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Absence flagrante de la culture dans les programmes électoraux à Kénitra

Absence flagrante de la culture  dans les programmes électoraux à Kénitra
Plusieurs voix se sont élevées contre le retard accusé dans la réalisation du Complexe culturel de Kénitra, qui devait être opérationnel en 2020.

La culture a été le parent pauvre des discours électoraux. Un domaine quasiment absent des programmes des partis et rarement évoqué par les candidats aux dernières élections locales, régionales et législatives.

Cependant, un vent d’optimisme souffle actuellement sur la cité des marguerites. Un espoir suscité par les résultats des urnes et surtout par le Nouveau Modèle de développement (NMD) qui accorde à la culture une place centrale et dont la déclinaison au niveau local et régional est attendue avec impatience.

Il est à rappeler, à cet égard, que le rapport du NMD présenté au Souverain considère en effet que la culture au Maroc est vouée à devenir un levier multidimensionnel de prospérité économique, de lien social inclusif et de soft power géopolitique. «La culture offre un gisement de croissance, d’investissement et d’emplois au plus proche des territoires et des besoins locaux. La profondeur historique marocaine est un atout à faire valoir comme levier de stabilité régionale, de rayonnement culturel et de coexistence», lit-on dans le rapport.

Tout en prenant en acte des signes avant-coureurs d’un Maroc en pleine mutation, les passionnés et les acteurs de la chose culturelle à Kénitra n’ont pas manqué, à l’occasion des dernières élections, d’exprimer leur suspicion vis-à-vis des élus locaux, compte tenu des expériences passées et qui se sont avérées peu concluantes.

Amina Shaqi, écrivaine, poétesse, journaliste et militante associative, n’y va pas par quatre chemins. «Quand on jette un coup d’œil sur les programmes des candidats aux élections, on s’aperçoit immédiatement que la culture est quasiment absente. Si certains candidats prennent à la légère la chose culturelle, d’autres, n’étant pas cultivés eux-mêmes, n’y pensent même pas». En guise de conclusion, elle n’a pas manqué de rappeler que la culture ne doit en aucun cas être réduite à un loisir ou un luxe. «Bien au contraire, c’est un élément fondamental dans le processus de développement multidimensionnel et d’encadrement des jeunes», a-t-elle affirmé.

Même son de cloche chez Karim Choukri, passionné de théâtre, journaliste et encadrant d’ateliers de formation de presse et de communication. Il considère que le volet culturel revêt une importance cardinale dans tout processus de développement humain. Néanmoins, dit-il, le discours électoral (programmes, pubs, propagande, débats...), véhiculé par les temps qui courent, reflète une dépréciation flagrante du capital immatériel. Il cite, à ce propos, plusieurs facteurs en indiquant que l’acteur politique et l’élite locale prétendent que les besoins socio-économiques de la population demeurent prioritaires, estimant, par ailleurs, que la composante culturelle reste le dernier des soucis de la classe politique et partisane, en raison de l’impact à moyen et long terme que revêt normalement toute dynamique intellectuelle, ce qui perturbe les défis relatifs au calendrier électoral. Karim Choukri pense, en outre, que la majorité des acteurs partisans locaux souffrent d’un manque flagrant en connaissances philosophiques, culturelles et artistiques, «ce qui représente une entrave majeure pour une évaluation durable du patrimoine immatériel».

L’avis de Nourdine Fidali, portraitiste et artiste-peintre, s’inscrit dans le même ordre d’idées. «Mésestimant le degré d’évolution de la société marocaine, les candidats aux élections croient, à tort, que la culture est le dernier souci des électeurs et qu’ils ne s’intéressent qu’à des sujets d’ordre social, tels que l’emploi ou la santé, notamment dans le contexte de la pandémie de la Covid-19», a-t-il indiqué.

À l’issue des dernières élections, plusieurs personnes ont émis le souhait que la culture prenne la place qu’elle mérite. Notons, à cet effet, que plusieurs voix se sont élevées contre le retard accusé dans la réalisation du Complexe culturel de Kénitra, dont les travaux ont été lancés par S.M. le Roi Mohammed VI en 2015. Un projet qui devait être opérationnel en 2020, mais la gestion chaotique des différentes phases de sa réalisation en a décidé autrement... 

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