Tout d’abord, le gap entre la qualification et les JO a été trop long. Appelé à expliquer la contreperformance des boxeurs et boxeuses marocains, Mounir Barbouchi a indiqué qu’il «y a une différence entre la qualification en 2020 et les JO en 2021. Entre ces deux dates, il y a eu des stages et des entrainements, mais le confinement ne nous a pas permis de travailler dans les meilleures conditions. À chaque fois que nos boxeurs se déplaçaient, ils devaient passer 10 jours de quarantaine dans les hôtels. Plusieurs fois, on a dû rebrousser chemin à la dernière minute avant un voyage à cause des restrictions sanitaires.» Mais la pandémie à elle seule ne peut expliquer toutes ces sorties ratées. «Ce sont les raisons objectives, poursuit le technicien. Pour les raisons subjectives, il y a eu des problèmes avec certains boxeurs qui ont demandé des choses. Ça s’est réglé à la fin, mais en attendant, ils n’étaient plus concentrés sur les objectifs.» Le gap entre le niveau africain et international s’est fait ressentir. «Disons-le franchement, le niveau africain est différent du niveau international, a martelé Barbouchi. Pendant la pandémie, les Européens, les Américains et les Asiatiques ont continué à se préparer entre eux, tandis qu’en Afrique on a pris énormément de retard dans la préparation. C’est comme ça et ça s’est vu sur le ring.» Cependant, on ne peut que relever la baisse de niveau constante, à l’image de Mohamed Hamout, qui a passé le premier tour à Rio de Janeiro et qui a été éliminé d’emblée à Tokyo. «Il ne faut pas oublier qu’avant 2016, explique le DTN, nos boxeurs étaient engagés dans la WSB (World Series Boxing) sous la bannière Atlas Lions. C’était un déplacement tous les 15 jours, grâce à un travail énorme de la Fédération. Mais ça s’est arrêté. La boxe est un sport de confrontation.»
Visiblement remonté, Barbouchi se lâche. «On ne peut pas seulement se contenter des entrainements à Ifrane ou du footing. On doit affronter les meilleurs pour relever le niveau. On n’a pas eu ces moyens. Il y a beaucoup de moyens qui sont donnés à d’autres sports. Je parle ici du football par exemple. On nous demande de la performance, mais on a besoin de moyens, de réunions, de plein de choses qu’on n’a pas. Le CNOM nous aide, mais il nous manque encore beaucoup de choses.» Les conflits constants au sein même de l’équipe nationale, le manque de sérieux de certains boxeurs et d’autres éléments ont aussi joué en défaveur de la boxe nationale aux JO. «Le haut niveau c’est ça. Quand tu gagnes, tout le monde rigole, tout le monde applaudit. Mais quand tu perds, tout le monde parle de conflits. La victoire a mille pères et la défaite est orpheline.» Aujourd’hui, l’heure est au bilan. Et le DTN ne se dérobe pas. «Tout ça sera arbitré par le comité directeur de la Fédération et on verra comment tout ça s’est passé. Chacun devra prendre ses responsabilités et dire ce qui s’est réellement passé. Mais ce sera au comité directeur de décider. Youness Baalla a dû perdre 10 kg en dix jours. Même si Khadija Mardi avait eu l’autorisation des médecins pour venir jouer, elle n’aurait pas pu parce qu’elle est en surpoids. Et ça se reflète sur la performance. Un boxeur ne peut pas disputer un combat par jour pour perdre du poids. Baalla est un jeune boxeur de 21 ans et s’il était un peu plus sérieux, peut-être qu’il aurait été meilleur aujourd’hui.» Voilà qui a le mérite d’être clair.
DNES à Tokyo, A.E.A.