Le Matin : Quelles sont les perspectives de développement des entreprises marocaines en Afrique et quels modèles économiques adopter ?
Ce positionnement favorable peut être un bon levier pour saisir les nombreuses opportunités qu’offre le continent et notamment :
• Opportunités pour accéder à de nouveaux marchés. • Opportunités pour s’approvisionner en intrants à des coûts permettant une meilleure compétitivité de nos industries. • Opportunités pour investir dans des écosystèmes complémentaires à nos métiers mondiaux : Automobile, électricité et électronique, textile, agriculture et agroalimentaire, etc.Dans cette dynamique la réussite passe par l’intégration et la réponse que nous apportons aux contraintes propres aux marchés africains :• La taille du continent et le nombre important de pays.• Les spécificités culturelles propres à chaque région, pays ou groupe ethnique dont la compréhension est cruciale.• Les défis logistiques dans un continent où beaucoup de pays sont enclavés ou accusent des déficits infrastructurels importants.• La particularité des modes et habitudes de consommations qui nécessitent d’intégrer de réelles capacités d’innovation sociale.• La concurrence intra et extra-africaine : le Maroc est bien placé sur l’échiquier africain comme étant un investisseur et un moteur de développement. D’autres pays ont également une stratégie de développement continental comme l’Égypte ou encore l’Afrique du Sud. La compétition vient aussi d’en dehors du continent avec la Turquie, la Chine, le Brésil et L’Inde. • Les coûts des facteurs liés à la faiblesse des infrastructures et notamment de l’énergie. • Les barrières non tarifaires avec toutes les différences de réglementation entre pays.Quels sont les secteurs porteurs dans lesquels le Maroc est susceptible d’investir en Afrique ?
Il faudrait voir les opportunités en Afrique sous un triple angle : • Opportunités en termes de commerce.• Potentiel pour l’approvisionnement en intrants et l’amélioration de notre compétitivité industrielle.• Opportunités pour l’investissement dans les écosystèmes industriels complémentaires. Sur le plan de l’investissement, tous les secteurs qui contribuent au développement économique, où le Maroc a fait ses preuves, sont des secteurs prioritaires pour plusieurs pays du continent : énergie, infrastructure, immobilier, tourisme, service, textile, etc.La croissance démographique, l’émergence d’une classe moyenne et l’éclosion des grandes villes créent également des besoins essentiels dans le commerce de détail, les services digitaux et e-services, des télécoms et de l’électronique, l’industrie du loisir, le logement, l’assainissement, etc. Par ailleurs, la crise sanitaire (Covid-19) a transformé les priorités de différents pays en mettant en exergue l’urgence de la souveraineté industrielle dans le domaine agro-alimentaire, médical et pharmaceutique.Quel apport, dans ce sens, de l’entrée en vigueur en janvier de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ?
En effet, la ZLECAf représente une réelle opportunité pour les entreprises marocaines. Ce marché commun de 1,2 milliard de personnes avec un PIB global de 2,5 milliards de dollars représente un marché très important pour tout service ou toute industrie qui souhaite se développer sur le continent. Ainsi, la ZLECAf permettra de : • Pouvoir exporter sur un marché qui devient ainsi continental. • Trouver des intrants de toutes les régions africaines pour nos industries avec des droits de douane limités. • Construire sur tout le continent des écosystèmes industriels complémentaires arrimés aux chaînes de valeur mondiales.Afin de transformer ces perspectives favorables en réelles opportunités, les entreprises marocaines devront s’approprier les modèles les plus réussis sur le continent et qui se caractérisent par les fondamentaux suivants :• La culture du partenariat local et du partage de savoir-faire.• Le positionnement dans les secteurs clés des plans de développement des pays pour contribuer à leur émergence.• La mise en avant et la promotion des ressources humaines et talents locaux.• La création de valeur ajoutée dans le pays.• La mise en œuvre d’actions et l’adoption d’attitudes de responsabilité sociale et sociétale.Grâce à la ZLECAf, un nouveau paradigme se crée sur le continent :• Ouverture des marchés économiques et ainsi plus de collaboration interafricaine.• Suppression des droits de douane de 90% sur une période de 5 à 15 ans (en fonction du niveau de développement au Pays).• La création de chaînes de valeur industrielles communes.