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La crise sanitaire a tout chamboulé. Les industries culturelles ont été très affectées par la suspension et l’annulation de leurs manifestations : des artistes et des collectifs culturels sans carnet de commande ni perspective de mécénat ou de sponsoring, emplois perdus, galeries fermées, budgets bloqués, projets suspendus... Des artistes n’ont pas pu bénéficier du soutien financier de l’État. Selon le ministre de la Culture de la jeunesse et des sports, Othman El Firdaous, les dispositifs transversaux mis en place grâce au Fonds Covid-19 ont permis à plus 3.700 détenteurs de cartes d’artiste (anciennes ou nouvelles) de bénéficier des dispositifs TadamonCovid (Ramed et informel), soit un taux d’acceptation des dossiers de 70%. La disparition de plusieurs pionniers de l’art et de la culture est aussi un coup dur pour les acteurs de ce secteur. Néanmoins, l’année 2020 a aussi offert le témoignage de la créativité et l’amour des professionnels de la culture pour leur profession. Ils ont été nombreux à multiplier les manifestations en ligne et à soutenir un public de plus en plus reconquis.
Soutien du ministère de la Culture
Le ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports a lancé un programme exceptionnel de soutien aux acteurs culturels des mondes de l’art et du livre, en vue d’atténuer l’impact socio-économique de l’état d’urgence sanitaire. Son initiative englobe plusieurs actions :
1. Distribution anticipée par le Bureau marocain des droits d’auteur (BMDA) à partir du 15 juin, au profit des auteurs et créateurs adhérents, de toutes les répartitions restant programmées pour l’exercice 2020, soit 35,4 millions de DH, à savoir les perceptions de l’année 2019 des droits d’auteur et de la rémunération pour copie privée pour les trois catégories : lyrique, dramatique et littéraire, conformément aux recommandations de la Confédération internationale des auteurs et compositeurs (CISAC) et du programme ResiliArt de l’Unesco.
2. Lancement à partir du 17 juin d’un appel à projets artistiques pour une enveloppe globale de 39 millions de DH dans les domaines suivants :
- Théâtre et tournées nationales pour une enveloppe prévisionnelle de 20 millions de DH (jusqu’à 200.000 DH par projet).
- Musique, chanson, arts de la scène et arts chorégraphiques pour une enveloppe prévisionnelle de 12 millions de DH (jusqu’à 250.000 DH par projet).
- Expositions d’arts plastiques et/ou visuels portées par les galeries pour une enveloppe prévisionnelle de 2 millions de DH (jusqu’à 250.000 DH par projet).
- Acquisition d’œuvres d’arts plastiques ou visuels auprès des artistes pour une enveloppe prévisionnelle de 3 millions de DH afin d’enrichir les collections du ministère et d’encourager les jeunes talents.
- Participation à l’initiative d’acquisition d’œuvres d’arts plastiques et visuels de la Fondation Nationale des Musées à hauteur de 2 millions de DH, ce qui porte l’initiative à 8 millions de DH.
3. Partenariat approfondi avec la Fondation nationale des musées dans les domaines suivants :
- Prêt d’œuvres issues de la collection non exposée du ministère afin que les œuvres des artistes marocains soient mises à la disposition du public dans les musées du Royaume et à l’international.
- Mise à disposition du scanner très haute définition de la Bibliothèque nationale du Royaume (modèle «Newly Muse» 2×2 résolution 1090 dpi à 7,4 milliards de pixels) pour contribuer à l’accélération de la numérisation des collections de la Fondation.
4. Lancement à partir du 17 juin d’un appel à projets dans l’édition et le livre pour une enveloppe de 11 millions de DH dans les domaines suivants : acquisitions d’ouvrages auprès des librairies et des éditeurs pour distribution dans les bibliothèques publiques, édition de revues culturelles (papier et électronique), opérations de sensibilisation à la lecture, et participation des auteurs marocains aux résidences d’auteurs, et participation des éditeurs marocains aux salons internationaux du livre.
