Les salaires, grands contributeurs aux inégalités sociales au Maroc. Le constat est du Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans une analyse édifiante sur la structure des revenus des ménages dans le Royaume. Celle-ci a été établie sur la base des données issues de l’enquête nationale sur les sources de revenu réalisée par le HCP en 2019. Selon l’institution chargée des statistiques, le revenu salarial des 20% des ménages les plus aisés est 14,1 fois celui des 20% des ménages les moins aisés. L’écart est de 25,9 fois entre les 10% des ménages les plus aisés et les 10% les moins aisés. Dans ces conditions, les inégalités salariales contribuent pour 40% aux inégalités du revenu global mesurées par l’indice de Gini.
Les transferts, deuxième source de revenus des ménages
Les salaires, en milieu urbain, et les revenus agricoles, en milieu rural, constituent les principales sources de revenu des ménages. À l’échelle nationale, indique le HCP, 38% des revenus des ménages proviennent des salaires (44% en ville et 23% en milieu rural). Cette proportion ressort à 26,6% pour les 20% des ménages les moins aisés, 38% pour les 60% des ménages intermédiaires et 39,2% pour les 20% les plus aisés. Avec une contribution de 20% au revenu global, les transferts constituent, en termes d’importance, la deuxième source de revenus des ménages marocains, affirme l’analyse. Dans le détail, le HCP précise que ces transferts proviennent à hauteur de 49% d’institutions publiques, 40% des ménages et 11% d’institutions privées. Ils représentent 22% des revenus des ménages citadins (53% provenant d’institutions publiques, 36% des ménages et 11% d’institutions privées) et 14% des revenus des ménages ruraux (32% d’institutions publiques, 60% des ménages, et 8% d’institutions privées). Par tranche de revenu, les transferts constituent 28% du revenu des 20% des ménages les moins aisés, 21,2% de celui des ménages intermédiaires et 18,5% des ménages aisés. Le revenu mixte provenant de l’emploi indépendant non agricole, où participent le travail et le capital, constitue 18% des revenus des ménages (20% en milieu urbain et 12% en milieu rural). Par tranche, le revenu mixte représente 10,4% du revenu des 20% des ménages les moins aisés, 17,9% des intermédiaires et 18% des ménages aisés. La mauvaise campagne agricole, en 2019, où l’enquête a été réalisée, s’est soldée par un revenu agricole global de 10% au profit des ménages (36,7% en milieu rural et 0,7% en milieu urbain). Le revenu agricole constitue ainsi 8,1% du revenu des 20% des ménages les moins aisés et 7,3% de celui des ménages intermédiaires.En revanche, précise l’analyse, les revenus agricoles contribuent à hauteur de 12,9% au revenu des 20% des ménages les plus aisés. Au total, le revenu agricole représente, en milieu rural, plus de la moitié des revenus des 20% des ménages les plus aisés (54,4%), 19% de ceux des ménages intermédiaires et 9% de ceux des moins aisés.La moitié des ménages ruraux ont plus de 3 sources de revenu
L’analyse du HCP montre que les ménages marocains vivent avec près de 3 sources de revenu, 2,7 en milieu urbain et 3,5 en milieu rural. Ce nombre moyen est de 3,2 parmi les 20% des ménages les moins aisés, de 2,9 parmi les 60% des ménages intermédiaires et de 2,7 parmi les 20% des ménages aisés. Globalement, près de 96% des ménages disposent d’au moins deux sources de revenu (99,8% en milieu rural et 94% en milieu urbain), 41,7% disposent de trois sources, 29,6% de deux sources et 20,2% de quatre sources. Précision importante : la part des ménages disposant d’au moins 4 sources de revenu est plus élevée en milieu rural (47,1%) qu’en milieu urbain (14,2%). Notons que le nombre moyen de sources de revenu par ménage mesure le degré de diversification des sources de revenu, abstraction faite de leurs poids dans le revenu total des ménages.