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À l’ère du digital, quels métiers et quelles compétences pour demain ?

Notre société change et les métiers aussi. Certains métiers du futur sont déjà là et d’autres ne tarderont pas à arriver et seront bientôt incontournables, alors que le digital poursuit sa montée en puissance dans tous les secteurs. Dans ce contexte, cultiver et développer les compétences nécessaires pour ces métiers de demain est loin d’être un luxe. Quels sont donc ces métiers et quelles compétences requièrent-ils ? Voici quelques éléments de réponse.

À l’ère du digital, quels métiers et quelles compétences pour demain ?

La question ne cesse de revenir dans les débats : quel visage aura le monde du travail dans le futur proche et quelles compétences pour les métiers de demain ? Une question source d’inquiétude pour certains et simple projection dans l’avenir pour d’autres, mais qui, pour beaucoup, laisse entrevoir un gisement d’opportunités et des possibilités d’évolution considérables.
Cette thématique a été au centre d’un webinaire organisé récemment par ESCA École de Management à l’occasion de la treizième édition de ses Job Days. «À l’ère du digital, quels métiers et quelles compétences pour demain ?» est la question qui a été soulevée et à laquelle plusieurs éléments de réponses ont été apportés par les experts et professionnels conviés.
C’est un fait avéré par l’histoire : les cycles de changement et de progrès transforment les métiers existants et en créent de nouveaux, alors que d’autres disparaissent complètement. Notre époque ne déroge pas à la règle avec toutes les évolutions rapides qui s’opèrent actuellement et qui sont appelées à se poursuivre avec encore plus de rapidité, surtout avec le digital comme vecteur fort de transformation.
«Le monde du travail est en train de changer avec la montée en puissance du digital. On voit peu à peu les métiers et les usages se transformer. De nouvelles tendances émergent dans les entreprises : management transversal, digitalisation, automatisation des tâches, culture de la compétence, responsabilisation, prise en compte de l’intelligence émotionnelle et des soft skills… Autant de tendances qui prennent de l’ampleur ces dernières années», a relevé Leila Naïm, enseignante-chercheure et responsable des programmes ressources humaines à ESCA École 
de Management.

«La digitalisation transforme les rapports que nous avons les uns avec les autres et nos rapports avec le monde du travail», souligne de son côté Maryam Zoulali, responsable Recrutement et Marque à Attijariwafa bank. «Cette digitalisation va au-delà des nouvelles technologies de l’information et de la communication puisqu’elle s’immisce jusque dans le modèle économique», a-t-elle ajouté.
À ce titre, certains métiers sont amenés à disparaître et d’autres vont se créer par la force du besoin. Pour Maryam Zoulali, les métiers qui vont disparaître sont ceux qui ont été très polarisés par l’automatisation alors que les métiers d’avenir seront ceux liés à des domaines qui sont actuellement en pleine expansion tels que l’intelligence artificielle, la robotique, la cybersécurité, la Big Data et la protection des données (Data scientiste, Trafic manager, Chief data officer…).

Se basant sur les prospectives de son Groupe, la professionnelle RH a également cité un ensemble de métiers liés aux systèmes d’information qui seront désormais sollicités, à savoir : ingénieur en fiabilité de site, ingénieur infogérance, ingénieur Unix/Linux, urbaniste SI, codeur, UX designer, intégrateur web, architecte système…
Dans le domaine de la sécurité SI, la liste comprend les fonctions suivantes : spécialiste en gestion de crise cybersécurité, testeur d’intrusion Gestion de projets : le Change Manager, Senior Engagement Manager Marketing : veilleur en e-réputation, technologue créatif, copyrighter, digital sourceur, trafic manager, Growth Hacker…
Pour ce qui est métiers liés à l’expérience client, on trouve les Customer experience managers, les designers d’expérience utilisateurs, les managers de boutiques virtuelles, les animateurs de collaboration hommes/machines, entre autres.
Nidal Bennani, directeur général de Best Carrière, a également évoqué certains métiers qui ont émergé aujourd’hui tels que Scrum master, Bid manager ou Bim manager. «Ce sont de nouveaux métiers qui ont émergé et des profils qu’on retrouve aujourd’hui au sein des entreprises. Il y a même des fonctions qui ont été spécialement créées durant la crise sanitaire telles que le Chief Covid Officer ou l’assistant support télétravail !
Le coaching est aussi un métier d’avenir d’après Mohamed Tazi, directeur associé au cabinet LMS Formation. Avec tous les changements qui s’opèrent et ceux à venir, le besoin d’être accompagné s’impose de plus en plus, a-t-il affirmé.
«Les métiers vont évoluer plus qu’ils ne vont disparaître. Bien sûr, il y en a certains qui disparaîtront, mais l’essentiel, c’est le développement des compétences qui va permettre la pérennité de l’employabilité», a tenu à signaler à juste titre Youssef Elouedghiri Idrissi, directeur Capital humain à Alsa 
Al Baida.

