect du budget consacré au secteur s’est invité par la force des choses dans le débat. Les participants ont souligné à cet égard la nécessité de renforcer le budget alloué à la santé. Mais cette préconisation a soulevé, en toute logique, la problématique de la bonne gouvernance et de l’efficience dans l’utilisation des ressources ainsi qu’au niveau de la gestion du secteur en général. Dans ce cadre, outre la surtaxation de certains produits jugés nocifs comme le tabac ou le sucre, les participants ont évoqué la voie du partenariat public-privé (PPP) pour optimiser le rendement du secteur ainsi que pour favoriser les canaux et les connexions entre les deux secteurs au profit du patient.Au fil des discussions, les panélistes en sont arrivés à poser la question de la gratuité des soins. Soulignant la nécessité de faire la distinction entre les concepts du patient contribuable et du patient payeur. Après avoir rappelé que les coûts des soins sont supportés, à hauteur de plus 63% par les citoyens, ils ont suggéré un élargissement afin de changer la physionomie de la protection sociale en appelant à revoir le nombre des offres d’assurance maladie (qui ne concernent actuellement que 30% de la population), entre autres. Le tout, ont-ils insisté, doit être abordé dans à travers la vision d’un contrat social en matière de santé. À ce propos, il a été proposé de «réaffecter» l’argent détenu par la CDG au secteur de la santé.Outre ces questions, les participants ont exprimé plusieurs recommandations. Il s’agit, entre autres, de procéder à «une véritable refonte» du système marocain de santé et non plus à «une simple réforme». Il a été aussi recommandé d’organiser, de manière régulière, des débats impliquant les parties prenantes pour discuter des améliorations à apporter au secteur. Des débats qui peuvent prendre la forme d’«états généraux de la santé», comme cela se passe sous d’autres cieux. Une autre recommandation a insisté sur l’intégration de la dimension genre dans les solutions proposées.Autant d’éléments qui ne manqueront pas de figurer sur le livre blanc qui sera élaboré au terme de ce cycle de conférences consacré au NMD et dont la prochaine conférence portera, le vendredi 13 mars, sur l’éducation et la formation.