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La cigogne, un patrimoine culturel et écologique en péril

La cigogne, un patrimoine culturel  et écologique en péril
L’inexorable avancée du béton sans la prise en considération de la dimension écologique, les aléas de la pollution et l’urbanisation outrancière sont autant de menaces qui pèsent sur les cigognes dans la cité des marguerites.

La cigogne blanche est intimement liée à l’identité écologique et culturelle de Kénitra. Il ne s’agit pas uniquement d’un oiseau faisant partie de son patrimoine ornithologique, mais d’une figure emblématique d’une ville dont l’environnement souffre des aléas de la pollution et d’une urbanisation outrancière.
Quand on emprunte l’avenue Moulay Youssef qui longe le port fluvial, on est fasciné par le grand nombre de nids de cigognes édifiés au-dessus des lampadaires, des poteaux électriques ou sur les branches des arbres. La capitale du Gharb est considérée, en effet, comme l’un des sites de nidification de cigognes les plus connus au Maroc. Les habitants de la ville se sont habitués à ces oiseaux au long bec rouge, portant la nourriture à leur progéniture et claquetant en produisant des sons spécifiques, aux rythmes discontinus. Paisibles et discrètes, les cigognes se confondent à merveille au paysage urbain.
L’Association du Gharb pour la protection de l’environnement (AGPE) milite depuis plusieurs années pour la protection de la cigogne qui, semble-t-il, a choisi de changer de statut, en se transformant d’un échassier migrateur à celui de sédentaire. Les défenseurs de la cause de cet oiseau ayant élu domicile à Kénitra tentent de préserver son habitat et d’améliorer ses conditions de vie, face aux changements climatiques et à la forte expansion démographique et urbanistique.
Évoquant la richesse faunistique et floristique de Kénitra et de ses environs, grâce notamment à la présence de zones humides, de la forêt de chêne-liège de Maâmora et du fleuve de Sebou, Abdel Majid Saligane, président de l’AGPE, n’a pas manqué de rappeler que toutes les conditions sont réunies pour que la cigogne s’installe de manière définitive dans cette partie du territoire national. Selon lui, la cigogne n’est pas uniquement un symbole, mais une icône pour les Kénitris. «C’est un oiseau qui fait partie intégrante de l’espace naturel et urbanistique de cette ville, sachant qu’un grand quartier de Kénitra porte le nom de la cigogne», explique-t-il.
Concernant les différentes menaces qui pèsent sur cet oiseau emblématique et majestueux, le président de l’AGPE évoque l’inexorable avancée du béton sans la prise en considération de la dimension écologique, ainsi que l’absence d’une vision urbanistique prenant en compte l’identité culturelle et civilisationnelle de la ville.
En tant que force de proposition et s’inspirant de certains modèles européens, l’AGPE a déjà présenté aux responsables communaux le projet «Dar Bellarej de Kénitra». L’Association propose, à cet égard, la réhabilitation des anciens candélabres supportant des nids de cigognes, la création sur la rive droite du Sebou d’une grande plateforme dédiée aux cigognes, l’aménagement de la corniche urbaine fluviale par la mise en place de poteaux munis de supports pouvant accueillir des nids de cigognes, la création d’une entité, au niveau du bureau municipal de santé, chargée d’apporter des soins aux cigognes blessées, d’installer des panneaux de sensibilisation sur le mode de vie des cigognes et d’organiser des rencontres culturelles et scientifiques sur les cigognes. En effet, en plus de la dimension symbolique et des facteurs environnementaux, la présence massive de cigognes à Kénitra offre des opportunités énormes en matière d’éco-tourisme, un secteur peu exploité localement.
Compte tenu de l’importance capitale que revêt la cigogne dans l’imaginaire collectif des habitants de la ville de Kénitra, et en vue de sauver l’espèce des cigognes d’un danger imminent, il serait judicieux de recourir à une approche participative qui rassemble les acteurs de la société civile, les chercheurs universitaires, les responsables communaux, les autorités locales et le Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. 

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