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Les agriculteurs pourraient être les grands gagnants de la légalisation de la culture du cannabis à des fins médicales. En effet, selon des études élaborées par le ministère de l’Intérieur, «le revenu net annuel du cannabis à usage médical pourrait avoisiner les 110.000 dirhams par hectare». Présentant la synthèse de ces études, mardi, devant la Commission de l’intérieur, des collectivités territoriales et de la politique de la ville à la Chambre des représentants, le ministère de l’Intérieur a souligné que les revenus des agriculteurs pourront croître d’environ 40% par rapport aux recettes actuelles. Ces chiffres concernent quelque 400.000 personnes, soit près de 60.000 familles et qui sont actuellement concernés par la culture illégale du cannabis au Maroc.
Insistant sur l’importance de la dimension environnementale dans la nouvelle approche de la culture de cette plante, les études soulignent que les recettes prévues seront réalisées dans le cadre de pratiques respectant les normes de l’agriculture durable, et ce pour éviter les dégâts observés actuellement. Car, faut-il le rappeler, la culture du cannabis est une activité destructrice de l’environnement. Les études réalisées pointent du doigt l’exploitation excessive des terres agricoles, due à l’abandon de la rotation culturale, l’épuisement des eaux souterraines et l’usage immodéré d’engrais qui pollue les eaux souterraines ainsi que la déforestation. Le couvert forestier détruit est estimé à 1.000 hectares par an, précisent les études.
Concernant les perspectives d’exportation, le marché européen du cannabis médical sera la principale cible, vu la grande progression qu’il réalise ainsi que les facilités de pénétration. Mettant l’accent sur les perspectives en direction de ce marché à l’horizon de 2028, les études partent sur deux hypothèses principales. La première cible 10% du marché, soit 4,2 milliards dollars sur un total de 42 milliards, ainsi qu’un revenu agricole annuel d’environ 420 millions de dollars. Quant à la deuxième, elle concerne 15% du marché du cannabis médical ciblé. L’enjeu sera donc de l’ordre de 6,3 milliards de dollars et des revenus agricoles de 630 millions de dollars.
Cette deuxième hypothèse permettra de dépasser le volume des revenus agricoles totaux actuels, sachant que ces calculs ne tiennent pas compte des revenus de la culture et de la transformation du cannabis à des fins industrielles, toujours selon le document présenté par le ministère de l’Intérieur. Dans le détail, les études relèvent que les marchés prioritaires pour le cannabis médical marocain sont l’Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Allemagne, avec des prévisions de 25 milliards de dollars par an à l’horizon 2028. En cas de prise en compte du potentiel des marchés français et italien, le volume du marché potentiel pourrait croître de 17 milliards de dollars pour couvrir la globalité du marché européen estimé à 42 milliards de dollars. Par ailleurs, les études rappellent que l’usage médical de cette plante permettrait de réduire un ensemble de risques liés à la contrebande et à la consommation de drogue, ainsi que ceux en lien avec la santé et l’environnement.
