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Centres de transfusion sanguine : Un rapport alarmant de la mission parlementaire

Un récent rapport d’une mission parlementaire a relevé de nombreux dysfonctionnements au niveau des centres de transfusion sanguine : baisse des ressources financières, insuffisance des réserves de sang, cadre légal non actualisé…

Centres de transfusion sanguine : Un rapport alarmant  de la mission parlementaire

La Chambre des représentants a tenu récemment une plénière consacrée à la présentation et à l’examen du rapport de la mission exploratoire temporaire sur le Centre national et le Centre régional de transfusion sanguine de Rabat et les services de transfusion sanguine au Centre hospitalier universitaire (CHU) et à l’Hôpital régional de Fès. Ce rapport, publié en janvier dernier, dresse un état des lieux du secteur, et le moins qu’on puisse dire est que la situation est alarmante. «Si on note, durant ces dernières années, une amélioration au niveau du nombre de donneurs de sang au Royaume (9,3 donneurs par 1.000 habitants en 2018, contre 5,6 donneurs par 1.000 habitants en 2012, dont 95% sont des donneurs volontaires), le Maroc est malheureusement toujours loin des niveaux enregistrés dans les pays riches (36,8/1.000 hab), et les pays à revenu moyen (11,7/1.000 hab)», indique le rapport, précisant qu’une grande disparité a été remarquée entre les villes. Ainsi, quatre catégories de centres régionaux de transfusion sanguine ont été classées par la commission. Il s’agit tout d’abord des centres qui ont enregistré une évolution importante du nombre de donneurs entre 2016 et 2017 : Meknès (+21,82%) et El Jadida (+16,78%). Ensuite, il y a les centres ayant affiché une évolution moyenne : Safi (+5,5%), Tétouan (+5,1%), Marrakech (+4,84%), Ouarzazate (+3,3%), Agadir (+1,82%). La troisième catégorie est celle des centres ayant enregistré une faible évolution de moins de 1% ; il s’agit des centres de Casablanca, Rabat et Béni Mellal. Et enfin, les centres qui ont affiché une évolution négative : El Hoceïma (-19,95%), Fès (-9,14%), Laâyoune (-2,62%), Tanger (-1,37%) et Errachidia (-0,64%).
Par ailleurs, le rapport révèle que le stock de sang a atteint, en 2018, quelque 1.400 sacs de sang. Cependant des baisses importantes, sont enregistrées chaque année en été (entre la 25e et la 40e semaine), mettant en danger la vie de nombreuses personnes, d’autant que la demande augmente durant la saison estivale à cause de la hausse des accidents sur la route.

Dans le volet concernant l’évaluation des moyens humains et techniques du secteur, le rapport a fait savoir que les centres de transfusion sanguine au Maroc emploient au total 391 professionnels de la santé, ce qui est insuffisant si on veut améliorer le rendement. D’autant plus que près de 60% de ces employés, en particulier les médecins et infirmiers, s’approchent de l’âge de la retraite. Seuls 10% sont âgés de moins de 30 ans. «Le besoin en ressources humaines au niveau des centres s’élève à 183 employés, toutes catégories confondues (soit + 32%)», souligne le rapport, notant que les employés de ces centres de transfusion sanguine travaillent toute la semaine sans être indemnisés ni sur la garde ni sur le rendement.
Les membres de cette mission pointent également du doigt le problème de formation continue, déplorant l’absence de branches de spécialisation en transfusion sanguine dans les facultés marocaines de médecine et les centres de formation d’infirmiers.

En outre, le rapport indique que le Centre national de transfusion sanguine souffre, depuis 2016, d’une baisse des ressources financières, et ce pour de nombreuses raisons. Il s’agit entre autres de la hausse des dépenses à cause des investissements pour l’automatisation des techniques transfusionnelles et la gestion informatique de sang et la baisse de 50% des ventes de médicaments dérivés sanguins produits par le CNTS.
Enfin, le rapport épingle le problème de la non-actualisation du cadre légal du secteur de transfusion sanguine depuis plus 
de 25 ans. 

Recommandations

Les membres de la mission parlementaire ont formulé de nombreuses recommandations pour améliorer le secteur de transfusion sanguine au Maroc.
Ils ont ainsi appelé à employer un nombre suffisant de professionnels de la santé pour combler le déficit actuel, tout en mettant en place un système d’indemnisation sur les gardes effectuées le soir et le weekend, ainsi qu’une indemnisation sur le rendement.
On a également recommandé de programmer des formations continues au profit des professionnels de la santé et de créer, au niveau des facultés de médecine et des centres de formation d’infirmiers, des branches de spécialisation en transfusion sanguine.

Et afin de mieux comprendre les raisons de la baisse du stock de sang et la faible évolution du nombre de donneurs dans certains centres régionaux, la commission appelle à mener des enquêtes et à mettre ensuite en place une stratégie de suivi et de contrôle continue du stock de sang au niveau de toutes les régions, ainsi qu’une stratégie de sensibilisation au don de sang, et d’établir un guide pour rationaliser l’usage de sang et éviter le gaspillage.

 

 

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