Menu
Search
Samedi 27 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 27 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

Le capital psychologique, un gage de pérennité en toutes circonstances !

C’est un secret de Polichinelle. La crise sanitaire a apporté son lot de changements auxquels il a fallu, du jour au lendemain, s’adapter pour pouvoir assurer sa survie. Différents moyens ont été déployés et plusieurs solutions ont été envisagées. Parmi les actions qui ont été recommandées pour amorcer le changement figure celle qui incite à s’intéresser au capital psychologique en interne. Un principe issu de la psychologie positive et qui trouve tout son intérêt aujourd’hui, d’autant plus que l’environnement professionnel, tel qu’il se présente aujourd’hui, reste flou et peu précis. Plusieurs recherches se sont penchées sur cette approche qui se veut innovante en matière de management humain. Fatima-Zahra Hannoun, doctorante en sciences de gestion, diplômée de l’ENCG, se propose de nous livrer plus de détails sur ce sujet.

Le capital psychologique, un gage de pérennité  en toutes circonstances !
La fatigue, le burnout ou encore le stress sont susceptibles d’affecter la performance professionnelle et le bien-être au travail. Ph. Shutterstock

Conseil : En cette période de crise sanitaire, on parle de plus en plus de l’importance du capital psychologique en entreprise. De quoi s’agit-il ?
Fatima-Zahra Hannoun : Les dirigeants d’aujourd’hui opèrent dans un environnement qui subit une série de changements et qui évolue d’une manière continue. La concurrence intensive, la progression de la technologie, les exigences des consommateurs et les modifications des réglementations sont, entre autres, les grands changements à gérer. Cette évolution a certainement des retombées aussi bien dans la sphère collective que dans la sphère individuelle et modifie les attentes, les attitudes et les comportements vis-à-vis au travail. Par conséquent, la fatigue, le burnout ou encore le stress… sont susceptibles d’affecter la performance professionnelle et le bien-être au travail, de diminuer l’engagement des employés et d’augmenter l’absentéisme. D’où, l’importance accordée et l’attention portée actuellement au capital psychologique positif qui peut constituer une sorte d’immunité contre ces maladies du travail et une voie vers la bonne santé des organisations marocaines. Le capital psychologique positif en milieu du travail trouve son origine dans la psychologie positive et repose sur l’idée «qui je suis». Il s’agit là d’une nouvelle approche de la psychologie qui part du postulat que l’épanouissement humain ne peut pas seulement venir du traitement de la pathologie et de l’élimination des problématiques comportementales et émotionnelles, mais requiert aussi un effort permettant de construire et de capitaliser sur les forces et les capacités. Cette approche étudie le fonctionnement humain optimal caractérisé par un haut degré d’auto-efficacité, d’optimisme, d’espoir et de résilience afin d’aider les gens ordinaires à vivre une vie plus productive et plus significative. Contrairement aux autres dimensions (personnalité, talents...), la notion du capital psychologique se caractérise par une certaine malléabilité et une ouverture au changement.

Dans quelle mesure ce capital psychologique permet-il d’assurer la performance des entreprises ?
Plusieurs recherches ont révélé une corrélation positive entre le capital psychologique et les attitudes et comportements souhaitables en entreprise, notamment la satisfaction, l’engagement et le bien-être au travail. En revanche, ces recherches ont dressé une relation négative entre, d’une part, ledit capital psychologique et d’autre part, les attitudes et comportements négatifs et indésirables en milieu professionnel comme la déviance. De même, une enquête réalisée au Canada (Xiao, yan shi 2013) sur 148 employés étudiant l’apport du capital psychologique dans la performance au travail, a montré une contribution de 42,3% dans la performance organisationnelle, ce qui confirme les relations positives attendues entre le capsy et les attitudes désirables des employés, c’est-à-dire la performance organisationnelle et le bien-être psychologique. Une méta-analyse (Corporate leadership council, 2002) effectuée sur plus de 300.000 employés dans 51 entreprises a démontré que les employés qui utilisaient leurs principales forces quotidiennement étaient 38% plus performants, alors que ceux qui restaient focalisés sur leurs faiblesses perdaient 27% de leur performance et étaient à 44% plus loyaux envers les entreprises (moins de turn-over).
Au Maroc, l’Observatoire marocain du bonheur (OMB) a interrogé en 2017, quelque 1200 employés âgés de 25 à 60 ans aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. Parmi les conclusions tirées de cette enquête, on peut retenir l’idée selon laquelle le travail constitue une source de stress pour 30% des sondés. L’enquête révèle également que le manque de moyens pour atteindre les objectifs et le sentiment de surcharge de travail sont à l’origine de ce stress. D’autre part, une étude scientifique auprès de 140 entrepreneurs à Agadir a montré que le capital psychologique contribue à la performance des entreprises. En effet, les entrepreneurs ayant un degré élevé de capital psychologique sont motivés et déterminés pour réaliser leurs objectifs et sont plus performants.

Justement, quel état des lieux au Maroc ?
Les entreprises marocaines ont une tendance à intégrer cette importante dimension (capsy) dans le management des ressources humaines et de la performance. «On a l’impression qu’il y a une plus grande conscience au niveau des gens, plusieurs cadres consultent notre cabinet, car ils veulent s’outiller, dépasser le stress et mieux vivre en entreprise, abstraction faite de la culture qui y règne», souligne un psychologue. Le capsy apprend aussi bien aux employés qu’aux entrepreneurs de nouvelles façons de se comporter : avoir de la confiance en leurs capacités à atteindre les objectifs, se remettre en cas de crise, être motivés et croire en un avenir meilleur. Ainsi, le développement du capital psychologique chez les individus ne se fait pas d’un seul coup, il prend du temps et nécessite un suivi sur le long terme pour obtenir les résultats souhaités et avoir un avantage compétitif durable. 

Lisez nos e-Papers