À nouveaux métiers, nouvelles compétences ?
Agilité et adaptabilité sont les compétences qui font l’unanimité chez l’ensemble des intervenants. Elles ne sont pas nouvelles pour autant. Si les compétences techniques nécessitent des mises à jour constantes, d’autres sont plus durables comme le savoir-être, le savoir-devenir et le savoir-aboutir.
«Une compétence technologique au sein d’une entreprise aujourd’hui a en moyenne une durée de vie de 5 ans, c’est dire que désormais un employé ne peut plus occuper le même poste et faire le même travail pendant 20 ou 30 ans», a fait remarquer Nidal Bennani. «Aujourd’hui, il faut être en apprentissage continu et développer de nouvelles compétences pour pouvoir s’épanouir et se développer au sein d’une entreprise», a-t-il noté. .../...
Pour Youssef Elouedghiri Idrissi, l’adaptabilité est aujourd’hui la compétence la plus prisée dans un monde marqué par le changement permanent.
L’autre compétence clé, celle de tous les temps, n’est autre que l’agilité. «Les hommes et les femmes ne vont pas disparaître, ce sont les métiers qui vont évoluer. Ce qui leur est aujourd’hui demandé est de devenir agiles», a assuré Mohamed Tazi qui a également cité comme compétence d’avenir la capacité à se transformer, à ne pas subir, mais d’être un acteur. «Que vous soyez secrétaire, commercial, marketeur ou financier, ce qui compte est votre capacité à vous transformer, à absorber les nouvelles idées et à les mettre en œuvre rapidement», a expliqué l’expert.
Les e-skills n’ont pas été en reste. Mohamed Tazi assure qu’«il est aujourd’hui inconcevable qu’un cadre en entreprise soit incapable d’utiliser les réseaux sociaux, les outils de communication et de management à distance ou la langue anglaise».

Mais au-dessus de tout cela, ce sont les compétences humaines et comportementales qui deviennent aujourd’hui les compétences les plus souhaitées, a signalé Leila Naïm, qui est également coach experte en performance professionnelle et relationnelle. «Les social skills ou les compétences comportementales et relationnelles sont de plus en plus incontournables dans l’entreprise. Il est noté que le succès des individus dans les organisations repose à 80% sur les soft skills et à seulement 20% sur les compétences techniques», a-t-elle relevé, ajoutant que désormais, la capacité de persuasion, la collaboration, le leadership, la communication et l’adaptabilité sont des compétences qui permettront de se démarquer dans cet univers numérique. 


Déclaration de Jean-Yves Arrivé, psychologue, consultant RH et coach

«Le monde change et les technologies évoluent rapidement. Ce que l’on sait, c’est que plus de 30% des métiers actuels n’existeront plus d’ici à 2050, ou au moins que la manière de les exercer aura été profondément modifiée par les nouvelles technologies. Bien sûr, on aura toujours besoin de cuisinier.e.s, d’ingénieur.e.s, de paysagistes, d’infirmier.e.s... Mais l’importance prise par les high-tech et le traitement des data va faire exploser les besoins dans ces nouveaux domaines, qui seront interconnectés avec les métiers de l’ancien monde.
De l’exploitation à la sécurisation, à l’optimisation du stockage des données en passant par la gestion des réseaux, l’évolution de la domotique, les besoins seront immenses. Mais il ne faut pas trop vite en conclure qu’il suffira d’acquérir les compétences dans ces nouveaux secteurs pour s’assurer un emploi à vie. En effet, ce qui va profondément évoluer, et on le répète depuis 20 ans déjà, c’est que les compétences recherchées par le marché du travail seront de moins en moins celles transmises par un système éducatif plus en retard que jamais par rapport aux besoins. Les compétences majeures pour moi seront la maîtrise des «soft skills» et cela ne se validera pas par des diplômes.

Ces compétences se développent grâce à l’éducation, c’est-à-dire l’ensemble des moyens mis à la disposition d’un enfant par la famille, l’école, la société pour développer ses intelligences. On sait depuis plus de 50 ans, notamment au travers des travaux de chercheurs comme Howard Gardner, qu’un individu peut et devrait développer harmonieusement jusqu’à huit intelligences. L’intelligence musicale, corporelle, spatiale, naturaliste sont des sources infiniment importantes de compétences indispensables pour l’homme de demain.
Sans compter bien sûr l’intelligence intra-personnelle, qu’on désigne parfois sous le terme de connaissance de soi dans laquelle on intègre l’intelligence émotionnelle, et l’intelligence interpersonnelle, c’est-à-dire les qualités relationnelles, le leadership.»


