« Campus Vivant’e » : Une école citoyenne pour un enseignement de qualité au fin fond de l’Atlas

Fondée au cœur de la vallée heureuse d’Aït Bouguemez, au fin fond des montagnes du Haut Atlas, par le couple germano-marocain Stefanie «Itto» Tapal et Haddou Mouzoun, en collaboration avec l’école partenaire suisse, la «Scuola Vivante», et avec l’aide d’amis marocains et européens, le Campus Vivant’e a vu le jour en 2010. Une école primaire reconnue et autorisée par l’État marocain. 
À l’époque, l’enseignement a commencé dans le salon privé des fondateurs avec 16 élèves en classe de CE1. Et depuis, le projet s’est développé de façon continue pour enregistrer, durant l’année scolaire 2016-17, un total de 38 élèves répartis en trois groupes sur les 6 niveaux d’enseignement primaire, chacun accompagné individuellement par 2 professeurs en «Team-Teaching». 
À noter que quelques élèves malentendants sont intégrés dans les classes et reçoivent une éducation adaptée à leurs besoins, et que les journées d’excursion, des projets d’activités socio-éducatives enrichissent l’apprentissage qui renforce l’autonomie et l’auto-responsabilité des apprenants. 
Durant les 6 années de scolarisation primaire, le contenu du programme national marocain est scrupuleusement respecté et s’applique en relation avec la réalité. Les coutumes locales, les traditions, la culture et la religion font naturellement partie de la vie scolaire. Par un accompagnement individuel et proche de chaque élève, les grandes différences causées par la langue maternelle berbère, ainsi que les différences sociales et mentales sont prises en compte.
Dans ce cadre, il y a lieu de signaler qu’avec sa pédagogie moderne et respectueuse, l’école Vivant’e est déjà reconnue au niveau international et est devenue un projet pilote dans la réalisation d’une nouvelle pédagogie.
Conscients du fait que la scolarisation de trois ans au niveau collégial est primordiale pour la carrière professionnelle, les fondateurs du projet et leurs partenaires ont doté le Campus Vivant’e, depuis le mois de septembre 2016, de classes d’enseignement secondaire collégial au profit de 11 élèves. À compter de l’année scolaire 2016-2017, les élèves qui ont fini leurs études à l’école Vivant’e ont la possibilité de continuer leur scolarisation au Collège Vivant’e qui leur assure une éducation en système dual, académique et manuel-technique, adapté à la nature et aux talents de l’individu pour lui donner de nouvelles perspectives. 
Dans le Collège Vivant’e, chaque élève se forme pour la vie professionnelle ou pour ses futures études au lycée. Aussi, au niveau du secondaire collégial, l’enseignement est assuré conformément au programme national marocain, mais le contenu est travaillé en théorie et en pratique avec une bonne partie consacrée au travail manuel. Le cursus est entièrement lié au concret et un contact profond avec le monde professionnel est offert à travers des projets. 
Pour atteindre ce but, les fondateurs ont construit un nouvel immeuble avec des salles de classe au premier étage et des ateliers-laboratoire pour l’apprentissage pratique au rez-de-chaussée. 
Les journées scolaires sont structurées par des séances et séminaires en groupe, mais aussi par des périodes de travail individuel, toujours avec une équipe de professeurs engagés et à l’écoute des élèves.
À signaler au passage que le projet de l’école et du collège Vivant’e (Campus Vivant’e) est un projet social où les élèves viennent de toutes les couches sociales vivant dans cette vallée éloignée d’Aït Bouguemez. Les parents s’engagent selon leur situation financière qui est souvent difficile et chaque famille contribue de manière adaptée à ses possibilités, avec de la main-d’œuvre, du savoir-faire, de la nourriture ou encore par des produits naturels. 
Les charges courantes, les salaires des instituteurs, le matériel et le fonctionnement de l’école et du collège est actuellement financé grâce aux parrainages, aux cotisations des cercles des amis internationaux et par des dons de mécènes et de sponsors privés. Tous les élèves du campus Vivant’e profitent de ces dons et reçoivent une formation de grande qualité. 
Aussi, il y a lieu de noter que le domaine du Campus Vivant’e est aménagé en jardin permaculture regroupant des principes et des techniques d’aménagement et de culture, à la fois ancestraux et novateurs dans un concept global. C’est un écosystème harmonieux, productif, autonome, naturellement régénéré et respectueux de l’environnement.
Dans ce cadre, la permaculture est fortement mise en liaison avec le programme de l’État et les activités en classe. Elle offre des possibilités d’apprentissage à plusieurs niveaux d’enseignement et dans toute matière scolaire enseignée. 
Le campus devient alors une grande salle de classe en plein air et offre des chances de s’essayer et même de se former dans un nouveau domaine professionnel : l’agriculteur-designer en permaculture. 
Depuis 2019, le centre de formation Académie Vivant’e a vu le jour au sein du campus et assure un enseignement secondaire qualifiant, une formation pratique et un soutien dans l’apprentissage individuel jusqu’au baccalauréat. 
De même, des formations professionnelles et des modules et séminaires en matière de designer en permaculture et en pédagogie vivante sont envisagés, avec le but d’offrir une éducation de haute qualité et la possibilité de graduation certifiée avec un diplôme reconnu au niveau international. 
La formation de toute l’équipe pédagogique est une priorité du Campus Vivant’e, qui recrute des personnes spécialisées en pédagogie, nationaux et internationaux, et qui forment les enseignants locaux. Les auto-études de l’équipe, le coaching, les voyages de formation et les échanges réguliers avec l’école partenaire et le cercle des amis en Suisse renforcent ces formations. Cet échange interculturel et de savoir-faire est un élément important de la vie quotidienne au campus. 
À noter aussi qu’on prévoit la construction de différents appartements, bungalows et chambres d’hôtes sur le campus pour les volontaires, les élèves externes, les employés et les invités. La location de ces hébergements va permettre d’engranger des fonds pour financer le fonctionnement du campus. De même, les activités sportives et socioculturelles sont envisagées dans une grande salle polyvalente au profit de la population de la vallée. La location de cette salle pour des réunions ou des fêtes permettra de réaliser des recettes pour le financement du campus. 

Mohammed Drihem