Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Culture

«Chatarra : trois femmes... trois histoires» aborde le vécu de trois migrantes

Après un an et demi d’attente à cause de la pandémie, la pièce théâtrale «Chatarra : trois femmes… trois histoires» a été présentée, vendredi dernier, pour la première fois au Théâtre national Mohammed V. Un large public a pris le chemin du théâtre pour découvrir cette nouvelle pièce qui valait vraiment le détour.

Tout y était. Un texte écrit avec beaucoup de profondeur par le dramaturge, Saïd Abarnous. Une mise en scène travaillée d’une manière professionnelle et créative par le talentueux Amine Nassour. La scénographie, réalisée par le jeune Tarik Ribh, était on ne peut plus innovante et en harmonie avec le rythme de la pièce. Les comédiennes, Kods Joundoul, Amal Ben Haddou et Chaïmae Laalaoui, habillées par Nora Ismaïl, ont magnifiquement campé leurs rôles et convaincu le public qui n’a pas hésité à applaudir les répliques qui l’ont le plus touché.

Côté musique et chant, qui font partie intégrante de la pièce, c’était vraiment éblouissant. Car avec la voix séduisante de Taifyour, accompagnée d’Ilyas El Moutawakkil, la pièce elle-même s’est déroulée comme un chant musical qui a emporté l’assistance jusqu’à la dernière note.
«C’est ma première expérience professionnelle avec le théâtre. Cela fait un peu plus d’un an que nous avons commencé ce voyage, après une profonde recherche sur les morceaux de musique et les styles avec sur lesquels nous devions travailler dans la pièce, sachant que chaque personnage a son monde propre à lui. Cela nous a pris du temps, moi et El Moutawakkil. Puis, il y a eu un grand travail avec le metteur en scène et les comédiennes et qui a porté ses fruits», souligne Imane Tifyur. Et d’ajouter que «le théâtre est tout un monde dont la musique peut faire partie. Nous espérons que nous avons pu transmettre, à travers la musique, les émotions et les sentiments qui se trouvent dans la pièce. Car en jouant cette pièce, nous avons essayé de vivre ses moments et non seulement de les interpréter. Il y a des morceaux connus que nous avons interprétés à notre manière, puis un autre du patrimoine du Rif que nous avons adapté d’une manière moderne», ajoute cette licenciée en littérature anglaise de l’Université Moulay Ismaïl à Meknès qui ne manque pas de remercier Nassour qui lui a permis d’entrer dans le monde du théâtre.

Un très beau retour sur les planches. Et pour cause, comme le souligne le directeur de la troupe, Fouad El Bannoudi, le staff de la pièce n’a pas cessé de travailler, même pendant les moments de restrictions sanitaires où tout a été arrêté, et ce pour préparer et développer comme il faut l’œuvre théâtrale «Chatarra» qui est le fruit des efforts d’une équipe composée de plus de 18 artistes hommes et femmes. Puis, comme le précise le metteur en scène de l’œuvre, Amine Nassour, «Chatarra» s’inscrit dans le cadre d’une trilogie avec la troupe Thifswin. Elle a commencé avec le spectacle «Péricola», puis s’est poursuivie avec «Parkigh» et enfin «Chatarra», qui est une pièce théâtrale différente et variée portant la voix des femmes immigrantes contemporaines. 

--------------------------------------------------------

Questions au dramaturge Saïd Abarnous

«C’est la première fois que la troupe présente un travail avec différentes langues et un accompagnement musical sur scène»

Racontez-nous un peu l’histoire de la pièce «Chatarra» ?
La pièce «Chatarra» rentre dans le cadre d’un projet sur lequel a travaillé la troupe Thifswin. Ce projet est constitué d’une trilogie de trois saisons. La première pièce est intitulée «Péricola», la seconde «Parkigh» et «Chatarra». C’est une même histoire d’immigrés clandestins qui vont partir dans un container appartenant à une société de production de films au Maroc. Ces femmes qui étaient des comparses ont profité de l’occasion pour se faufiler dans le container pour immigrer et nous avons suivi leur parcours.
Dans cette dernière pièce théâtrale de la trilogie, il y a une Marocaine, une Ivoirienne et une Syrienne, qui se retrouvent dans un abri d’un pays européen. Chacune d’elles a une histoire qu’elle raconte tout au long de la représentation, puis ce qu’elle cherche à travers cette immigration.

Vous avez choisi trois nationalités et trois langues pour raconter cette histoire. Pourquoi ?
Parce que l’immigration est une problématique mondiale. Donc, chaque nationalité va raconter son histoire particulière, puis exprimer ses besoins et ses attentes. Ainsi, à Rabat, la pièce sera présentée en français, en arabe classique et en dialecte marocain. Mais, par exemple, dans le Rif, le dialecte marocain sera remplacé par le dialecte rifain pour se rapprocher plus de la population.

Que veut dire le titre «Chatarra» ?
C’est un terme espagnol qui veut dire les restes des voitures. Le terme «Chatarra» est très utilisé par les Rifains. Il exprime la rupture, les histoires 
de souffrance, de tristesse et de misère.

Quelle est la valeur ajoutée de cette pièce à travers ce sujet de l’immigration qui est déjà connu dans le monde ?
Cette pièce met en relief les motivations qui ont poussé chacune des trois protagonistes à vouloir immigrer, puis donner les plus fins détails de chaque personnage. Le but ce n’est pas d’évoquer l’immigration d’une manière générale comme elle est présentée dans les médias. Mais c’est surtout montrer le côté humain qui nous intéresse. Car chacune des trois a son motif personnel. Par exemple, l’Ivoirienne est partie pour chercher son père. La Marocaine était enceinte et voulait accoucher de son bébé en Europe. La Syrienne a fui la guerre civile et les problèmes qui ont mené la Syrie vers ce qu’elle est.

Quelle est la nouveauté que présente Thifswin avec cette pièce théâtrale ?
D’abord, c’est la première fois que la troupe présente un travail avec différentes langues. Parce que Thifswin avait l’habitude de présenter ses pièces en Tarifit. La deuxième nouveauté est l’accompagnement de la pièce par la grande artiste Imane Tifyur, avec des chansons marocaines, africaines et orientales. Puis c’est un projet réalisé en partenariat avec les Théâtre national Mohammed V (TNMV) et avec lequel nous faisons le lancement après le confinement, puis la célébration du 60e anniversaire de la Fondation du TNMV. Une belle récompense après l’arrêt obligatoire d’un an et demi. n

 

Lisez nos e-Papers