Paroles d’experts

Leila Naïm, enseignante-chercheure et responsable des programmes ressources humaines à ESCA École de Management

Les compétences comportementales et relationnelles, des atouts indispensables

«Les social skills ou les compétences comportementales et relationnelles sont de plus en plus incontournables dans l’entreprise aujourd’hui. Il est noté que le succès des individus dans les organisations repose à 80% sur les soft skills et à seulement 20% sur les compétences techniques. Les compétences comportementales relèvent de l’inné, de la personnalité, de l’histoire personnelle de l’individu et de tout le système de perception et de valeur qu’il a pu construire à travers son parcours universitaire et professionnel. Chose qui lui permet de créer de la valeur réelle dans l’environnement de l’entreprise. Il se démarque par ses comportements et sa facilité relationnelle qui font partie des compétences strictement individuelles et non transversales. Il est indéniable que l’essor de l’intelligence artificielle est l’une des caractéristiques déterminantes de l’environnement de travail actuel. Mais le développement des soft skills devient un atout indispensable dans ce monde numérique. Les compétences propres aux êtres humains ne pourront pas se faire remplacer par la machine. La créativité, la persuasion, la collaboration, le leadership, la communication, l’adaptabilité seront des compétences qui permettront de se démarquer dans cet univers numérique. Dans l’ère du numérique, les soft skills ne sont pas uniquement les moyens qui permettent de vivre mieux en entreprise, de se développer et de postuler pour une carrière, mais ils sont également les moyens qui permettent d’interagir, mettre en doute, d’interpréter et de contrôler les résultats de l’intelligence artificielle. L’intelligence émotionnelle et situationnelle permet à la machine de mieux cerner les exigences et les contraintes pour apporter des réponses optimales aux situations vécues comme complexes dans les organisations.»

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Malgorzata Saadani, coach internationale ICC, conférencière et médiatrice

Miser sur les compétences personnelles, un pari gagnant

«Depuis plusieurs années déjà nous vivons les phénomènes complexes de la globalisation et de la digitalisation qui impactent non seulement le monde du travail, tous secteurs confondus, mais aussi notre vie quotidienne tout entière. La première chose que je remarque, c’est la volatilité des certitudes : aujourd’hui, on estime qu’une compétence technique particulière est appréciée, et demain elle devient déjà obsolète. Comment choisir sa filière ? De ce point de vue, il est à mon avis crucial d’être conscient de ses propres talents spontanés, en vue de les développer et pousser vers l’excellence en choisissant les créneaux porteurs. Les compétences indispensables dans cette voie sont surtout personnelles : le sens de l’observation, la capacité d’adaptation, la créativité et l’audace bien calibrée.
Évidemment, notre nouvelle normalité hybride accélérée encore par la pandémie est digitale, donc la maîtrise de ses outils et la gestion du relationnel humain à distance sont absolument nécessaires pour chacun qui veut s’intégrer avec succès en entreprise et y apporter une valeur ajoutée.»

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Maryam Zoulali, responsable Recrutement et Marque à Attijariwafa bank

La jeune génération, un rapport différent au travail

«Le digital est au cœur de toutes les initiatives de transformation qui permettent aux entreprises de développer leurs activités, d’améliorer considérablement leurs processus et de mieux accompagner leurs clients. Cette transformation touche particulièrement les jeunes générations qui voient leurs rapports au monde complètement transformés. L’entreprise ne peut pas ignorer cette génération imprégnée du digital qui a grandi dans un monde en constante évolution et qui a besoin de changement et de challenges dans chaque étape de leur vie. Ainsi, manager ces jeunes ne peux pas se faire de la même manière que celle qui se faisait auparavant, d’une manière classique. L’entreprise doit privilégier un système collaboratif plutôt qu’ascendant, ce qui impose de nouveaux types de management qui favorisent l’autonomie, la responsabilisation et l’orientation résultats.» 

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Amine Bouhassane, directeur des ressources humaines à Heyme Maroc

Attention à la déshumanisation des relations de travail !

«La révolution digitale ou numérique devra nous alerter sur l’importance de l’humain dans l’entreprise. Le digital reste un moyen et c’est ce qu’il ne faut pas perdre de vue. 
C’est un appui supplémentaire et le risque serait qu’on tende vers une déshumanisation des entreprises en mettant tout en digital et en perdant ce lien fort qui unit les collaborateurs dans une entreprise, sachant que l’innovation la plus importante reste l’innovation managériale, celle des idées, celle de la manière de penser systémique. Le digital reste une voie d’accélération parce qu’on est conscient que l’individu, de par sa polyvalence, demeure un axe essentiel du développement de l’entreprise.»

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