Menu
Search
Samedi 27 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 27 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Culture

Commémoration de l’art ancestral du tapis et du tissage

Tout comme les musées pris en charge par la Fondation nationale des musées (FNM), le Musées Dar Si Saïd a subi une rénovation dans les règles de l’art, mettant en valeur sa richesse patrimoniale et son architecture arabo-musulmane du XIXe siècle. Pour sa restauration, la Fondation a fait appel à des artisans qualifiés qui ont utilisé les mêmes techniques anciennes pour le garder tel qu’il a été construit l’origine. Ce plus ancien musée de la ville ocre fut aménagé en musée ethnographique en 1932 par l’Administration des beaux-arts. La majorité de ses collections provenait de Marrakech et du Sud, particulièrement du Tensift, du Souss, du Haut Atlas, de l’Anti-Atlas, du Moyen Atlas, du Tafilalet. Il s’agit d’ensembles homogènes de boiseries, de bijoux du Sud, de poterie et céramique, d’armes, de costumes et une riche collection de tapis et tissages du Sud, ainsi que quelques pièces archéologiques, dont une cuve en marbre du début du XIe siècle. Après avoir été rebaptisé «Musée national du tissage et du tapis» par la FNM, cet édifice très intéressant du point de vue architectural offre au visiteur un parcours scénographique, mettant en lumière l’art ancestral du tapis et du tissage, sa diversité aussi bien au niveau rural et citadin que de son histoire, mettant l’accent sur les différentes phases de sa production.

Questions à Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées

«Dar Si Saïd aspire à devenir un centre de restauration et de conservation des tapis à l’échelle nationale»

Le Matin : Marrakech compte plusieurs musées. Quelle est la particularité architecturale de Dar Si Saïd ?
Mehdi Qotbi
: Le Musée Dar Si Saïd a été créé au début des années 1930. Il est, par conséquent, le premier musée de la ville de Marrakech. Il abrite essentiellement une collection à caractère ethnographique qui couvre une période allant de la fin du XVIIIe au début du XXe siècle et qui témoigne de la richesse du patrimoine culturel mobilier marocain, notamment celui du sud du Royaume et de la région de Marrakech. Au niveau architectural, le musée est inséré dans un bâtiment historique de style arabo-andalou datant du XIXe siècle, il était la demeure de Saïd ben Moussa, ministre de la Guerre au temps du Sultan Moulay Abdelaziz et frère de Ba Hmad, grand vizir au temps du même Sultan. Le bâtiment est constitué d’un Riad, avec au centre un kiosque et une fontaine, et entouré de 4 salles ornées de zellige et de bois peint et sculpté. Il s’étale sur plusieurs niveaux qui servaient d’espace pour la famille du ministre, d’espace de réception d’invités, ou de locaux pour les serviteurs.

En quoi a consisté sa rénovation et combien a-t-elle pris de temps ?
Dans le cadre de la stratégie de la Fondation nationale des musées visant à rénover les musées nationaux, qu’elle gère tout en leur donnant une vocation particulière, Dar Si Saïd a été complètement rénové entre mai 2017 et mars 2018 en faisant appel à des artisans qui maîtrisent les techniques de construction et de décoration architecturale traditionnelles (zellige, bois, plâtre…) et en respectant les règles de la restauration des bâtiments historiques. À la fin de cette opération, le musée est devenu «Musée national du tissage et du tapis Dar Si Saïd», dont le but est de mettre en valeur les tissages et le tapis en tant que jalons essentiels du patrimoine et des savoir-faire traditionnels du Royaume dans le cadre de l’exposition «Création d’hier et d’aujourd’hui», qui donne à voir une collection de tapis provenant de plusieurs musées gérés par la FNM en proposant une lecture thématique et géographique qui met en lumière les différents centres de production des tapis et des tissages ainsi que les principaux points de divergence, mais aussi de convergences, entre les types de tapis dont notre pays dispose, sans oublier les étapes par lesquelles passe la confection d’un tapis : de la tonte de la laine à l’ourdissage en passant par la coloration et le filage. Par ailleurs, le visiteur de l’exposition découvrira également des savoir-faire liés à la thématique de l’exposition, comme les bijoux, le brocart ou encore les objets d’apparat de l’homme.

