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4e génération de fonds : encore 3,2 milliards de DH à investir à condition de trouver de bons deals

Malgré la crise économique liée au coronavirus, l’activité du capital investissement a poursuivi son développement en 2020. Les investissements ont ainsi augmenté en nombre comme en valeur par rapport à 2019. Cependant, des désinvestissements ont été reportés, le temps pour les sociétés de gestion de fonds de rattraper le retard sur la réalisation des business plans des entreprises investies. Ce qui ne les empêche pas de chercher de nouvelles affaires, avec une capacité actuelle d’investissement de 3,2 milliards de DH.

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Bonnes perspectives pour le capital investissement au Maroc pour les 3 prochaines années. Selon l’Association marocaine du capital investissement (AMIC), 3,2 milliards de DH seraient encore disponibles à l’investissement hors infrastructures. Sur ce montant, les sociétés de gestion envisagent d’investir 1,35 milliard de DH cette année, 905 millions en 2022 et 630 millions en 2023. 
Au total, 21 investissements devraient être réalisés cette année, contre 13 sorties, selon le rapport d’activité 2020 présenté hier par l’AMIC. «Les sociétés de gestion sont à la recherche de bons deals», a déclaré Omar Benchakroun, Consultant sénior chez Fidaroc Grant Thornton, cabinet chargé de l’étude ayant donné lieu au rapport d’activité de l’AMIC. 
Les perspectives sont également prometteuses pour les levées de fonds prévues cette année. Celles-ci devraient atteindre 2,9 milliards de DH, selon l’association et seront principalement investis dans les technologies de l’information, les services et la santé qui arrivent en tête des secteurs visés pour les 5 prochaines années. En attendant de vérifier la réalisation de ces prévisions, il est important de noter que l’activité du capital investissement n’a pas reculé en 2020, contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer. Bien au contraire, le rythme des investissements s’est accéléré. Ainsi, 20 opérations ont été réalisées l’année dernière (dont 18 investissements et 2 réinvestissements), contre 9 seulement en 2019. 
Le montant des investissements réalisés augmente également : 804 millions de DH en 2020 contre 765 millions un an plus tôt.

L’amorçage dame le pion à la transmission/retournement
C’est ainsi que 140 millions de DH ont été investis dans des startups en capital-amorçage et risque, particulièrement dans les nouvelles technologies. «Ces deux catégories continuent de gagner du terrain», souligne Benchakroun.
Le capital-amorçage, longuement boudé, a plus que doublé de valeur en un an, passant de 74 millions de DH investis à fin 2019 à 172 millions à fin 2020. Le capital-risque, lui, a atteint 484 millions de DH à fin 2020, contre 440 millions à fin 2019.
Pour la génération actuelle de fonds investis (la 4e), qui couvre la période 2017-2020, les phases de transmission et de retournement ont tout simplement cédé la place à l’amorçage-risque qui représente 43% des actes. Le reste (53%) concerne des entreprises en phase de développement. Les services et transport accaparent 28% des investissements de cette génération, suivis de l’industrie agroalimentaire (16%).

Les participations minoritaires prennent le dessus
Les changements observés dans cette génération concernent également les tranches de capital acquises dans les entreprises cibles. Comparativement à la précédente génération (2021-2016), les prises de participations majoritaires ont cédé la place aux participations minoritaires. 
Ainsi, l’acquisition de parts allant de 5 à 34% est passée de 1,26 milliard de DH pour la 3e génération à 1,91 milliard pour la 4e. En revanche, les investissements se sont repliés de 874 millions de DH à 630 millions pour la tranche 30%-50% et ont disparu pour la tranche 50%-67%. Ils ont aussi baissé à 190 millions de DH, contre 317 millions pour la tranche de plus de 67%. Le ticket moyen d’investissement pour cette génération de fonds ressort à 5,8 millions de DH. Il est de 10 millions de DH pour la phase d’amorçage et de 94 millions pour la phase de développement.

10 actes de désinvestissement en 2020
En raison de la crise, plusieurs désinvestissements initialement prévus pour 2020 ont été reportés (lire encadré). Finalement, seuls 10 désengagements ont été finalisés l’année dernière pour un montant de 220 millions de DH. Ce qui porte le total à 132 actes de désinvestissements à fin 2020 pour un montant de 5 milliards de DH.
Le marché secondaire et les industriels représentent les principaux modes de sortie à fin 2020 et comptent chacun pour 30% des désinvestissements en valeur. Le TRI brut ressort, pour sa part, à 13% à fin 2020 pour un multiple de 2. 


 Quel impact de la pandémie sur les entreprises investies  et le secteur ?

L’impact de la crise sanitaire sur les performances des entreprises n’est plus à démontrer. Et celles avec des participations en capital investissement ne font pas exception. Cependant, force est de constater que l’impact sur leurs activités est inférieur aux autres entreprises. Ainsi, souligne Slimane Ed-dafali, enseignant-chercheur à l’Université de CHouaib Doukkali, ENCG El Jadida, sur 108 entreprises accompagnées par le capital investissement, la baisse moyenne du chiffre d’affaires 2020 par rapport à 2019 est de 20% contre une moyenne nationale de -32%. Par rapport au chiffre d’affaires prévisionnel de 2020, la moyenne est de -24%. Et pour cause, 33% des sociétés de gestion de fonds (SDG) ont mis en place un comité spécial pour le suivi de l’impact de la pandémie sur les entreprises dans lesquelles ils détiennent des participations. En outre, 56% des entreprises investies ont augmenté le nombre de réunions de leurs comités stratégiques et 28% ont tenu un nombre plus important de Conseils d’administration que d’habitude. Par ailleurs, 56% des SDG ont mis en place des actions spécifiques de gouvernance : cellule de surveillance, négociation de nouveaux délais clients, recouvrement des créances, report d’échéances bancaires… En plus de l’impact sur les entreprises investies, la crise a également déclenché des changements dans l’activité du capital investissement. Ainsi, 11 investissements planifiés et 19 désinvestissements prévus ont été reportés ou annulés. De plus, 6% des SDG rapportent un report d’injection des fonds des bailleurs et 22% affirment qu’elles ont dû entamer des discussions ou négociations d’une modification de la politique d’investissement avec les bailleurs de fonds. Ces changements incluent une diminution des investissements dédiés aux entreprises exportatrices (12% des répondants), une augmentation des investissements dédiés aux PME exportatrices (53%) et une concentration des investissements en faveur des PME locales (24%). Globalement, l’optimisme reste de mise chez les professionnels du secteur : 83% des répondants s’attendent à un retour à la normale de leurs activités au cours de cette année ou plus tard.

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