Manifestations en ligne
Les restrictions liées à la pandémie Covid-19 n’ont pas empêché les artistes de partager en ligne leur art avec le public. Plusieurs festivals et événements culturels ont pu relever le défi et organiser des manifestations culturelles en ligne. À titre d’exemple, Le Festival international de film documentaire d’Agadir, le Festival de Fès des musiques sacrées ou encore Visa for Music 2020. Ces festivals et bien d’autres ont prouvé qu’il était possible de faire vivre le domaine musical malgré la pandémie de la Covid-19, sans aucun risque pour les artistes, les intervenants, les équipes et la production technique. Bravant la pandémie Covid-19, les galeries d’art ont égayé les journées du confinement avec des expositions virtuelles.
Accompagnement digital
Des organismes comme la Fondation Hiba, l’Institut français et l’Institut Cervantes accompagnent le public et les artistes depuis le début de la crise sanitaire au Maroc. La Fondation Hiba a organisé des concours en ligne et a poursuivi le partage des appels à projets offrant des opportunités de développement culturel. L’Institut français a également proposé plusieurs opportunités et a maintenu la cadence pour une offre numérique culturelle variée. L’Institut Cervantes a diversifié son offre aussi entre spectacles en ligne, concerts, projections de films... Pour sa part, le Centre cinématographique marocain a proposé tout au long du confinement une série de longs métrages marocains en ligne sur son site web. La Fondation nationale des musées a pu toucher un grand public grâce aux visites virtuelles de musées et autres activités programmées après la fin du confinement pour accueillir les passionnés d’art sur place tout en respectant les mesures de protection sanitaire.
Sensibilisation
L’Unesco s’inquiète de l’impact de la crise de la Covid-19 sur les secteurs culturels dans le monde entier. Pour cela, elle recommande le soutien direct aux artistes et professionnels de la culture, l’aide aux filières des industries culturelles et créatives et le renforcement de la compétitivité pour les structures concernées.
Les clés du Musée Jemaâ El fna remises à la FNM
Un événement important pour clôturer l’année ! La remise des clés du Musée de Jemaâ El Fna du patrimoine matériel et immatériel à la Fondation nationale des musées (FNM). Saluée par Mehdi Qotbi, président de la FNM, cette décision permettra au musée de devenir «un lieu de rencontre à l’image de la place mythique qu’il domine et offrira une expérience muséale accueillante et attractive non seulement à travers des expositions permanentes et temporaires, mais également à travers des ateliers destinés aux différents publics du musée et une programmation culturelle riche et diversifiée».
Le musée sera logé à l’ancien siège de Bank al-Maghrib au cœur de la place Jemaâ El Fna, qui a longtemps nourri la mémoire collective du pays et la personnalité artistique des Marocains, a relevé M. Qotbi, ajoutant qu’il sera «l’un des musées les plus emblématiques et les plus importants de la ville de Marrakech». Faisant savoir que cette structure muséale viendra compléter les musées Dar El Bacha et Dar Si Saïd, ainsi que les autres musées privés qui ont fleuri dans la cité ocre, le président de la FNM a souligné que ce projet s’inscrit dans le cadre de la dynamique politique portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a placé la culture au cœur de la stratégie de développement du Royaume.
Fruit d’un partenariat entre la wilaya de la région Marrakech-Safi, la mairie de Marrakech, Bank Al Maghrib et la Fondation nationale des musées, le projet est soutenu par plusieurs partenaires dont, l’Isesco et la Fondation Noufissa Pharma 5. Le musée exposera un fonds constitué de descriptions écrites, de documents visuels, sonores et picturaux, ainsi que des œuvres artistiques en lien avec la place et d’une grande valeur artistique et historique. Leur but est de retracer et reconstituer l’histoire de Jemaâ El Fna et de permettre d’apprécier à leur juste valeur ses différentes composantes. Le Musée jouera également le rôle de gardien de la mémoire et du patrimoine national matériel et immatériel, il sera en perpétuels échanges et dynamiques avec la place qui s’invitera dans ses galeries et il assouvira ainsi la soif de ses visiteurs pour la culture et l’art, dont l’accès s’est désormais démocratisé grâce à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