Gardera-t-il sa vocation de Musée d’artisanat ?
Dar Si Saïd est un musée à caractère ethnographique dont la collection, constituée de tapis, de bijoux, de boiseries, de costumes, d’instruments de musique…, témoigne de la richesse de l’artisanat marocain. Il est donc nécessaire de refléter cette richesse et d’exposer cette collection au grand public à travers des expositions, mais aussi via une programmation culturelle alignée sur l’esprit et la vocation du musée. Il faut rappeler, dans ce contexte, que le tapis et les tissages font justement partie intégrante de l’artisanat marocain, et Dar Si Saïd aspire à devenir, ainsi, un centre de restauration et de conservation des tapis à l’échelle nationale. 


Un patrimoine matériel de grande valeur
Le Musée Dar Si Saïd était un musée ethnographique construit pendant le protectorat. 
Avec la Fondation nationale des musées, il a changé de vocation pour commémorer la femme rurale, le tissage et les régions qui produisent le tapis. 

                 â€‹


Une magnifique exposition de tapis met en valeur l’histoire et l’esprit du lieu

Khalid Loukid : «Chaque région a des caractéristiques qui la différencient des autres»â€‹

Le parcours scénographique qu’offre le Musée Dar Si Saïd, suite à sa réouverture en 2018, est un bel hommage rendu à la femme rurale à travers la collection de tapis exposée au Musée, répartie en sections et agrémentée de vidéos explicatives. On y découvre les merveilles des tissages du Sahara faits de cuir et de nattes, des tapis de l’Atlas confectionnés avec de la laine, des tapis de Rabat, Salé, Médiouna, entre autres. Selon Khalid Loukid, conservateur du Musée Dar Si Saïd, «Ce sont surtout des tapis représentatifs de chaque région, des nattes, des tassoufra, des coussins, des haiti, des tapis du Haouz, du Haut Atlas et du Moyen Atlas. Car chaque région a des caractéristiques et spécificités qui la différencient des autres, et ce malgré parfois quelques ressemblances qu’on peut déceler. Par exemple, pour la région du Moyen Atlas, on constate qu’il n’y a pas une organisation dans la disposition des décors, ils sont parfois géométriques ou zoomorphes, surtout dans les tribus de Bani Saâden, de Marmoucha, de Zayane et d’autres. Il y a même des décors qui sont extraits du tatouage. Par ailleurs, le tapis de Taznakhet, reconnu mondialement, a été un peu influencé, mais a ses propres caractéristiques à travers sa technique mixte. Il y a aussi des tapis du Haouz avec la tribu des Chiadma, d’Oulad Boussabâa. Dans cette collection, nous avons un tapis citadin qui date du 18e siècle qui a pu être conservé malgré sa délicatesse. Comme il y a des Hanbel de Salé, des tapis de Médiouna, de Rabat». Et ce grâce à des Mâalems tisserands qui peuvent faire la restauration des tapis. Certains veulent même assurer la relève en faisant transmettre leurs connaissances à des jeunes. «On peut, également, noter que les anciens tapis sont faits avec des couleurs naturelles, notamment avec les écorces de grenades, le henné, les écorces d’oignon...»
En général, ce sont des femmes qui tissent le tapis, sauf dans la région orientale où ce sont les hommes qui font ce travail. «Dans ce parcours sont aussi exposés des outils très anciens de tissage, toujours utilisés dans certaines régions, puis les produits couleurs naturelles. On peut également distinguer le métier à tisser vertical pour fabriquer le tapis et le métier à tisser horizontal pour Taderrazet pour montrer le processus de fabrication des tapis et tissages. Tout un patrimoine qu’il faut conserver et faire parvenir aux générations futures», explique le conservateur Khalid Loukid. 

Lisez nos e-Papers